Programme du PS : un vague enchantement !
Vaguelette enchantée ou Tsunami de gauche dans le marigot du même nom, nous sommes enfin fixé !
On l’attendait depuis au moins 2002. C’est à dire depuis que ce parti a fait LA découverte capitale. Il ne suffit pas de s’auto proclamer « camp du bien et de la construction de l’avenir radieux réuni » pour convaincre les électeurs. Il faut aussi leur expliquer un peu. Non seulement où l’on va, mais aussi, ne serais ce que « vastement », comment on va y aller.
C’est chose faite ou en tous cas, en « devenir » ce qui à gauche revient à peu prêt au même.
Enfin ! Nous avons des éléments sur leur « vaste » programme !
On va peut être enfin sortir de la stratégie « peopolisation » et immobilisme à outrance qui tenait lieue d’ersatz de programme à l’opposition.
A entendre le PS, on avait en effet le sentiment que les principaux problèmes du pays étaient : d’une part, la taille des talonnettes de notre président ; la marque des sa montre et les lieux de villégiature de ses Ministres. Si on ajoute que Marine Le Pen était alternativement, « au fond une très brave femme », dés lors que son score pouvait handicaper Sarkozy au second tour, mais redevenait, à idées constantes, « une fasciste pire que son père », si elle risquait de faire chuter le PS au premier tout…On pouvait penser que seul les personnes avaient de l’importance.
Sans parler du purement interne avec ses fines balances entre candidats distinguables, et encore pas toujours, par leur millésime de l 'ENA et une gauche recherchant désespérément si l’un d’entre eux était moins décrédibilisé que les autres et susceptible de gagner quelque soit du reste son programme. Genre, « le pouvoir pour le pouvoir ». L’important c’est de gagner, ce qu’on fera après, on verra bien…
Jamais nous n’avions eu une gauche aussi étroitement dépendante des programmes de droite et aussi conservatrice. On ne va pas faire une liste de nationalisation parce que ce serait un bon outil de politique économique. Non, on va re nationaliser ce que la droite a privatisé. Et on ne sait pas si ils vont privatiser ce qui a été nationalisé de fait sous Sarkosy, mais on ne peut pas l’exclure vu l’expérience Jospin. On ne va pas proposer un abaissement de l’age de la retraite, ou un passage au 30 heures, qui « créerait tellement d’emploi ». Non, on va revenir minutieusement à la situation ex ante… On ne touche à rien, et la ou cela aurait bougé, on repart en arrière.
Si on n’était pas en France et si ce n’était pas la gauche, on appellerait cela du conservatisme borné.
Enchanter signifie en effet soumettre une personne ou une chose grâce à l’action de charmes, c’est-à-dire de formules incantatoires (chants, psalmodies, paroles magiques)
Venant d’un parti de profs, d’universitaires et de fonctionnaires recrutés sur concours, il est absolument impossible d’imaginer une insuffisante maîtrise de la langue française.
L’"oralisation" est la solution de tous les problèmes chez ces pédagogues et psychologues nés.( chez eux, c’est comme cela que l’on appelle les incantation)
Souvenez vous aussi. Ici, on parle de « démocratisation », mais la dernière fois, c’était « participation ». Pendant la campagne, il n’était évidemment pas question que qui que ce soit d’autre que la candidate prenne quelque décision que ce soit. Mais tous avaient le droit d’en parler entre eux et autant qu’ils voulaient, avant ou après qu’elle-même ait décidé et de psalmodier avec elle. En langage de droite, cela s’appelle cause toujours. On y reviendra.
Le pire, c’est que cela fonctionne ! Qui ne se souvient avoir vu aux infos, sur les chaînes de service public, des caïds de banlieue et autres narcotrafiquants, (de couleur indéterminée pour ne pas tomber sous le coup de la loi) expliquer doctement et sous la dictée, à des journalistes sympathisants, et généralement intermittents du spectacle à FR3 région, qu’au fond, « ils se sentaient victimes d’une société injuste qui les rejetait ».
Et au second tour, même Arlette, pour le coup littéralement « envoûtée », a finit par croire que Royal était à gauche.
Enfin, dont acte : Avec Sarkozy, on était revenu un peu dans le réel : « on ne peut plus continuer à dépenser à tous va, à crédit, sans se demander pourquoi et comment et sans penser aux générations futures et c’est douloureux mais il faut le faire ».
On va revenir à la douillette « pensée magique ». Vous inquiétez pas les gars ! « Les autres » payeront ! Abracadabra ! tournicoti, tournicotons ! Shazam ! Et passez muscade.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Calimero
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Man%C3%A8ge_enchant%C3%A9
http://fr.wikipedia.org/wiki/Captain_Marvel_%28DC_Comics%29
Hommage aux grands anciens !
On se frotterait déjà les mains à l’idée des futurs meetings de campagne socialiste. Mais il ne faut pas se faire trop d’illusions. Oui, en ces temps de mondialisation et même d’alter mondialisation, on échange les idées et les pratiques. Les réalités et contraintes locales l’emportent quand même. Laïcité oblige, et malgré les « forces de l’esprit », nous ne verrons sans doute pas Martine en transes habitée, « possédée » par « Dieu » façon Jack Lang (Mitterrand est en moi !) Et avec son projet non violent plus la contrainte écologique, on aura même pas les sacrifices de poulets. C’est égal on risque de ne pas s’ennuyer !
Dans un second temps, on rit moins.
Le programme est toujours le même. Des crédits et des postes pour la fonction publique avec une source de financement simple et de bon sens : faire payer les riches (dans le truc d’Aubry cela s’appelle « réforme fiscale » et « plus équitable », mais je traduis pour ceux qui n’auraient pas compris).
Ce n’est pas absolument bouleversant d’innovation et de créativité. On a « vastement » l’impression, non seulement d’avoir déjà entendu cela quelque part, mais même, d’avoir déjà essayé, et sans grand succès.
Attention toutefois : avec les chiffres qui courent sur les sites de gauche, les pauvres, c’est « les 10 millions de salariés à moins de 750 euro par mois », beaucoup d’entre nous risquent de se retrouver sinon riches, du moins virilement appelés a contribuer, plus vite qu’ils ne croient.
Là ou on ne rit vraiment plus du tout, ou alors jaune c’est dans les grandes ambitions affichées.
Redonner du sens !? Changer de civilisation !? On sent qu’on est dans du sérieux, dans du lourd ! Peut être même sur la vraie question de fond.
Ces ambitions ne sont pas non plus illégitimes en elles mêmes. D’ailleurs, lesquelles le sont en démocratie ? En revanche, elles posent un choix de société très clair
- Il y a un camp, qui attend du politique, à travers l’Etat et ses personnels appointés, qu’il donne un sens à la vie des gens. L’état va nous « changer de civilisation ». Et à nos frais.
- Il y a un autre camp qui pense que le sens de la vie est l’affaire de chacun. Que le politique est l’art de gérer le « vivre ensemble ».
- L’un qui pense que si on a une majorité, même forte, cela n’interdit pas aux minorités d’exister et d’être respectées. Y compris si elles on un autre « sens de la vie » ou un autre « choix civilisationnel ».
- L’autre qu’à partir de 50% plus une voix, on peut « changer de civilisation ». Excusez du peu !
- L’un qui sait qu’une société, une civilisation produisent des Etats.
- L’autre qui croit que c’est l « Etat qui doit accoucher la société ».
Ils en sont vraiment là !?
Oui ! Et même si cela est tellement intégré à leur subconscient qu’ils ne s’en doutent peut être pas eux même, le politique qui avec l'outil de l'Etat, accouche d'une société nouvelle, c’est bien un programme bolchevique.
On voit bien comment ils ont traduit Koulaks (société du mépris, du spectacle mais nous savons tous que les « sociétés », à la fin, ce sont toujours des hommes concrets). On se surprend à chercher comment ils ont traduit avant-garde et dictature du proletaria. Peut être un « vaste » quelque chose dans l’idée incompréhensible que « la présidence s’est affaissée » et qu’il faut « rééquilibrer les pouvoirs » ?
Pourquoi je ne parle pas de l’aspect totalitaire contenu dans le « projet éthique et vérité » ? Parce qu’il ne faut pas trop en demander, Expliquer à un électeur de gauche la différence entre faire respecter la loi, dicter la morale et révéler la vérité au peuple, en ces temps de Zeymourisation c’est, et trop compliqué, et trop dangereux a la fois.
On avait la « Madone du Poitou » qui psalmodiait « tous ensemble tous ensemble » dans une sorte de néo catholicisme défroqué pour rogner sur le modem.
Changement radical de stratégie ! Tous à gauche !
On a maintenant Martine/Zebullon, qui fait plus dans les incantations, les contes de fée, genre arts et traditions populaires, recettes de bonne femme , médecine alternative ou rebouteux de village. Sans doute plus efficace pour capter les voix laïques et écolo des gauches marginales.
C’est, enfin, le grand virage à gauche annoncé du PS. On revient aux fondamentaux. Avant on essayait d’être compris par un peu plus de la moitié de la population. C’est finit.
Il faut bien voir qu’aucun électeur de droite ne peut lire des trucs pareils sans éclater de rire. Désormais, Martine s’adresse exclusivement à son camp, à son cœur de cible. Le retournement du discours au second tour, si la question se pose ne va pas être simple.
Et un « trou noir » du « sens » qui n’est pas nouveau non plus. Civilisation dans un seul pays ?
On ne nous dit pas ce qu’il adviendra de ceux à qui notre civilisation ne déplait pas tant que cela. Et je pense évidemment à nos voisins. Je ne vois pas qu’il soit question de demander leur avis à ceux des français, éventuellement et conjoncturellement minoritaires, qui ne partageraient pas la grande ambition.
Si je crois avoir réussi à décrypter plus ou moins le reste, sur ce point, j‘admet rester un peu dans le flou. On « change de civilisation » tous seul comme des grands dans notre coin, ou on convainc parallèlement nos petit camarade de civilisation ? Et comment ?
« Civilisation dans un seul pays » ou « internationale civilisationnelle » ? Le débat n’est pas neuf et n’est visiblement toujours pas tranché.
Mais enfin dans l’ensemble le projet reste le même :
Nous rendre heureux, malgré nous si il le faut et de toute façon à nos frais, à grand renfort d’état, de service public et d’impôts.
C’est aussi comme toujours, le même « centralisme démocratique ». La "démocratisation Martinienne" est l’autre nom de la "participation Segolenienne". Il ne semble pas avéré que les militants autres que ses proches aient délibérés du changement de civilisation, mais il semble à peu prêt certain qu’elle n’a pas demandé l’avis des autres candidats. En tous cas, elle ne les a pas associés à la proclamation du projet « collectif et démocratique ». Le Monde, qui s’y connaît en démocratisation et participation, commente. « Martine marque son territoire ». Ca commence plus tôt mal au sein du parti qui « préfère les solutions collectives à l’individualisme forcené du néo libéralisme égoïste. Enfin, quand je dis commence… C’est par politesse.
« Gauche guépard ? » ou Gauche « Charmed »
Bref, c’est la gauche « guépard » tout changer dans les formes pour que rien ne change sur le fond, comme le voulait les aristocrates du roman de Lampedusa. Le monde bouge, nous persévérons dans l’être. D’aucun nomment également cela « le bougisme.
Mais c’est aussi l’héroïne de la série « Charmed ». Comme la bonne sorcière Piper Halliwell, Martine peut à la fois arrêter le temps, (elle voit le monde comme en 1867), et faire exploser les démons !
Avec elle, c’est promis, non seulement on replâtre, on re-ponce, on re-ravale, et on repeint avec des so-cié-tés : Y a pas a dire, c’est du travail soigné, Façon monument historique, à la feuille d’or, genre Dôme des Invalides, Pour un peu, on croirait avoir affaire à du neuf, mais l’objet reste quand même dans son jus. Il y a même la petite touche de modernisme qui fait que de loin cela aurait presque l’air vivant ou moderne. Vous voyez ? La pyramide du Louvre, les colonnes de Buren….
- Société du « care » ?! Là, j’admet, je ne suis pas sur d’avoir compris. .Les soins cosmétiques remboursés par la sécurité sociale ? Il s’agit sans doute plus tôt d’une société « Docteur Knock ». La moitié de la population soignant l’autre et vice versa. On s’y achemine clairement vu la pente des dépenses de la sécurité sociale si on ne fait rien. Cela est confirmé ci-dessous.
- Société du « soin mutuel »…. !? Moi aussi j’ai réfléchi plusieurs fois. C’est la traduction de la précédente, mais avec « mutuel » en plus. Je crois que j’ai compris. Ce n’est pas juste pour les non anglophones, dans un louable et tout nouveau souci des bacs moins4 comme ils les appellent entre eux, de ce fameux « peuple » dont on se demande pourquoi il vote à droite. C’est pour expliquer que « non, ce ne sont pas seulement des crédits et des postes », mais que tout un chacun sera appelé à seconder gratuitement les efforts payant des fonctionnaires pour que nous nous aimions les uns les autres. Nous allons nous entre lécher nos petit « bobos », avec ou sans jeux de mot au choix.
- Société du « bien être » : Franchement ré-enchanteur mais un peu poussif peut être. Une idée ? Dans le feuilleton « la Demoiselle d’Avignon », il y avait un « Ministre de la Joie de vivre » Cela ne veut pas dire grand-chose non plus mais ça fait plus proactif, moins charentaises non ?
- Société de la « transition » sociale écologique : Très fort ! Des faux airs de « sortie du capitalisme » sans le dire tout en le disant, mais « quand même, et cependant, pas pour tout de suite, vous comprenez parce que…enfin, vous voyez ce que je veux dire…. » A l’époque, on disait, le communisme comme étape de la construction du socialisme et il faut bien admettre que c’était quand même plus clair même si moins « charmant ».
- Et enfin un « socle industriel ré-armé » dont on ne sait pas si il donnera la priorité à l’industrie lourde, comme au bon vieux temps, mais qui sera « in-no-vant ». Le créatif étant réservé aux sociétés ci-dessus.
Que d’incantations en perspectives pour la campagne ! In-no-vons ! Cre-a-ti vons !
Les méchants pourraient prétendre que la « transition écologique sur socle industriel en béton armé », ce n’est jamais qu’une nouvelle mouture de la « civilisation agro pastorale en milieu urbain » de Mitterrand. Mais ce serait injuste. C’est au contraire la preuve que Martine qui a bien travaillé trois ans dans l’industrie et pas juste émargés comme figurant auprès des cosmétiques vichystes devine qu’il pourrait bien exister une économie. C’est un notable progrès à gauche.
C’est sur qu’à ce stade de la lecture, on finit par se demander si on comprend encore de quoi on parle ou si au contraire on le comprend trop bien…..Mais dans les deux cas, il va falloir voter.
Maintenant, franchement ? Non, blague dans le coin ? Si vous êtes vous même de gauche et que vous appelez tous cela de vos vœux, (la civilisation, les incantations, le bien être transitionnelle, le « care » ré armé et autre relations agropastorales en milieux urbain) Vous y croyez vraiment vous, que c’est ces gens qui vous les donnerons ?
Mais si au vu de ces inepties, vous pensez que « Vague du Poitou ou Madone enchantée », il faudrait quand même aussi un vrai programme, je crois qu’il est urgent de vous mettre au boulot.
Aussi, a ce stade, et pour anticiper sur la « société du soin mutuel », je tiens a léchouiller plus particulièrement au passage, ceux d’entre vous qui sont encore vraiment marxistes ou même simplement socialistes. Que Sarko soit une crapule est dans l’ordre des choses. Après tout, il est « à droite ». Mais voir s’affubler d’une défroque « de gauche » des gens qui ridiculisent aussi ouvertement vos valeurs les plus sacrées, cela doit faire vraiment mal. Соболезнование !
Bonne chance quand même, parce que moi, votant a droite, j’ai la conviction que la gauche a aussi des choses utiles à dire dans notre société et je ne les vois pas ici.
Bah, c’est peut être juste que je suis bigleux ou pas encore assez « enchanté » ou pas assez à gauche pour comprendre….. C’est pas grave….
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