Première dame cherche échappatoire à « potiche »
Il y a une femme dans toutes les affaires, aussitôt qu'on me fait un rapport, je dis : "cherchez la femme".
(Alexandre Dumas)

Pourquoi pas « amphore », c’est déjà plus imposant, plus gratifiant, plus culturel, et ça renferme souvent d’inestimables trésors ? Bon, trêve de plaisanterie mais, Valérie, puisque vous avez lancé un appel au peuple, il est normal que nous y répondions : vous ne pouvez pas espérer une miette de génie créatif de ces ignares abonnés de tweetter, qui font deux fautes par phrase et jamais de phrase de toute façon, pour résoudre votre problème existentiel…
Que les français vous appellent seulement par votre prénom, cela semble exclu, il y a déjà un précédent (masculin bizarrement) dans la Vème République pour qui l’histoire s’est terminée dans un au revoir larmoyant et des lazzis inadmissibles, donc on oublie d’emblée cette solution. Ca ne serait d’ailleurs pas très correct…
Mais il n’a pas du échapper à votre perspicacité que la phrase en exergue était un tantinet misogyne, impossible de trouver une citation à connotation féministe émanant d’un écrivain mâle dans les trésors de la littérature, et convoquer Simone de Beauvoir et consoeurs n’était vraiment pas de jeu… Alors au juste, de quoi vous plaignez vous ? Vous bénéficiez déjà du seul exemple linguistique favorable à la gent féminine : la femme du roi est reine, le mari de la reine n’est que celui « consort » dans les grandes occasions, comme la vaisselle en or de la grand-tante Victoria. A propos de Victoria, j’ai bien peur que François ne soit obligé de vous passer la bague au doigt si vous prévoyez d’aller faire un jour la révérence à sa descendante, protocole oblige, demandez à Carla, elle n’y a pas échappé. La partner ne devrait pas survivre très longtemps à une invitation à traverser le Channel.
Alliance ou pas, peu importe, vos sujets putatifs sont magnanimes et monarchistes dans le cœur de leurs tabloïd, vous voilà donc propulsée sur le devant de l’actualité et bombardée première dame sans rien avoir demandé. Si un phénomène inverse se produit un jour, on peut toujours rêver, comment imaginer que l’heureux non-élu se retrouve « premier homme », c’est exclusivement réservé à Adam, et c’est de toute façon totalement ridicule, demandez à Monsieur Merkel qui n’ose même pas monter les marches de la scène prestigieuse du G 8 !
C’est toujours valorisant d’être la première, il semble d’ailleurs que vous en ayez déjà pris l’habitude à l’école. En ce qui concerne dame, essayons de décrypter : 1) Titre donné à toute femme détenant un droit de souveraineté. 2) Femme de haute, de bonne naissance. 3) Femme mariée. 4) Personne adulée du sexe féminin. Que du bon, que du beau (sans s’attarder sur femme mariée), on doit donc pouvoir en tirer quelque chose ! Dame de cœur, de compagnie, patronnesse, et les incontournables dame Jeanne et dame de nage, vedettes de l’œnologie moyenâgeuse et de la marine marchande. Ouvrages de dames, ça c’est le tricot et la broderie, et ces fameuses nouvelles pour dames de Somerset Maugham célébrées par Alain Souchon mais je suppute que c’était pour la rime, assez pauvre au demeurant. Ca commence déjà à être moins brillant, plus insidieux dans la façon délicate de suggérer une certaine utilité matérielle, un certain dédain pour les préférences supposées et les activités réservées, une certaine condescendance qui sent déjà les pièces jaunes, l’UNICEF, le Sidaction et les maisons de retraite. Mais nous sommes sûrs que, dans ce carcan là, vous n’avez pas le caractère à vous laisser enfermer…
Alors le nom, le nom, le nom, primordial puisque le signifiant déteint toujours sur le signifié, et lycée de Versailles d’ailleurs… Il va falloir largement innover, car une situation inédite réclame toujours un assaut de créativité. Ne riez pas et ne soyez pas blessée, mais en vous contemplant depuis mardi dernier, élégante robe d’ébène et talons vertigineux, une comparaison m’a tout de suite sauté à l’esprit comme une évidence : tulipe noire. Fine, racée, droite et souple à la fois, assez rare pour être hissée à la place suprême, assez simple pour ne se différencier de ses semblables que par une couleur inédite -sans oublier la référence héroïque, révolutionnaire mais pas trop, qui ne pourrait que contribuer à un acquiescement populaire. Désolée pour Dumas (oui, encore) et les Pays-Bas, c’est mon inconscient qui a parlé pour moi, et il est souvent d’accord avec son homonyme collectif.
Qu’en dites- vous ? Ce n’est pas un titre, allez vous me répondre. Mais pensez-vous qu’un titre restrictif vous convienne vraiment ? Un nom, un vrai, unique, inimitable, jamais encore porté par une autre femme, ça vous a quand même plus d’allure et plus de classe ! Et puis, cette façon délicate d’être mariée sans l’être vraiment (en attendant les exigences de la perfide Albion) par simple glissement sémantique, cela devrait remporter d’emblée votre adhésion… Rassurez-vous, personne n’aura l’idée de vous enfermer dans un vase, si précieux soit-il, vous conserverez vos racines bien plantées dans le sol de France et d’Europe.
Et vous pourrez alors, après vous être choisi un nom, vous inventer un rôle à votre mesure. Mais celui-là, nous vous laissons le définir toute seule !
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON