Primaires roses, primaires vertes
Naguère en France, à chaque élection, les partis choisissaient leur(s) candidat(s). Pour l'élection présidentielle, la gauche française s'est lancée dans des primaires. Aux États-Unis, il y a deux primaires l'une pour les Républicains et l'autre pour les Démocrates ; en Italie, il y a eu seulement une primaire à gauche. En France, nous sommes plus riches, nous avons donc droit à 2 primaires à « gauche ». La rose et la verte.
Le Front de gauche (FdG) n'a pas adopté à ce type de procédure. Le Parti de gauche (PG) a offert comme candidat au FdG son fondateur. Les dirigeants du PC ont fait un effort démocratique, sans précédent, en proposant aux militants de choisir entre 3 personnes pour être candidat du FdG dont ils sont la force principale. Mais en désignant celui qui avait leur préférence. Et encore une nouveauté, ce candidat n'est pas membre du parti !!!
La droite, l'extrême gauche conservent leur méthode traditionnelle pour désigner leur candidat.
Le PS et Europe Écologie-Les Verts (EELV) ont choisi d'organiser des primaires.
Ces primaires rose et verte ont des caractères communs :
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Plusieurs candidats sont en lice : 4 chez EELV, la liste n'est pas connue pour le PS mais ils seront au minimum 3.
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Les instances supérieures n'indiquent pas quel est le « bon »candidat, peut-être parce qu'elles sont divisées sur la question même si la secrétaire nationale est probable candidate au PS.
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Le collège électoral est largement ouvert au delà des organisations moyennant une modeste contribution aux frais d'organisation du scrutin.
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La primaire doit dégager, dans les 2 cas, la personne qui sera susceptible d'attirer un plus grand nombre d'électeurs. Par sa personnalité et les inflexions personnelles qu'elle apportera au programme qui a été adopté « à l'unanimité » par les membres de son organisation.
Aux États-Unis, les primaires désignent les 2 personnes qui vont s'affronter et dont l'une gagnera la bataille de la présidence. En Italie, il s'agissait de désigner, après accord de l'ensemble de partis, la personnalité qui deviendrait chef du gouvernement en cas de victoire de la gauche aux élections législatives.
En France, les 2 primaires n'ont pas la même fonction. Derrière la fiction politique de la rituelle question « que feriez-vous si vous étiez élu(e) président(e) de la République ? » Tout un chacun sait que PS et EELV n'ont pas la même place sur le plan électoral. Pour le PS, il s'agit de choisir un(e) candidat(e) qui a vocation à arriver à la présidence de la République.
EELV doit désigner la personne susceptible d'obtenir le meilleur résultat (pourcentage à 2 chiffres ont dit les deux candidats favoris de cette primaire) de façon à placer EELV en position de force pour peser avant le second tour sur le programme du ou de la présidentiable PS dans un premier temps. Mais aussi pour obtenir du PS un maximum de circonscriptions gagnables lors des élections législatives qui suivront. Enfin pour des places dans le gouvernement en cas de victoire de la gauche.
Fort des résultats aux régionales, Daniel Cohn-Bendit proposait de soutenir dès le premier tour la personne désignée par la primaire rose, pour lui DSK, et d'obtenir en échange la promesse d'un groupe parlementaire.
Pensant que la campagne électorale serait un moment fort pour parler de leur programme, que le temps était favorable, EELV a choisi d'aller à la présidentielle. C'est un pari risqué. Car, dans le passé, les résultats résultats électoraux ont beaucoup varié suivant le type d'élection ou la personnalité qui conduisait l'élection. Élections régionales, élections européennes, donc sans enjeu national, avec la personnalité de Cohn-Benit. Aujourd'hui, élection présidentielle avec.... La primaire verte permet de constater qu'il n'y a pas un(e) candidat(e), évident(e), naturel(le), indiscuté(e)...
Pour les participants à la primaire rose, les considérants sont un peu moins complexes dans la mesure où personnalité choisie a plus de chances d'être présente au second tour.
Tout l'enjeu de la primaire verte est là : trouver la meilleure personnalité. Avec une composition hétérogène du corps électoral qui est constitué de 3 groupes : les Verts, les Coopérateurs qui ont adhéré à l'initiative d'élargissement défendue par Daniel Cohn-Bendit et ceux qui se sont inscrits simplement pour participer à la primaire.
C'est ce pari risqué, audacieux qui explique peut-être qu'il n'y a pas, à cette primaire, un(e) représentant(e) de la vieille garde verte mais deux personnalités, connues et appréciées de la société civile. Sensées attirer des voix bien au delà de la sphère d'influence traditionnelle des verts.
Finalement, c'est sur l'image et les sondages plus que le programme que les militants et encore plus les participants à la primaire et les électeurs à la présidentielle vont se déterminer.
Il n'est pas sûr que la démocratie y gagne beaucoup.
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