Présidentielles : quand le gouvernement dépense et se dépense sans compter
Les finances de l’Etat sont au plus mal. N’empêche, Dominique de Villepin dépense sans compter en cette rentrée, avec cette série de cadeaux fiscaux : création du ticket-transport et d’une allocation d’installation étudiante, augmentation de la prime à l’emploi... Un gouvernement qui se dépense sans compter aussi dans la perspective de la présidentielle. Vive l’électoralisme ! Pour une vraie politique à la hauteur des enjeux, la France attendra des jours meilleurs. S’ils viennent un jour.
Dominique de Villepin s’est montré fort généreux. Le premier ministre a annoncé en effet une série de mesures fiscales afin de doper le pouvoir d’achat des Français, notamment des ménages les plus modestes. Parmi les mesures phares, la création du ticket-transport, financé à moitié par l’État ; l’allocation d’installation étudiante dont 80 000 étudiants boursiers devraient bénéficier et, pour finir, et ce n’est pas la moindre, l’augmentation de la prime pour l’emploi l’an prochain. Une revalorisation qui profitera à... 9 millions de personne. Pour un coût total fixé à 400 millions d’euros.
L’intention est indiscutable. Comment s’opposer à cette volonté de redonner de la voilure aux revenus des Français, plutôt malmenés ces derniers temps avec, entre autres, la flambée des prix de l’essence ?
Ce qui est en question, c’est à la fois les moyens et l’esprit à l’origine de cette distribution, digne du Père Noël par sa générosité. Les moyens d’abord, car le gouvernement choisit la voie de la facilité, certainement la plus visible, la plus compréhensible aux yeux des Français. Celle du versement d’aides ou de primes.
L’esprit, d’autre part, car le gouvernement fait non plus de la politique, mais de l’électoralisme. Pour ne pas dire du clientélisme, puisqu’il vise des groupes spécifiques, dans l’espoir que ces derniers se rappelleront ces excellentes dispositions à son égard lors des présidentielles.
Or, le gouvernement fait probablement un mauvais calcul concernant la pertinence des groupes visés. En effet, ce ne sont pas forcément les classes les plus modestes qui votent pour le parti de l’actuelle majorité ou de la droite en général. Il pense ainsi draîner de nouveaux électeurs. En d’autres termes, les bénéficiaires de ces ‘’largesses’’ lui rendraient la monnaie de sa pièce le moment venu. Soit lors du vote. Rien n’est gagné. Loin de là. C’est ce qu’on appelle une dépense électorale, et non publique, au sens où cette dernière sert la collectivité dans son ensemble, et non une catégorie.
Par ailleurs, le gouvernement se trompe de politique. En effet, ce n’est pas une politique de la demande dont a besoin impérativement la France, mais d’une politique de l’offre. La consommation se porte comme un charme. Elle est dynamique et durable. Or, la clé de la relance d’une croissance pérenne, donc créatrice d’emplois, donc vectrice de pouvoir d’achat, est une reprise des investissements, à l’heure actuelle insuffisants. Mais bien sûr, une politique de l’offre, du point de vue du marketing électoral, est nettement moins séduisante. Moins payante. Donc, out.
D’un point de vue électoral seulement. Car d’un point de vue économique, cette politique serait nettement plus bénéfique à la France, à la fois dans la durée et en nombre, car elle profiterait à tous, sans effets stigmatisants, comme peut l’être une politique de la demande. Avec le risque latent d’un mécontentement social en raison des possibles revendications des classes délaissées par ces mesures. Déjà, les fonctionnaires, par exemple, parlent d’une grève fin septembre ! Et après, à qui le tour ? Il est normal que chacun ait envie de déposer ses petits souliers auprès de la cheminée de Matignon, puisque Dominique de Villepin joue au Père Noël.
Chassez le naturel, il revient au galop. Ainsi, dans la perspective des présidentielles, le gouvernement renoue donc avec les travers de notre politique, ses mauvais comportements et ses défauts incorrigibles qui, depuis trente ans, font régresser la France au lieu de la faire progresser. Autrement dit, la démagogie et l’électoralisme redeviennent les piliers de l’action politique. Le court terme, soit la prochaine élection, prime à nouveau sur le long terme.
Peu importe le prix à payer ultérieurement, tant que le gouvernement en récolte les dividendes électoraux immédiats. C’est regrettable, car au bout du compte, c’est toujours la France qui en fait les frais. Et par là-même les jeunes générations, sur lesquelles on reporte la charge des problèmes, sociaux, économiques et financiers, non résolus.
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