PS : ça bouge encore !
« Sans débat sur le fond, sans clarification politique, notre parti se divisera encore et, de départs en scissions, achèvera de se dessécher. (…) Notre tâche est de dégager un horizon réparateur et d’apporter des réponses à la colère, pas seulement de l’accompagner surtout quand elle est dévoyée et se trompe de cible. » (Motion de Nicolas Mayer-Rossignol).
Gros pataquès en vue pour le congrès du parti socialiste qui aura lieu ce week-end du 27 au 29 juillet 2023 à Marseille : le candidat proclamé battu ne reconnaît pas sa défaite en raison du faible écart de voix. On se bat encore pour être le chef du PS, ce qui est assez étonnant vu sa très faible capacité à produire du rêve et de l'espérance.
C'est que le PS est devenu un consortium qui gère encore beaucoup de collectivités locales et il y reste encore des enjeux financiers locaux. Contrôler le parti permet de thésauriser et d'avoir un trésor de guerre pour 2027.
En raison de la contestation des premiers résultats émis dans la nuit du 19 au 20 janvier 2023, une commission de récolement a recompté les voix dans certaines fédérations. Avant de poursuivre, attardons-nous sur le nom, "commission de récolement". La dernière fois que la vie politique française a vu surgir cette expression auprès du grand public, c'était à l'occasion du congrès de l'UMP en novembre 2012. Là encore, le très faible écart de voix entre Jean-François Copé et François Fillon avait suscité des contestations durables au sein de l'ancien parti gouvernemental.
Quatre critères ont été retenus pour annuler (invalider) des voix : violence sur lieu de vote, pressions et intimidations, vote électronique non conforme et présence de bulletins dans l'urne avant l'arrivée de surveillants. Ambiance !
Cette commission, présidée par Corinne Narssiguin, a clos ses travaux le dimanche 22 janvier 2023 dans l'après-midi, faute que les représentants de l'un des deux protagonistes, Nicolas Mayer-Rossignol (le maire de Rouen), n'aient accepté de passer au vote.
Résultat : non seulement la victoire du premier secrétaire sortant Olivier Faure est confirmée, mais elle est encore renforcée avec un meilleur pourcentage. En effet, sur 23 527 suffrages exprimés, 12 020 voix se sont portées sur Olivier Faure, soit 51,1% et 11 507 voix sur Nicolas Mayer-Rossignol, soit 48,9%. Un résultat que ne reconnaît pas, pour l'heure, les partisans de Nicolas Mayer-Rossignol, dénonçant un passage en force et la fraude beaucoup trop récurrente au PS. En outre, 18 606 adhérents n'ont pas pris part au vote, soit 43,9%, et 232 ont voté blanc ou nul, soit moins de 0,1% des 23 759 votants.
Cela doit donc cogiter dur, cette semaine, chez les éléphants, pour savoir quoi faire durant le congrès qui s'ouvre à Marseille ce week-end, congrès qui devait être la consécration d'Olivier Faure et de sa stratégie suicidaire de soumission totale à l'insoumise Nupes, dans une sorte de délire révélation. Nicolas Mayer-Rossignol a revendiqué une direction collégiale faute d'être vraiment départagés par les militants du PS. Mais nul doute qu'une autre option s'ouvre à tous ceux qui veulent quitter le train de la Nupes : la scission, avec le risque de l'extinction à très brève échéance. Car le PS reste encore une structure qui a une réputation (certes mauvaise mais il existe politiquement) alors qu'un schisme, nécessairement, enfouira les rebelles dans une oubliette médiatique.
L'ancien Président de la République François Hollande, qui peine à se convaincre qu'il ne sera définitivement l'homme providentiel de personne, espérait encore jouer un rôle de faiseur de congrès. Il risque juste d'être un faiseur d'anges, tant le silence risque de succéder à cette confusion mentale d'un groupuscule qui n'a pas su s'adapter à la marche du temps. Pendant que des nains jouent aux soldats de plomb, d'autres battent le pavé.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (25 janvier 2023)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
PS : ça bouge encore !
Éléphants vs Nupes, la confusion totale.
Olivier Faure.
Le leadershit du plus faure.
L'élection du croque-mort.
La mort du parti socialiste ?
Anne Hidalgo.
Le socialisme à Dunkerque.
Pierre Moscovici.
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