Primaires socialistes : Jack Lang lâche Aubry !
S’il y a, chez les socialistes, un apparatchik qui se distingue par sa versatilité… Sa capacité à changer d’opinion au gré des élections, à retourner sa veste, nul doute que la palme d’or revient à l’ancien ministre de l’ Éducation nationale. « Celui qui aime les projecteurs, les honneurs », pour reprendre les termes de Moscovici, vient de poignarder la Première secrétaire générale du parti, s’inspirant de « Ravaillac ». Après l’avoir soutenue comme il aime à le répéter, ce dernier préfère maintenant « Hollande », en tête des intentions de vote. L’homme de culture ne parie jamais sur l’outsider. Il va là où le vent le porte. Il faut dire qu’avec lui, l’amitié connaît les joies du rebondissement, de la géométrie. Quand elle n’est pas une denrée rare que seul un Mitterrand, au sommet de sa gloire… comme en fin de règne, a eu l’honneur d’éprouver. Que reproche-t-il à la candidate ? Ses ambitions, son parcours, sa filiation ? Certainement pas et le maire de Lille- à juste titre- n’a aucune leçon à recevoir du courtisan. Les 35 heures ? Non plus.
A vrai dire, le député de la sixième circonscription du Pas-de-Calais, les soutient encore même s’il plaide pour un réaménagement. Histoire de montrer sa plasticité… son ouverture. Plus prosaïquement, deux prises de positions expliquent le parjure. L’une ayant plus de poids que l’autre. Interrogé par Bruce Toussaint sur Europe1 jeudi matin, « le mécène » n’a pas apprécié que « sa candidate » réduise l’école à une peau de chagrin. Mais surtout qu’elle se désolidarise de Dominique Strauss Kahn, en plein tourmente judiciaire à New-York. Pour Jack Lang, rappelons-le : « Il n’y avait pas mort d’homme. » Une tentative de viol sur une femme de ménage immigrée importe peu. Encore moins si « l’agresseur présumé » est un ami, un frère d’armes ! A cette étrange vision du monde- insolite pour « un homme de gauche » qui fait de l’injustice, son fond de commerce, pourtant- Martine Aubry, en féministe avertie, bien que poussée par Hamon, a du se démarquer, ontologiquement : « Je pense la même chose que beaucoup de femmes sur l’attitude de Dominique Strauss-Kahn vis-à-vis des femmes. »
Cette mise au point n’a pas été du goût du « parrain » qui, aujourd’hui, lui fait payer sa « désinvolture » au centuple. Une irrévérence qui ressemble davantage à une émancipation de la suffragette. Cette attitude, toujours est-il, a de quoi questionner l’intelligence. On juge un candidat sur un programme, des idées, des chiffres quand on est un tant soit peu cohérent, lucide et non pas sur une déclaration au Grand journal ! Loin d’être une anecdote de salon, une énième contorsion d’un récidiviste de haute voltige, cet épisode marque une fracture, rue Solferino. Désormais, il y a les clientélistes en fin de vie, ceux qui ne jurent que par la bande, les services, les allégeances, les arrangements… et les autres, les moins retors, les laborieux. Qui, tant bien que mal, s’efforcent de réhabiliter le politique par le prisme du réel, du faisable, le terrain. Quitte à désacraliser des mythes, marcher sur des cadavres, heurter des orphelins. Au risque de blesser les adorateurs d’icônes. Les faux prophètes, les « guides » vieillissants qui ne parviennent pas à décrocher. Mais toujours prompts à incarner les « éclaireurs » rancuniers, les maîtres de sentier incontournables. Des faiseurs de roi sur le déclin, somme toute, persuadés encore de l’influence de leurs avis sur un parti qui leur échappe.
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