Projet de référendum sur les services publics
Est-ce que ce sera l’événement de la rentrée ? Michel Vauzelle vient d’annoncer que son initiative de pétition pour intégrer une « charte des services publics » dans la constitution avait recueilli largement plus que le nombre nécessaire de parlementaires (20%). Pour que le référendum ait lieu, les parlementaires doivent être soutenus par 10% des électeurs inscrits sur les listes électorales.
Le 20 août à midi, le compteur du site de la pétition annonçait 276 700 signatures. Il faut atteindre environ 4 000 000. Mais on peut considérer que cela démarre pas mal, puisque le Président de la région PACA n’a pas encore véritablement lancé la grande campagne prévue au mois de septembre pour recueillir les signatures.
Le thème est consensuel à gauche, c’est évident. Il l’est aussi dans les zones rurales et dans les quartiers urbains déshérités au-delà du clivage politique entre la droite et la gauche. La force est peut être aussi la faiblesse du texte, il s’agit d’une proclamation dont on mesure mal les conséquences concrètes. Mais cela laisse de la place au débat public, et c’est peut être le plus important.
Le premier enjeu est précisément de savoir si le Parti Socialiste est capable de reprendre une place centrale dans la politique nationale. Il y a un double défi dans le projet lancé par Michel Vauzelle :
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obliger le Président de la République à aller au bout de ses engagements sous la pression, et donc faire voter la loi organique nécessaire par les parlementaires pour faire entrer en application la réforme institutionnelle votée le 21 juillet 2008 en Congrès à Versailles
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mobiliser 4 000 000 d’électeurs, élargir la base militante de la gauche et repositionner la coopération entre les forces de la gauche dans un mouvement collectif
Incontestablement, cette pétition est une opération de grande envergure. Les socialistes n’ont pas énormément de cartes dans leur jeu, ils sont confrontés à la pression de l’extrême gauche, des écologistes et du centre. Face à l’extrême gauche, le thème des services publics est a priori très efficace et Michel Vauzelle peut espérer que les syndicalistes joueront discrètement le jeu, d’autant que le NPA les agacent un peu. Le Modem ne peut que se rallier et jouer sa petite musique, François Bayrou devrait s’y trouver moins décalé que dans la campagne des Européennes et plus contraint aussi de trouver plus d’espace d’expression pour ses militants, plutôt centre-gauche que centre-droit. Le plus difficile, ce sont les écologistes.
Un grand débat participatif national au-delà des intérêts catégoriels ?
Les Verts n’ont aucune raison d’être contre la défense des services publics, mais ils sont au fond assez réservés sur le conservatisme républicain et étatiste qui affleure dans plusieurs des 7 articles de la charte. L’hostilité entre Dominique Voynet et Jean-Pierre Chevènement, très illustrative de cette différence, n’est plus qu’un souvenir, mais il faut éviter de réveiller les plaies latentes. Ils savent à la fois que le PS garde la haute main sur la démarche, parce que les parlementaires contrôlent de fait la rédaction du texte, et qu’une partie de l’électorat urbain de gauche voit dans le vote écolo la meilleure façon de se débarrasser des éléphants socialistes. Le PS a été dépassé en Ile-de-France et en Rhône-Alpes et rien ne le garantit que contre le renouvellement du succès électoral d’Europe écologie en 2010, les électeurs voyant peu d’enjeux dans les régionales et peut être une nouvelle bonne occasion de faire valoir leurs sentiments réels.
Sur la réforme de l’administration territoriale par exemple, les Verts ont pris des positions très réformatrices et finalement souvent plus proches de celles d’Edouard Balladur et Dominique Perben que de Claudy Lebreton, président PS de l’Assemblée des Départements de France, par exemple. Le Parti Socialiste a souvent eu des allures de syndicat de la fonction publique ces dernières années, alors que les écolos sont beaucoup plus à distance des appareils syndicaux type FSU. Cependant la méthode Vauzelle pourrait convenir au rassemblement écologiste, Daniel Cohn Bendit ne cesse de rappeler qu’il faut rechercher des regroupements qui sortent du schéma traditionnel des partis politiques.
C’est peut être l’occasion aussi de faire un vrai grand débat participatif national, avec un peu de marge par rapport à la préoccupation électorale majeure de 2012. Au fond, la question principale est de savoir si un vaste débat national autour du rôle des services publics peut se développer au-delà des intérêts catégoriels et des corporatismes statutaires. Voilà un improbable défi qui pourrait être relevé grâce à de fortes motivations circonstancielles.
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