Pourquoi « Sarko Show » ?
Pourquoi cette habitude curieuse chez beaucoup, de toujours systématiquement considérer l’intervention de celui ou celle qui ne partage pas les mêmes idées avec un mépris souverain, de jouer de l'épithète dégradant ?
Nicolas Sarkozy, Président de la République s’exprimait hier soir pendant 1h 15 sur France Télévision, interrogé par deux journalistes. Quoi de plus normal ?
La période est assez délicate pour que nos concitoyens aient le droit d’entendre le Chef de l'Etat livrer son sentiment sur la crise, pour que le Président éprouve le désir de donner son appréciation de la situation, qui plus est au lendemain d’un sommet européen de toutes les incertitudes et à la veille de la réunion du G20. Certes, les sujets abordés rendent plus difficiles les argumentations de l'opposition, mais cela ne justifie pas l'opprobe jetée sur l'exercice.
Avec ou sans Sarkozy, avec ou sans le PS, avec ou sans l'Europe, la crise est bien là et il faudra en tenir compte dans nos réflexions. Ensuite, chacune, chacun apprécie ou non les explications fournies, les solutions proposées, encore faut-il les entendre. Nous venons, pendant presque deux mois, d’écouter les argumentaires des différents membres de l’opposition socialiste et il faudrait négliger ceux du responsable actuel de l’exécutif de notre pays ?
De telles postures partisanes sont immatures et condamnables d’où quelles viennent. L’UMP dans ses déclarations outrancières au lendemain des primaires donnait un mauvais exemple, le PS et beaucoup d’observateurs s’encombrant d’épithètes du genre le « Sarkoshow » et autres billevesées ne font que le suivre. Il devient désespérant dans ce pays d’en demeurer à de telles attitudes dans des moments particulièrement délicats. L'information réclame que l'on puisse écouter et gloser sur l'ensemble de ceux qui dirigent ou souhaitent diriger notre pays.
Sur le fond, il est incontestable que le Président de la République a essayé de se maintenir sur une ligne de crête assez difficile, celle qui consiste à bien montrer la dureté de la crise, la difficulté d’aborder un « nouveau monde », tout en ne sacrifiant pas à un pessimisme noir et démobilisateur. En substance le message est le suivant, répétitif et sans jamais dévier en dépit des questions réversibles : « C’est difficile, il faudra des efforts, mais ils ne sont pas insurmontables et la France peut se retrouver finalement à bon port pour peu qu’elle le veuille, qu’elle sache discerner les vrais enjeux » Le contraire eut été étonnant.
Les allusions très générales aux diverses propositions des oppositions n’étaient pas absentes des propos, ni d’ailleurs les explications du décalage entre Allemagne et France. Rappeler qu'au moment où l’Allemagne sous la conduite d’un socialiste, Schroeder, prenait le chemin de la rigueur et de la remise en ordre, la France inaugurait la retraite à 65 ans non financée et le recours au 35 heures, n’est tout de même pas un crime, plutôt une réalité. C’est également la nécessaire explication des conséquences à long terme de décisions, certes immédiatement populaires, mais qui peuvent aussi justifier les différences aujourd’hui constatées. Des socialistes français et non des moindres, étaient d'ailleurs à l'époque opposés à de tels débordements dispendieux, qu'ils jugeaient intenables à long terme.
Enfin pour ce qui concerne la dernière partie de l’entretien, au sujet « des affaires », les explications sont restées dans le domaine traditionnel du « laissons faire la Justice », avec le petit rappel aux faux listings de l’affaire Clearstream. Mais le Président n’a pas mis fin à l’entretien sous la forme cassante qu’avait pu employer François Mitterrand en son temps, refusant purement et simplement d’aller plus loin sur des questions tout autant embarrassantes.
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