L’historien Jean-François Solon l’affirme : Catherine de Médicis, dont la sulfureuse réputation fait encore frémir les mémoires, aurait usé de tout son pouvoir pour établir une paix impossible entre catholiques et protestants. Le massacre de la Saint-Barthélémy marqua l’effroyable échec de ses efforts. Et elle entra dans l’Histoire avec cet épisode sanglant sur les mains. Plus de quatre siècles après sa mort, des études historiographiques conduites sur deux décennies tendent à la réhabiliter.
Le Nouvel Obs du 24 décembre 2009 reprend une thèse publiée en 2003 par de Jean-François Solon dans une biographie sur Catherine de Médicis. L’historien déclare que cette femme de pouvoir que l’on dit machiavélique et empoisonneuse, aurait été digne du prix Nobel de la paix. Effet d’annonce pour doper les ventes de son livre ? Il semble que non, les conclusions de vingt années d’études iraient dans le même sens.
Il nous faut d’abord nous remémorer ce que fut Catherine de Médicis au regard de l’Histoire pour les générations passées et présentes.
Mariée à Henri II, fils de François Ier, son royal époux la négligea et lui préféra sa favorite Diane de Poitier (voir mon article "
Diane et la beauté éternelle").
Elle donna néanmoins dix enfants à son époux dont trois rois de France (François II qui ne régna qu’un an et fort jeune, Charles IX sous le règne duquel se perpétra le massacre de la Saint-Barthélémy, et Henri III qui fit assassiner le Duc de Guise et qui nous laissa son souvenir grotesque avec ses mignons et son bilboquet).
Catherine de Médicis enfanta aussi une reine, Marguerite, épouse du roi de Navarre qui sera roi de France sous le nom de Henri IV. Marguerite entra dans la légende sous le nom de la Reine Margot qu’incarna à l’écran Isabelle Adjani.
Fille du florentin Laurent de médicis, surnommé Le Magnifique, Catherine de Médicis naquit en 1519 à Florence. Mariée à Henri II, son pouvoir sera quasi inexistant sous le règne de ce dernier et de son fils aîné François II. Mais elle prend sa revanche par la suite. Régente de son second fils régnant, elle gardera une emprise permanente sur ce dernier durant toute la durée de son règne. C’est elle qui sera l’instigatrice de l’assassinat du chef des protestant, Gaspard de Coligny, et du massacre de la Saint-Barthélémy qui suivit.
Mais - et le "mais" se fait de plus en plus audible aujourd’hui - elle n’aurait pas ménagé ses efforts pour tenter de sauver la paix en soutenant tantôt un bord tantôt l’autre, à savoir le clan catholique et le clan protestant. A son actif : En 1560, elle arrange le mariage de sa fille Elisabeth de Valois avec le roi catholique d’Espagne, Philippe II. Mais en 1572, elle marie son autre fille, marguerite de Valois (future reine Margot) au jeune prince protestant Henri de Navarre, qui deviendra Henri IV. Soucieuse de maintenir un certain équilibre entre les factions en présence pour éviter la guerre religieuse, elle commence à s’inquiéter de l’emprise des huguenots sur son fils Charles. Par raison d’Etat en quelque sorte, elle fomente l’assassinat de Coligny et le massacre de la Saint-Barthélémy. Et la voici cataloguée dans l’Histoire avec les sinistres figures de Louis XI, de Richelieu, de Talleyrand. Entre autres.
Pour l’historien Jean-François Solon, c’est à tort que l’on prêta à Catherine de Médicis l’empoisonnement du fils aîné de François Ier même si ce décès opportun ouvrit la voie à son époux Henri d’Orléans - le futur Henri II - et que ce fut un comte italien de son entourage qui tendit la coup au dauphin. L’historien s’efforce de redorer le blason de cette reine en rappelant que le roi lui imposa de faire ménage à trois avec Diane de Poitiers, la favorite. Il souligne les traits humains du personnage qui aimait faire bonne chère et goûtait la plaisanterie graveleuse.
Mais le débat est-il clos ? D’autant plus que le Nouvel Obs n’est pas toujours sans parti pris. Ainsi, l’hebdomadaire publia-t-il un numéro spécial grandes dames de France où il oublia Anne de Bretagne qui fut pourtant aussi reine de France à deux reprises alors que la revue consacra un bon chapitre à ...Carla Bruni ! (lire mon article "
Le Nouvel Obs ne connaît pas Anne de Bretagne")
Bibliographie :