Présidentielle 2017 : des interviews politiques TRUQUÉES ?!!
Le comportement des médias français pendant cette élection présidentielle 2017 restera sans doute un mystère pendant longtemps. Le niveau de complaisance des intervieweurs a atteint un tel degré caricatural que l’on se demande si l’ensemble du débat français n’a pas fait l’objet d’un joli trucage avec la complicité active des interviewés eux-mêmes, tous bien contents de pouvoir choisir leurs propres questions afin de ne pas avoir à répondre à d’autres questions bien plus gênantes... Heureusement, le traitement médiatique du deuxième tour a du démarrer de manière plus musclée et plus dynamique. Mais une grande suspicion demeurera jusqu’au 7 Mai…

La sympathique fête de la victoire du premier tour n’a pas fait disparaître les trois prochains challenges politiques qui attendent l’équipe d’Emmanuel Macron (► s’approcher le plus possible le 7 mai prochain du score de 82% de 2002, pour booster la législative qui suit, ► résister à l’inévitable redressement électoral des autres gros appareils électoraux et des ténors locaux des Socialistes et des Républicains allégés des casseroles Fillon, ► forger un gouvernement de relance nationale et dynamiser le stratégique travail parlementaire des six premiers mois).
Marine le Pen a tout de suite ouvert les hostilités, en se présentant à la hussarde dans les lieux de production industriels menacés, en parlant du « banquier » Macron, défenseur du mondialisme dérégulé, de la haute finance féroce, de la spéculation aveugle, des banques prédatrices, de la concurrence déloyale et de la délocalisation sauvage. L’équipe d’En Marche s’est retrouvée surprise dans une inconfortable défensive. Sur le terrain, des groupes militants d’EM sont parfois sans voix, dans l’incapacité de répondre aux polémiques qui fusent. Ils attendent des arguments du sommet, sans d’ailleurs obtenir la totalité des réponses. Ce qui a été observé à l’occasion de distributions de tracts a parfois frisé la catastrophe. Que va répondre Emmanuel Macron ? Comment va réagir Emmanuel Macron ? Qu’en pense Emmanuel Macron ? Que va décider Emmanuel Macron ? Le regard éperdu de certains militants n’étaient absolument pas en mesure de donner confiance aux électeurs encore incertains.
Par exemple, même pendant tout le premier tour, il n’a pas été possible de joindre un référent ou un animateur concerné par le thème « Réforme du crédit et des banques ». Il a été répondu qu’aucun comité local ou atelier national ne s’occupe de ce thème et qu’il n’y avait pas non plus le moindre extrait de programme ou d’interview d’Emmanuel Macron disponible sur le sujet… En une phrase, après des semaines d’attente de réponses à certaines questions précises, on pourrait parler d’un manque complet de maturité politique voire même de maturité intellectuelle, tant au niveau local qu’au niveau des relais pyramidaux. Une absence de réactivité et un encéphalogramme plat à faire peur.
Mais paradoxalement, les propositions de Marine le Pen sont très vagues, elles aussi, quant à ses solutions proposées pour réguler les banques spéculatrices voyous et les crédits à taux variable arnaque. Plus que très vagues d’ailleurs. Pourtant, elle bénéficie de 30 longues années d’expérience politique avec autour d’elles des cadres et des élus dans tous les coins de France.
Il est tout de même bizarre que les deux finalistes de cette présidentielle demeurent à ce point silencieux (comme l’ont été les partis évincés) sur cet important sujet. Un sujet ayant été la base de la plus grave crise financière depuis les années 30 (et dont nous payons encore aujourd’hui les conséquences). Nombre d’économistes de renom annoncent d’ailleurs une nouvelle crise encore plus forte d’ici un ou deux ans (chers lecteurs, dans vos réactions, n’hésitez pas à citer des noms et des références pour aider nos nombreux politiciens aveugles, sourds et muets).
Que se passe t-il donc aussi du côté de la presse et des médias audio-visuels ? Pourquoi aucune question sur ce grave sujet n’a été posée aux principaux candidats ? Par exemple, pourquoi n’ont-ils pas excité Jean Luc Mélenchon ► sur cette énorme masse de produits dérivés spéculatifs au dessus de nos têtes et représentant plusieurs fois notre PIB ? Mélenchon aurait-il trop soulevé le tapis des scandales financiers répétitifs ? En parlant un peu moins de Chavez, du Venezuela, de Cuba et de Bolivar, en se concentrant mieux sur la France et sur l’Europe, en ne se limitant pas à la coûteuse nationalisation aveugle de la totalité des banques, ► en acceptant de travailler sur un code bancaire réglementaire, une éthique de service public à légiférer et à faire respecter (procédure moins coûteuse et moins contentieuse vis-à-vis des banques étrangères), ► en abordant enfin le dossier brûlant des 8.000 communes françaises escroquées par les prêts toxiques à taux variables exorbitants (ayant coûté plus de 300 milliards aux contribuables français), Mélenchon aurait-il trop déstabilisé le système en place ? ► En soutenant les trois condamnations des banques françaises (8-02-2013, 7-03-2014, 25-06-2014) à rembourser 18 milliards d’intérêts abusifs à un lot de 270 communes, aurait-il obtenu les 2% de voix qui lui ont manqué pour être au deuxième tour ?
► En dénonçant le blocage des remboursements organisé par le gouvernement et le parlement de gauche via une loi rétroactive scélérate (23-04-2013 et 24-08-2014), y avait-il un risque de dérapage incontrôlable de l’ensemble du débat politique ? ► En attirant l’attention des électeurs sur le Conseil Constitutionnel ayant cassé le 29-12-2013 le vote scandaleux du Sénat ou bien sur l’actuel recours auprès de la cour de justice européenne, Jean-Luc Mélenchon aurait-il été jugé politiquement trop dangereux par la média-sphère aux ordres ? Aux ordres de qui au fait ? Il serait intéressant de connaître ceux qui ont tiré les ficelles de ce débat présidentiel spectaculairement tronqué…
On a beau fouiller dans l’ensemble des communiqués de presse du FN ou dans les interviews des cadres de Marine Le Pen, le problème n’a curieusement jamais été abordé. Même la « fachosphère » sur agoravox ou ailleurs sur le web est restée particulièrement molle du genou sur ce sujet. Un sujet certes bien plus complexe que la xénophobie classique et simpliste (habilement maquillée sous le rimmel de la néanmoins légitime défense économique, culturelle et sécuritaire des patriotes). Bien que Marine Le Pen n’ait pas été équitablement traitée par les banques françaises (tiens, un scandale bancaire de plus !), le FN semble avoir particulièrement veillé à soigner ses relations avec les banquiers et les financiers potentiels.
En attendant que des journalistes moins complaisants nous obtiennent un jour des interviews plus complètes et nous fassent enfin connaître la ligne politique du FN et de En Marche sur l’encadrement des banques spéculatives et/ou voyous et sur l’encadrement des taux variables abusifs, les internautes pourraient s’emparer de ce débat. Si quelques internautes contactent et motivent des économistes de droite et de gauche, nous pourrions peut-être élever la qualité des échanges au dessus du niveau du café du commerce. Les français ont besoin de solutions concrètes autres que le « YakaFokon » pinardier.
Idéalement, des séminaires et des tables rondes devraient être organisés dans chaque région pour établir la liste des doléances et rédiger un livre blanc sur le service public bancaire (privatisé et non privatisé) et sur le crédit (au service de l’économie réelle et non au service de la spéculation comme c’est hélas majoritairement le cas).
L’outil internet peut accélérer le lancement d’un débat constructif via mise en place d’un site web-atelier sérieux, structuré, interconnectant des universités et des représentants de l’ensemble des partenaires. Idéalement, à terme, il nous faudrait obtenir un encadrement éthique bien défini par le législateur, des conditions plus exigeantes pour pouvoir conserver une licence bancaire, ainsi que de la prison ferme pour les banquiers fraudeurs.
Avec une ténacité sans faille du plus grand nombre possible d’électeurs vigilants (genre bouledogues), avec un élan de probité, de bon sens et de réactivité de la part des futurs 570 parlementaires (un miracle ?), nous pourrions aider le courage de nombreux journalistes craignant raisonnablement pour leur carrière.
Qui se portent volontaires pour archiver intelligemment les meilleurs textes de cet urgent, indispensable et vaste débat ? Qui se portent volontaires pour confectionner un tableau comparatif des diverses solutions possibles proposées ? Ce tableau pourrait utilement aider les dignitaires des partis (jusqu’ici mystérieusement silencieux) à prendre enfin position… Donc à vos plumes. Pour la qualité de ce débat national, je souhaite bon courage aux citoyens de bonne volonté et de tous horizons.
A+ Cordialement.
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