Prudence et petits pas
L’électeur de la Vieille Europe sait qu’il faut faire des réformes libérales, mais il craint d’aller trop loin trop vite. C’est la principale leçon des élections allemandes de dimanche, avec la droite CDU-CSU et la gauche SPD au coude-à-coude. Avec deux tiers des suffrages, les formations d’Angela Merkel et de Gerhard Schröder ont un clair mandat populaire pour gouverner ensemble et poursuivre résolument les réformes de l’Etat-providence et du marché du travail. Et cela au-delà de leur rivalité personnelle pour le poste de chancelier.
En dépit de l’impopularité annoncée des réformes sociales-libérales de Schröder, un électeur allemand sur trois lui accorde sa confiance. Et un autre électeur sur trois veut pousser les feux libéraux avec Merkel. Si on ajoute les votes des Verts (réformes tendance Schröder) à ceux du FDP (réformes tendance Merkel), nous avons une ’motion de synthèse’ de 85% du peuple allemand : allons un peu plus vite dans les réformes qu’avec l’alliance SPD-Verts, mais sans s’emballer comme le proposait celle de la CDU-CSU et du FDP.
La confusion post-électorale des états-majors des partis allemands ne doit en effet pas masquer l’enseignement limpide de ce scrutin : le prochain gouvernement de Berlin sera un peu plus libéral (et atlantiste).
Quant à l’opposition franche aux réformes libérales, elle se limite aux près de 9% d’électeurs qui ont voté pour la gauche néo-marxiste d’Oskar Lafontaine (ex-SPD) et des ex-communistes de l’Est. Pas de quoi ralentir le train des réformes !
Nous retrouverons sans doute le même débat sur l’ampleur et la rapidité de la transformation libérale lors de la prochaine campagne présidentielle française : au sein de la droite (entre Nicolas Sarkozy , Dominique de Villepin et François Bayrou) et, ensuite, entre la droite et la gauche (quel que soit le candidat du PS, par exemple Dominique Strauss-Kahn). Il y a fort à parier que le scénario sera similaire lors des élections italiennes.
Les Allemands ne sont donc pas tombés sur la tête : leurs débats et les résultats de leur scrutin résument bien l’état d’esprit des citoyens de la Vieille Europe, convaincus de l’impérieuse nécessité de la réforme libérale, mais bien moins enthousiastes à l’embrasser que les Britanniques, les Scandinaves ou les pays de la Nouvelle Europe orientale.
Certains qualifieront cette attitude d’attentisme coupable. Mais pourquoi ne pas y voir plutôt de la sagesse populaire : le libéralisme, oui, mais avançons sans précipitation !
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