PS, information et journalisme !
Les derniers épisodes médiatiques concernant le PS donnent une idée bien précise sur la manière dont l’information est actuellement véhiculée et surtout comment les journalistes font (ou ne font pas) leur travail de journalistes.
Avec l’affaire Dray et le gag de Benoît Hamon plus besoin d’être un clerc de notaire pour se rendre compte qu’une certaine presse d’investigation est définitivement morte. Et ce n’est pas la diffusion anecdotique de Médiapart qui au passage se trompe complètement de concept de base ou la cible sélective de Rue89, qui y changeront quelque chose.
Il aura fallu que des internautes vigilants nous signalent l’impensable pour en prendre conscience. Le Journal Le Monde aurait publié le 19 décembre à 08h17 soit le matin même, des informations confidentielles sur l’affaire Dray en cours alors que les perquisitions étaient encore en train de se dérouler à son domicile et dans ses bureaux !
On sait que la publication en ligne autorise une certaine célérité, mais il y a parfois des détails assez troublants ... Comme pour les déclarations assassines de Benoït Hamon qui méritaient certes une mise au point mais pas autant de perfidie dans la présentation des faits. Pierre Moscovici a finalement répondu avec une certaine élégance en donnant de la hauteur à son propos qu’il serait presque inutile de reprendre le fil de l’affaire.
Sauf qu’il persiste quand même un petit détail à éclaircir. Ces propos qui sont en effet particulièrement virulents, le deviennent beaucoup moins dès qu’on les contextualise. En effet, ils ont été tenus par un Benoit Hamon excédé mais dans un journal régional à diffusion particulièrement confidentielle et pas encore publiés (? !!!)le jour où cet autre journal de premier plan : le Figaro, s’est fait un plaisir de les rapporter en laissant planer le doute sur la date et donc sur la qualité de l’intervenant. Même si Benoit Hamon est devenu porte parole plus tard, ses propos n’avaient déjà plus la même résonance.
Par ailleurs, en mettant en perspective la date de l’entretien avec les propos non moins virulents d’autres membres du clan Royal, comme ceux de Vaals au lendemain des résultats, pour ne citer que lui, on est en droit de se demander ce qui vaut cette mise en lumière sélective, sans recul, ni aucune précision journalistique.
Mais ceux qui doutent de la mécanique devraient justement se jeter sur le Figaro pour voir comment, faute d’avoir provoqué une tempête au PS, son journaliste s’est rabattu sur "les seconds couteaux" de la blogosphères, (les Leftblogs) pour justifier sa démonstration. Le journaliste (?) en question devrait pourtant être fier de son "scoop" car les leftblogs ne le remercierons jamais assez pour avoir boosté leur audience sauf qu’il aurait au moins pu citer un de mes billets ou de Nicolas non pour doper nos statistiques, mais juste pour modérer son propos ou lui donner un semblant de crédibilité.
Cependant le fait n’est pas anodin, même s’il n’y a plus besoin de se poser de questions au sujet de cette presse, qui à l’instar du Figaro, dont je ne me lasse jamais de rappeler la confidence radiophonique de Jean D’Ormesson, illustre particulièrement bien les propos de Bayrou sur l’indépendance des médias durant la campagne de 2007. Sauf que lui aussi en a bénéficié et bénéficie encore d’un traitement de faveur (j’y reviendrai un autre jour).
On pourrait se demander s’il ne s’agit que de la presse politique ou d’une certaine presse qui marche au pas. Mais non toute la presse joue le jeu, sciemment parfois ou inconsciemment et sans le vouloir le plus souvent.
Or ce qui interpelle c’est que le PS a enfin de son côté 2 atouts majeurs pour affronter une élection aussi importante que celle qui se profile déjà en 2012.
Une candidate charismatique, si si ... je l’ai souvent brocardé ici mais Ségolène Royal possède à l’instar de Nicolas Sarkozy ou dans une moindre mesure, François Bayrou, un charisme indéniable et une présence qui interpellent directement les foules au dessus du cadre politique traditionnel. Le PS ou même ses opposants internes les plus farouches ne devraient pas l’quitter des yeux cette donnée. La détruire bêtement par simple calcul politicien interne, serait stupide pour toute la gauche mais aussi pour les démocrates du Modem qui auraient pu gouverner avec elle si Bayrou n’avait pas bêtement décliné l’offre en 2007.
Car elle reste tout simplement la seule candidate "crédible" à gauche capable barrer la route à Nicolas Sarkozy et de se poser en alternative de gouvernement. Mais avec la gauche, toute la gauche et une bonne partie du modem, du moins les militants du centre gauche qui ont comme moi déserté un moment le PS (même si Bayrou s’y refuse idéologiquement).
L’autre atout est une machine redoutable avec ses personnalités de terrain mais aussi des personnes qualité bien implantées pour travailler les dossiers, qui s’appelle le PS. Il n’est pas, loin de là, si l’on juge par le nombre d’élus de terrain aussi moribond qu’on voudrait nous le faire croire.
Seule la rencontre de ces 2 composantes pourrait inquiéter Nicolas Sarkozy, qui est quasiment assuré d’être réélu en 2012.
Il faudrait en effet que ces 2 moitiés de PS se rejoignent sur le fond et laissent de côté la forme. Quelle société le PS souhaite, quelle Europe, quelle Santé, quelle fiscalité ... ?
Autant de sujets de fond sur lesquels les réponses autant que le débat lui même pourraient permettre d’arriver à dégager (ou pas) ce nécessaire consensus permettant de se poser en alternative.
Les Scoops sont donc distillés selon une logique imparable plus proche de la désinformation avec un calendrier implacable qui rend toute discussion impossible sur le fond et c’est justement là le cœur du problème.
On est aussi bien loin du journalisme que de toute logique d’information.
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