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Prémices préprésidentielles 2017 (4) : Yannick Jadot désigné candidat EELV

Petit tour des candidatures à la candidature au premier tour de l’élection présidentielle française du 23 avril 2017. Quatrième partie : les écologistes (suite et fin).

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Les écologistes d’Europe Écologie Les Verts (EELV) ont désigné leur candidat à l’élection présidentielle de 2017 au cours d’une primaire ouverte. Le premier tour avait créé la surprise avec l’élimination, dès le premier tour, de la favorite, Cécile Dulot. Michèle Rivasi avait réussi à la doubler pour se retrouver au second tour face à Yannick Jadot. Cécile Duflot avait refusé de soutenir un candidat au second tour et la quatrième candidate, Karima Delli, avait apporté son soutien à Yannick Jadot.

Les élections sont utiles puisqu’elles aboutissent à des résultats différents des prédictions un peu tyranniques des sondages. Les élections américaines en ont apporté une preuve grandeur nature, ou plutôt, grandeur mondiale. Ici, pas de sondages car l’enjeu était visiblement trop faible et les financements inexistants, mais les supputations journalistiques avaient laissé entendre une victoire facile de Cécile Duflot.

Les écologistes sont en général un peu comme les sénateurs : ils préfèrent choisir celui qui est, parmi eux, le moins médiatique, celui qui fait le moins de vague, celui qui est le moins apte à rassembler les foules. C’est ainsi que Jean-Pierre Raffarin avait échoué pour le plateau au profit de Gérard Larcher, sénateur bonhomme fort sympathique mais qui n’a pas l’aura d’un ancien Premier Ministre. Et c’est ainsi que les écologistes avaient lâché Nicolas Hulot pour l’élection présidentielle de 2012 au profit d’une Eva Joly, candidate particulièrement médiocre. Avec cette loi, on aurait donc pu imaginer que Michèle Rivasi aurait finalement été désignée.

Eh bien, non ! Le second tour s’est achevé le 4 novembre 2016 et en raison du dépouillement (correspondance et Internet), son résultat n’a été annoncé que le 7 novembre 2016 : celui qui était en tête du premier tour a été élu. Yannicke Jadot, député européen, a recueilli 7 430 voix, soit 57,1% des suffrages exprimés sur une participation assez forte de 80,8% (au premier tour, elle n’était que de 73,4%). En d’autres termes, 13 940 personnes ont participé à ce second tour sur les 17 146 inscrits à cette primaire ouverte de EELV. Sur les 66 millions de Français, cette consultation reste donc assez confidentielle. En remportant cette primaire EELV, Yannick Jadot a recueilli nettement moins de voix que le dernier des candidats de la primaire LR le 20 novembre 2016 (à savoir, les 12 750 voix pour Jean-François Copé). Cela recadre sur l'importance de cet événement.

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D’un naturel plutôt sympathique, Yannick Jadot (49 ans), venu à la politique assez tard (seulement en septembre 2008) dans le sillage de Daniel Cohn-Bendit, souffre d’un évident manque de notoriété. Son premier objectif est donc déjà d’exister médiatiquement pour se faire entendre.

Avant la campagne présidentielle proprement dite, deux choses vont occuper son esprit.

D’une part, la capacité à être réellement candidat, c’est-à-dire à recueillir les 500 parrainages des maires sur tout le territoire. L’échec des écologistes aux élections municipales de mars 2014 et leur éloignement du Parti socialiste rendent l’affaire assez délicate, surtout si le PS va recommander aux maires socialistes de ne pas parrainer un candidat autre que celui qui sortira de la primaire du PS en janvier 2017, afin de ne pas disperser les voix et d’éviter un nouveau 21 avril 2002.

D’autre part, le candidat désigné devra adopter une stratégie cohérente dans les relations entre EELV et le PS. En effet, sans PS, les écologistes seront laminés aux élections législatives de juin 2017. Sans doute que les écologistes "gouvernementaux", tels que Barbara Pompili ou François de Rugy, auront l’investiture du PS mais certainement pas Cécile Duflot dans la circonscription de laquelle le PS prépare un candidat PS.

Yannick Jadot était d’ailleurs plutôt favorable à une primaire réunissant toute la gauche, incluant ainsi EELV dans la gauche. Ses premières déclarations de candidat désigné restent néanmoins dans la ligne isolationniste voulue par Cécile Duflot.

Dans son premier discours du 7 novembre 2016, Yannick Jadot a brossé le portrait d’un pays en ruines : « La France est au bord de la rupture. L’accroissement des inégalités, l’explosion des discriminations, l’affaissement de la démocratie, le dérèglement climatique, l’extinction des espèces, l’épuisement des ressources, les maladies liées aux pollutions : tout cela affaiblit notre pays. (…) Faute d’horizon commun, la société explose dans un sauve-qui-peut-généralisé. ».

C’est étrange d’inclure des phénomènes qui sont plus planétaires que nationaux et en termes d’extinction des espèces, j’aurais envie de protéger également l’électeur écologiste de sa disparition totale dans le Titanic socialiste.

Car la cohérence politique n’est pas leur fort, aux écologistes. Ni la stratégie. La bonne stratégie. Ils sont restés deux ans au gouvernement, or, la politique économique de François Hollande ne s’est pas infléchie avec la nomination de Manuel Valls le 31 mars 2014, mais bien avant, dès septembre 2012 quand il a commencé à comprendre qu’on ne pouvait plus raser gratis. Il en est de même de la politique énergétique de la France.



Yannick Jadot n’a pas eu peur de l’utopie quand il a proclamé : « Osons réclamer le droit au bonheur ! ». Cela après avoir donné sa définition de la "société écologiste" : « L’écologie, c’est une société apaisée, fraternelle, ouverte sur sa diversité et sur le monde. Osons dire que nous voulons une société qui ne soit pas une compétition perpétuelle, pour avoir le droit de vivre dignement et de nous épanouir. » [étrange d’être contre la compétition et parallèlement de désigner le candidat par une primaire ouverte qui est le summum de la compétition].

Et pourtant, Yannick Jadot ne rejette pas la lucidité ni le réalisme quand il reconnaît qu’il ne sera pas élu en 2017 dans tous les cas, que sa candidature reste une candidature de témoignage et peut-être de pression pour celui qui gagnera en 2017.

Il reste relativement raisonnable quand il se fixe cet objectif : « Face aux artisans du renoncement, aux adeptes du "c’était mieux avant" et aux prêcheurs de haine, nous allons semer l’espoir d’une société de confiance. Je suis candidat pour que demain soit mieux qu’aujourd’hui, avec vous, et grâce à vous ! ».

Au moins, sa présence dans la compétition présidentielle de 2017 contribuera au renouvellement de l’offre politique, et cela dans un sens de plus grande authenticité et d’une plus grande fraîcheur, à défaut d’efficacité…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 novembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La primaire EELV de 2016 (second tour).
La primaire EELV de 2016 (premier tour).
La primaire EELV de 2011.
Le retour des écolos au gouvernement.
Les écologistes et le TSCG.
Les écolo-pastèques.
Le cannabis chez les écologistes.
Cécile Duflot.
Jean-Vincent Placé.
Véronique Massonneau.
Nicolas Hulot.
Eva Joly.
Daniel Cohn-Bendit.
Corinne Lepage.
Stéphane Hessel.

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6 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 30 novembre 2016 14:15

    vivement les primaires de L’UPR !

    on aura les résultats au bout de 2 minutes ! smiley


    • Alpo47 Alpo47 30 novembre 2016 14:46

      Les écologistes réussissent l’exploit insurpassable d’avoir un grand nombre (15 ...20 ...30% ... ?) de la population de sensible à leurs arguments écologiques et de ne réunir que 2% des voix aux élections. Peut être un jour se poseront-ils a question de comment et pourquoi ?
      Sinon, s’ils n’étaient pas là, nous aurions moins d’occasions de sourire ou de rire.


      • Buzzcocks 30 novembre 2016 17:04

        La primaire des républicains, c’est 50 émissions de C dans l’air sur le sujet, 3 débats diffusés en prime time sur les chaines publiques ou TF1, les résultats annoncés encore sur France 2 dans une émission spéciale au cours deux soirées.

        Les écolos, zero émission sur le sujet, un vague débat diffusé sur LCP à 23h....

        On s’étonne ensuite que les élections se jouent entre 2 candidats que les éditorialistes ont choisi.


        • eric 30 novembre 2016 23:44

          @Buzzcocks
          Si on pose 14 000 participant à la primaire écolos sur 4millions , 3 de participant à la primaire de droite, le rapport dans les médias entre les deux forces politiques devrait être de 0,003255...
          Même si on s’en tient au rapport des voix aux derniers scrutins, il en ressort de toute façon qu’on entend trop ces gens et qu’ils ont une place tout à fait disproportionnée avec leur représentativité, en particulier dans les médias publics. Se pourrait il que le pouvoir socialiste ait marchandé aussi avec eux de l’heure de grande écoute en échange de leurs voix et reports ? Pas entièrement impossible.


        • joelim joelim 30 novembre 2016 20:30

          Jadot je l’ai entendu sur France-Inter il y a quelques mois et c’était genre : « on doit faire une police analogue au FBI » et « on doit détruire le criminel Assad ». 


          Un petit politicien français habituel quoi.  smiley

          • eric 30 novembre 2016 22:40

            La présence de ces rigolos aux présidentielles est tout a fait peu vraisemblable.

            Même à moindre investissement, ce partis vidé démocratiquement de pas mal des sinécures qu’il avait marchandé avec Le PS dans des conditions très peu démocratiques, n’aura sans doute pas les moyens de faire réellement campagne et ne réunira pas assez de voix pour être remboursé, même de ses maigres dépenses.

            Dans la mesure du possible, il gardera son peu de fric pour les législatives. Cependant là aussi, ils n’auront plus grand chose à vendre et surtout, le PS aura-t-il les moyens et la volonté d’acheter ?

            Avec 13-14 000 participants aux élections interne, Surtout des notables âgés, élus, et masculins, ce parti complètement coupé de toute base populaire risque d’encombrer le scrutin plutôt qu’autre chose.

            Une question intéressante : a-t-il encore les moyens de présenter par lui même un candidat en terme de parrainages ? Sans doute pas. Il devra mendier au FN et aux républicains, trop heureux de renvoyer dans les pattes du PS, ce petit concurrent pas très honnête, mais qui devrait le cas échéant, contribuer si besoin est, à l’éliminer dés le premier tour....

            Pour mémoire, le total participant aux "primaires de ces guignol, c’est 5 fois l’assistance au culte à la paroisse protestante de la porte ouverte chrétienne à Mulhouse.

            IL serait temps de faire des quotas pour que ces groupuscules non représentatifs ne monopolisent pas injustement tant d’espace dans les médias publics...

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