PS : le leadershit du plus faure
« Le parti socialiste dirigé par Olivier Faure est devenu une filiale de LFI (…). C’est désormais le cynisme qui prime. » (Motion 1 du 80e congrès du PS).
42 365 adhérents du parti socialiste devaient départager ce jeudi 12 janvier 2023 trois personnalités candidates au poste de premier secrétaire ainsi que les trois motions qu'elles soutenaient respectivement. Les résultats montrent que le parti socialiste continue à s'acheminer progressivement vers son extinction définitive, une perspective qui ne devrait pas émouvoir beaucoup d'électeurs français puisqu'ils n'étaient que 616 478 (soit 1,7% des suffrages exprimés et 1,3% des électeurs inscrits !) à avoir voté pour la candidate socialiste au premier tour de l'élection présidentielle de 2022.
La première information, c'est la participation : seulement 54,8% des adhérents ont voté, dont 0,6% blanc ou nul. Cela donne une réalité politique de 23 185 adhérents réels, les autres, qui se sont abstenus, étant soit de réels abstentionnistes (pour des raisons volontaires ou involontaires), soit des adhérents fantômes (anciens adhérents qui n'ont pas renouveler leur cotisation et qui ont quitté le PS depuis quelque temps).
Olivier Faure (député de Seine-et-Marne) et Nicolas Mayer-Rossignol (maire de Rouen) sont en ballottage et les adhérents sont appelés à revoter pour les départager au cours d'un second tour qui aura lieu le jeudi 19 janvier 2023. Olivier Faure a obtenu 11 277 voix, soit 49,2% et Nicolas Mayer-Rossignol 7 001 voix, soit 30,5%. Quant à la troisième candidate, Hélène Geoffroy (maire de Vaulx-en-Velin), elle est arrivée en dernière position avec 4 666 voix, soit 20,3%.
Ces résultats donnent une très mauvaise image de l'avenir du PS pour plusieurs raisons.
La première est la très faible participation qui place le PS en deçà du Rassemblement national en tant qu'organisation militante (le RN est déjà largement supérieur au PS en sièges de député) : en effet, lors de son dernier congrès du 5 novembre 2022, sur 36 673 adhérents déclarés, le RN a observé 26 218 adhérents ayant pris part au vote (à comparer aux 23 185 du PS). La participation y était également supérieure avec 71,5%. Si on compare avec un autre parti qui a fait son congrès récemment, Les Républicains, la participation du premier tour le 4 décembre 2022 était de 72,7%, de même ordre de grandeur qu'au RN, et le nombre d'adhérents ayant pris part au vote était nettement supérieur, 66 216.
La deuxième raison est le faible nombre de voix (49,2%) qu'a obtenues Olivier Faure, le premier secrétaire sortant. En principe, seule personnalité un peu connue au niveau national parmi les candidats, Olivier Faure, qui était très largement favori, n'arrive même pas à atteindre la majorité absolue. Il faut dire que conduire son parti autant au casse-pipe relève de l'exploit.
La troisième raison est paradoxalement le grand nombre de voix (49,2%) qu'a obtenues la motion soutenue par Olivier Faure. Cette phrase semble être le contraire du précédent point, mais c'est un fait : qu'il y ait une petite majorité des adhérents qui souscrivent à la politique d'abandon total du PS au profit de la Nupes est étonnant (voire fascinant). Un suicide assisté voulu par les adhérents eux-mêmes en direct live.
La quatrième raison est le faible nombre de voix recueillies par Hélène Geoffroy. C'est vrai qu'elle n'est pas une femme politique d'un grand charisme. Mais c'était la seule candidate à prôner le retrait immédiat de la Nupes et la reprise d'indépendance politique du PS.
Effectivement, la position de l'autre candidat opposant à la ligne d'Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol, est incompréhensible. En gros, selon lui, il faut que le PS quitte la Nupes tout en y restant. Je prédisais à tort une faible performance de cet entre-deux sans saveur. C'était sans compter sur le soutien des éléphants, à l'instar de David Assouline, Anne Hidalgo, Patrick Kanner, Jean-Pierre Sueur, etc., adeptes de l'insupportable "synthèse" (qui n'a rien à voir avec le concept du "en même temps"). Il s'agit ici d'un opportunisme trouillard qui ne tranche rien et qui laisse tout le monde dans l'indécision, c'est-à-dire un réel immobilisme politique (ce que le "en même temps" n'est pas car Emmanuel Macron, lui, tranche, la réforme des retraites en fait foi).
Même s'il y a une (petite) majorité absolue des voix qui s'est exprimée contre le premier secrétaire sortant Olivier Faure, ce dernier reste largement le favori de cette élection par l'absence d'offre alternative. Et ce n'est pas vraiment une surprise : depuis près de cinq ans qu'il est aux commandes, tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec sa tactique très lâche ont eu le temps de quitter le PS pour aller vers d'autres horizons.
La motion qui a obtenu le moins voix a été recalée probablement parce qu'elle était la plus lucide sur la situation actuelle du PS. Je ne résiste à citer, pour terminer cet article, un extrait du début de cette motion, signée par Hélène Goeffroy, qui est un constat impitoyable du PS d'aujourd'hui : « Depuis dix ans, nous n’avons plus réfléchi en profondeur. (…) La direction du PS a théorisé la fin du parti et a conduit une stratégie d’effacement derrière d’autres forces politiques, faisant de l’union de la gauche non pas une stratégie, mais une tactique désespérée. (…) Face au score de notre famille politique à l’élection présidentielle, la direction s’est ralliée à LFI, dans un accord "sauve qui peut", tentant de conserver quelques sièges à l’Assemblée Nationale, et ce, sans base programmatique et sans consultation des militants. (…) Le parti socialiste dirigé par Olivier Faure est devenu une filiale de LFI, la plupart des circonscriptions détenues par cette dernière étaient socialistes en 2012. (…) C’est désormais le cynisme qui prime, un populisme qui heurte nos valeurs, qui théorise l’apport des voix du RN lors des motions de censure votées récemment. ». C'est un diagnostic aussi sévère que celui d'une maladie incurable...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (14 janvier 2023)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
PS : le leadershit du plus faure.
L'élection du croque-mort.
La mort du parti socialiste ?
Anne Hidalgo.
Le socialisme à Dunkerque.
Pierre Moscovici.
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