Pourquoi Macron a-t-il maintenu les élections municipales ? Une théorie
Alors que le monde occidental s’englue dans la crise du Coronavirus, la France a récemment brillé pour ce qui est des directives prises dans l’urgence. Il faut dire que le gouvernement d'Édouard Philippe s’est négativement démarqué par rapport à ses voisins européens, tout d’abord en ne se prononçant pas sur la possibilité de fermer les frontières (choses que certains pays ont déjà fait), puis en ne prenant aucune mesure concernant les scènes de bataille observées dans les centres commerciaux désormais victimes de pénuries.

Mais au milieu de ce chaos plus ou moins autorisé, il subsiste un évènement qui a retenu l’attention de tous, le maintien coûte que coûte des élections municipales. Au même moment où le chef de l’État interdisait à ses concitoyens de fréquenter les lieux peuplés et de s’adonner à des activités de groupe, ce-dernier insistait pour voir le scrutin se tenir et ce malgré l’évidence d’un taux de participation catastrophique.
Bien que l’abstention reste encore, à tort ou à raison, le mouvement le plus rassembleur du pays, les chiffres constatés lors du scrutin de dimanche semble battre tous les records. Alors pourquoi insister pour que le vote se déroule ? Une réponse possible : la future non-légitimité des maires d’opposition.
En effet, comment concevoir une telle non-mesure sans penser aux sondages peu encourageants des candidats LREM concernant les élections de plusieurs grandes villes. Avec la quasi-garantie de voir des listes macronistes finir au pied du podium (voire même dernière dans certaines métropoles), mieux vaut faire en sorte que le scrutin tout entier soit déconsidéré. Puisqu’en politique aussi bien qu’en sport, on n’accable jamais totalement les gens qui portent ses couleurs, le problème doit venir d’ailleurs. Cette élection bouleversée par la propagation du Covid-19 arrive donc au meilleur moment possible.
Loin d’y voir une quelconque synchronisation des évènements (nous laisserons ça aux complotistes), il est pour ainsi dire impossible de ne pas voir dans le maintien du vote une échappatoire rêvée pour le camp En Marche. Alors que certains maires vont se voir élire avec des taux de participation ne dépassant pas les 15%, leur crédibilité comme force politique sera jugée comme insignifiante. Le camp présidentiel s’en donnera alors à cœur joie pour souligner le manque de soutien populaire que les nouveaux opposants possèdent, préférant ignorer ce qui sera tout de suite étiqueté comme épiphénomène.
Si les élections sont souvent la toile parfaite pour y dessiner des graphiques colorés dont l’objectif est de symboliser le renversement absolu de l’opinion publique, la distribution d’aquarelle sera vue d’un autre œil cette année. Mettant en avant une crise sanitaire sans précédent et prônant l’unité nationale sous un même gouvernement, la présidence se contentera d’ignorer ce qui est pourtant un véritable ras-le-bol des villes et des campagnes. En espérant que certains membres du pouvoir en place n’en profitent pas pour accuser les autres partis d’avoir tiré avantage d’une telle situation. À moins que...
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