Président, un métier d’avenir
A quelques mois des échéances électorales, la tentation d’un chef d’Etat plus citoyen que politicien semble émerger dans l’opinion. Durablement ?
Arrivé au sommet, le président de la République s’ennuie. Les challenges d’autrefois, la conquête du pouvoir, tout cela semble désormais lui manquer. Comme une passion inextinguible. Aujourd’hui, il cherche surtout à se maintenir dans son fauteuil doré, le plus longtemps possible, le temps de se trouver un héritier et se mettre à l’abri de la justice. Voici le propos du film de Lionel Delplanque, Président, actuellement en salles. Dans le rôle titre, Albert Dupontel campe un souverain très convaincant. D’un côté, un homme politique à l’ancienne, redevable aux anciens de sa caste empêtrée dans des affaires troubles jusque-là étouffées. De l’autre, un as de la communication, chantre du modernisme. Un savoureux condensé de Chirac et de Sarkozy, en quelque sorte. A supposer, bien évidemment, que ce dernier soit élu aux plus hautes fonctions en 2007...
Mais avant que ne soit officiellement lancée la course à l’Elysée, il est temps de s’interroger sur cette sacro-sainte fonction présidentielle et sur ce que nous, citoyens, en attendons. A de multiples égards, la société française souffre d’une crise de confiance envers sa classe politique. L’argument du "tous pourris" ne cesse de gagner du terrain dans l’électorat de base, malgré l’avertissement du 21 avril 2002. Et l’une des raisons de ce malaise réside dans le simple fait qu’une bonne partie de la population ne se reconnaît plus dans l’action ni dans l’identité même de ses dirigeants. Cette élite formée -déformée ?- dans les meilleures écoles et intégrée dans l’aristocratie politique, à qui reviendrait de droit la destinée du pays. D’où aujourd’hui un décalage profond entre les véritables besoins de la nation et les solutions proposées, ou seulement promises, par tel ou tel ministre, tel ou tel candidat. Certes, les mentalités évoluent, l’idée qu’un responsable politique puisse être jeune, voire de sexe féminin, fait son chemin. Suffisamment pour atteindre le sommet de l’Etat ?
Nouvelle génération
Dans quelques mois, il se pourrait donc que le choix des Français s’oriente davantage vers un candidat au profil différent de ses prédécesseurs. Un candidat plus citoyen que politicien, plus dynamique que sage, plus ouvert aux enjeux contemporains tels que la mixité, sexuelle et sociale, qu’aux stéréotypes désuets de la France profonde. Car aujourd’hui l’urgence est tout autant dans les cités que dans les campagnes. La révolte qui couve dans les banlieues en témoigne.
Ce profil novateur, certains présidentiables le revendiquent. Et les sondages d’opinions les plébiscitent, du moins pour l’instant. A gauche, Ségolène Royal a grillé la politesse aux éléphants socialistes. Et si jusqu’à présent Ségo séduit par son image plus que par son programme politique, l’intérêt qu’elle suscite naît également du fait qu’elle est portée par le peuple, et non par un quelconque formatage ou héritage de son parti. La question est alors de savoir si elle saura résister à la pression qui pèse d’ores et déjà sur ses épaules, a fortiori si elle obtient l’investiture pour mener campagne au nom du PS. Quant à Nicolas Sarkozy, il incarne à la fois le renouveau de la droite et malgré tout, un certain ancrage dans la tradition gaulliste. Sarko revendique la rupture avec l’idéologie conservatrice, mais ne veut pas se priver des réseaux chiraquiens. De plus, il possède déjà une stature d’homme d’Etat, et l’on connaît son appétit pour le pouvoir. Pour être élu en 2007, il lui faudra donc réconcilier tous les membres de sa famille politique -du moins en apparence, et aussi convaincre une jeunesse majoritairement hostile de sa capacité à changer les choses.
Au-delà des belles promesses, celui ou celle qui remportera les élections en 2007 devra ainsi donner une vision plus crédible de la présidence, en évitant, espérons-le, le recours aux manœuvres politiciennes et autres artifices médiatiques. Pour qu’enfin le premier des Français soit avant tout le premier des citoyens.
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON