Présidentielles : un éclairage à défaut d’éclaircissements
Les présidentielles approchent, dans un contexte de prise de pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis. Avec un plan simple : décortiquer en quatre ans (huit peut-être) ce qu’a mis Barack Obama à faire en deux mandats. En France, les frontières entre les droites, en apparence, se font plus claires. D’un côté une extrême droite sociale et étatique. De l’autre, une droite ‘à droite’, conservatrice sociale/sociétale et libérale en économie. Quid du centre ?
A gauche, la perdition est presque totale, avec l’aventure Macron, les primaires des uns et des autres, ou les oukases de Mélenchon à l’encontre de ses camarades communistes. Pour le premier, tout est fait pour réaliser une campagne ‘alternative’, sans bords politiques afin de ratisser large. Pour les socialistes, la primaire vise au contraire à fédérer. Et c’est mal parti. Quant à Mélenchon, c’est la stratégie ‘avec ou contre moi’, ce qui lui a permis d’éviter un débat existentiel avec les communistes (un candidat PC ou non). Quid des écologistes dans tout ça ?
Ces derniers mois ont révélé leur lot de surprise. Si Alain Juppé avait mieux manœuvré, il aurait pu attirer le vote écologiste de droite tout en fragilisant les positions de ses adversaires Fillon et Sarkozy. Au lieu de cela, il s’est enlisé et a entraîné dans sa défaite une partie du mouvement écologiste national, celui non lié idéologiquement à EELV et la gauche en général.
Et Juppé perdit
Alain Juppé a raté une occasion de créer un grand mouvement politique basé sur le centre-droit et l’écologie, via Corinne Lepage. Celle qui a été son ministre de l’Environnement de 1995 à 1997 aurait pu réaliser un aggiornamento des tendances écolo au niveau national. Aussi bien à gauche qu’à l’extrême droite.
En effet, la grande tendance des années 2010 est l’OPA idéologique de groupuscules identitaires, souverainistes… des valeurs dites ‘de gauche’. Or, de par ses accointances, Corinne Lepage aurait également rallié des personnes fricotant avec l’extrême droite écologiste (anti OGM, anti-nucléaire, etc.), via l’IPSN (Institut pour la Protection de la Santé Naturelle), lobby promu par les cathos tradi de Civitas.
De fait, Juppé aurait pris à revers François Fillon et Nicolas Sarkozy car une partie de leur électorat, issue de la droite souverainiste, se serait rallié au maire de Bordeaux. Par cette alliance avec Lepage, Juppé aurait vidé de leur substance ses deux principaux adversaires. Mauvais calcul politique donc, pour Juppé… et Corinne Lepage dont les ambitions écolo se retrouvent au même niveau que celles de Nicolas Hulot ou de Cécile Duflot.
Où en est l’écologie dorénavant ?
Valeur ‘traditionnelle’ de la gauche, elle va continuer à le rester. En effet, Yannick Jadot ayant remporté les primaires EELV, il ne fait pas mystère d’une alliance écolo-PS, formant alors une partie de la gauche plurielle jospiniste. Seule condition : la victoire de Benoît Hamon. Ce qui est éventuellement possible si les écologistes de gauche vont voter à la primaire socialiste.
Néanmoins, une alliance PS-EELV peut-elle compenser le discrédit des socialistes et d’EELV ces dernières années ? Surtout, peut-elle permettre d’éviter au tandem de faire de la figuration à la présidentielle ? Rien n’est moins sûr. Quoi qu’il en soit, l’écologie se retrouve – une nouvelle fois – phagocytée par la gauche. Pour des résultats mineurs au regard des enjeux.
Aussi, il n’est pas surprenant que des groupuscules d’extrême droite se l’approprient, la définissent comme ils l’entendent et s’en servent à des fins politiques aux résultats ambivalents. Et sans grande avancée environnementale en définitive. Comme a pu le faire EELV ces dernières années finalement. Bis repetita ?
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