Présumé politicien… présumé menteur
Les images des scandales envahissent les écrans, les ondes, les réseaux : après DSK menottes aux poings, Jérôme Cahuzac, yeux dans les yeux, jure devant la représentation nationale être innocent.
Des millions de Français sont témoins. Et puis voici le temps des aveux à demi-mots pour DSK à l’occasion d’un 20h00 de TF1 bien répété et contrôlé. Et puis voici les aveux de Cahuzac, à grands coups de médiatisation. L’effroi s’empare alors de toute la classe politique. Ce que chacun pressentait depuis des lustres, cette fracture innommable entre le bas peuple et les « élus » devient réalité. Ce que chacun redoutait, c’est-à-dire le « tous pourri » généralisé de la classe politique est désormais incarné. Consternation, trouble, émotion de toute la classe politique, du maire au sénateur… L’élu, la bête politique, le politicien sont désormais reconnus menteurs, de facto… Le fait du prince prend corps. Machiavel est là. Et les exemples se multiplient désormais à foison : Claude Guéant, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé, Jean-Luc Mélenchon, Gérard Bapt, François Hollande, autant d’affaires qui ont un point en commun : le mensonge. Mensonge d’état pour les uns, mensonges par intérêt pour d’autres, mensonges par omission… Mais le mensonge est comme une tâche d’encre sur un buvard. Il grandit, se répand, s’imbibe. Tout finit par se savoir tôt ou tard.
Confiance et mensonge
Pourquoi dès lors faire confiance à ces élus porteurs d’une parole dite « publique » ? Quel crédit conféré à des élus alors que le doute est désormais installé ? Peut-être certains diront que la population n’a pas –plus- le choix. Des français désormais résignés puisque l’endormissement des télés réalité, le temps de cerveau disponible vendu aux annonceurs, la pauvreté des analyses et des critiques rendent la population dénuée d’esprit critique. La porte est ouverte à tous les conseillers, aux manipulateurs, aux influenceurs et autres gourous d’agences de communication qui se gavent de préceptes, en inventent de nouveau pour faire mode (les relations publiques de crise ou les médiasconsommateurs par exemple)… Ajoutons à cela toutes les perversions dues aux réseaux sociaux et le tableau est dressé : esprits appauvris, absence de temps pour réfléchir, hommes politiques tout puissants. Quelle peut être alors la place pour la vérité politique et la compréhension des citoyens ?
A l’origine l’homme politique s’exprime au nom du bien commun, dans l’intérêt général. Désormais la trahison est là. Les français se sentent alors comme les dindons de la farce politique. Payer davantage d’impôts, payer encore des taxes, appliquer des normes et des lois conçues dans des officines ministérielles et marchander à l’Assemblée nationale. Peut-on rendre coupable les français de leur éloignement du principe politique, ou, comme on le disait autrefois, de l’art de la politique ? Alors les citoyens se rapprochent des « mieux » disant, des partis extrémistes qui « semblent » plus sincères. C’est pourtant aussi oublier tous les mensonges de propagande qui ont balisé le XXème siècle et leurs millions de morts au service d’une idée plus grande, plus radieuse, d’un avenir meilleur… Alors voici le règne de la suspicion, du doute, de la défiance.
Le parjure, les fausses promesses, les discours xénophobes, les altercations politiciennes dignes de la plus grande médiocrité, les enjeux de pouvoir, les luttes d’influence, sont devenus les paramètres de notre médiocratie. Démocratie des médiocres pour des médiocres. On entend dire que les français n’ont que ce qu’il mérite et que la République est à leur image. Mais que les hommes politiques prennent le temps des vacances pour s’interroger sur leur rôle réel vis-à-vis de la population. Pourquoi donc plus personne ne leur fait confiance ?
Le secours viendra d’une réflexion profonde de la parole publique et de la finalité de la fonction d’homme politique. La vocation de l’homme politique est-elle de servir ou de se servir des bulletins de vote qui lui ont été confiés ? Allons-nous toujours donner un blanc-seing à des élus que nous ne voyons plus une fois élu ? Allons-nous continuer à fermer les yeux devant les bassesses outrageuses de l’action politique ? Le pouvoir rend fou. Mais le pouvoir est donné par le peuple et pour le peuple. Comment expliquer ainsi l’absence de référendum dans notre pays ? La peur des partis et du pouvoir de se voir décrédibiliser ? Car la confiance fonctionne aussi dans l’autre sens. Le pouvoir fait-il confiance aux français ?
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON