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PS : Reims 2008, le congrès de Rennes II

Face aux disciplinés Romains de l’UMP, le petit village des irréductibles Gaulois du PS continue de s’enfoncer, encore et toujours, dans ses divisions internes. À la recherche de son nouvel Astérix…

Du 28 au 31 août 2008, passage obligé pour tout mouvement politique à la rentrée, le PS était d’université d’été. À La Rochelle. Seul rassemblement socialiste d’envergure nationale avant le congrès de Reims qui aura lieu du 14 au 16 novembre 2008.

C’était évidemment l’occasion de réfléchir sur le projet socialiste pour quelques milliers de militants socialistes, mais les médias guettaient surtout la guerre de positions des différents "premiers secrétariables" déclarés, et ils n’ont pas été déçus.


Mitterrand et Jospin, seuls leaders reconnus depuis la fin de la SFIO

Il y avait pendant plusieurs décennies François Mitterrand qui a réussi à enlever l’image socialiste terne de Guy Mollet.

Sa victoire du 10 mai 1981 a permis aux socialistes de s’installer au pouvoir et, depuis 1981, ils y sont restés trois législatures de cinq ans : de 1981 à 1986, de 1988 à 1993 et de 1997 à 2002. De quoi se donner une bonne expérience gouvernementale.

François Mitterrand avait, dit-on, deux dauphins : Laurent Fabius et Lionel Jospin. Ils ont donc commencé à se "battre" dès 1986 pour assurer l’héritage.


Déjà un congrès épineux à Rennes

Dès la réélection de François Mitterrand, les dissensions se sont exprimées au grand jour. Rennes fut en 1990 le théâtre bouleversant d’un congrès épineux. Le successeur putatif Laurent Fabius était rejeté manu militari, et Lionel Jospin et Michel Rocard s’alliaient à Pierre Mauroy pour prendre la tête du PS.

Les échecs électoraux successifs du PS de 1991à 1995 ont assaini la situation post-mitterrandienne : Rocard tué à bout portant par les européennes de 1994, Fabius atteint en plein cœur par le sang contaminé… il ne restait plus que Jospin.

Et Lionel Jospin a redynamisé le PS de façon inattendue : arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle de 1995 dont l’enjeu se dessinait uniquement entre Jacques Chirac et Édouard Balladur, Lionel Jospin réussit, après son échec attendu de 1995, à obtenir une majorité absolue de députés socialistes en juin 1997.

Il sera l’un des Premiers ministres les plus stables de la Ve République avec Georges Pompidou et Raymond Barre.


Abandon moral

Grâce à Lionel Jospin, le PS avait réussi à traverser la dure succession de François Mitterrand. Hélas, tout le potentiel politique du PS fut mis à plat par Jospin lui-même le 21 avril 2002 lorsqu’il a annoncé son retrait de la vie politique.

Retrait, abandon, trahison même pour certains… et j’ajouterai, lâcheté orgueilleuse également pour n’avoir pas soutenu Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen le 5 mai 2002. Pour avoir pris les mêmes positions qu’Arlette Laguiller. Relents de son trotskisme juvénile ? Amour propre démesurément gonflé ?

Toujours est-il qu’après ce grand abandon plus moral que politique, le PS est de nouveau en jachère.


Hollande gère la jachère

Certes, François Hollande n’a pas démérité en maintenant coûte que coûte l’intégrité du PS malgré les nombreuses forces centrifuges (notamment celles du référendum du 29 mai 2005).

Son idée, c’était qu’en étant le rassembleur du PS il serait nécessairement désigné comme le candidat des socialistes pour 2007. À cause de son ex-compagne, il a raté 2007, mais il espère secrètement encore pour 2012.

Un François Hollande à la Guy Mollet, assez fade pour ne pas susciter trop de répulsion interne.


Photographie du terrain de bataille

Depuis La Rochelle, la situation semble se clarifier un petit peu.

Déjà, il y a les deux grands candidats déclarés, évoqués en long et en large depuis un an par les médias, le choc des titans : Ségolène Royal et Bertrand Delanoë.

Notons au passage que la victoire de Bertrand Delanoë (qui, aujourd’hui, semble le plus populaire parmi les militants) constituerait un retour par la petite porte du jospinisme.

Le pari de Ségolène Royal est aujourd’hui très risqué puisqu’elle est sûre de ne pas avoir de majorité dans un premier temps.

Puis, il y a les "gauchistes" du PS, rassemblés autour de Benoît Hamon, qui savent qu’ils ne conquerront pas la direction du PS, mais qui cherchent à peser sur la future majorité interne.

Et enfin, il y a tous ceux qui refusent l’alternative Royal-Delanoë, et il y en a beaucoup : les fabiusiens, les strauss-kahniens, les partisans de Martine Aubry, entre autres.

Quant à Julien Dray et Manuel Valls, on ne sait plus très bien leurs intentions concrètes d’ici quelques semaines, sinon leur ambition personnelle.


Création d’un front anti-titans

Avant La Rochelle, les partisans de Dominique Strauss-Kahn, ceux de Laurent Fabius et ceux de Martine Aubry étaient donc tombés d’accord pour avoir une démarche commune face aux deux titans. Une sorte d’amicale des retraités du jospinisme.

Mais c’était sans compter avec l’ambition d’un stauss-kahnien, ancien ministre, Pierre Moscovici. Ce dernier en effet a décidé de tenter sa chance. Avec l’idée que, s’il était élu premier secrétaire du PS avec la garantie de ne pas être le candidat socialiste en 2012, il aurait plus de facilité à remettre de l’ordre dans la maison.

Hélas pour lui, Dominique Strauss-Kahn a dénoncé la démarche. Ce qui est logique, car la candidature déclarée (à la direction du PS) de Moscovici renvoyait définitivement les ambitions présidentielles de Strauss-Kahn aux oubliettes de l’Histoire.

Par conséquent, Pierre Moscovici s’est retrouvé très isolé à La Rochelle. Il est encore soutenu par Gérard Collomb, le maire de Lyon, et Jean-Noël Guérini, le candidat malheureux à la mairie de Marseille et encore président du Conseil général des Bouches-du-Rhône.


Mise en selle de Martine Aubry malgré Moscovici

Mais d’anciens amis l’ont quitté, comme le strauss-kahnien Jean-Christophe Cambadélis qui a suivi Laurent Fabius dans son soutien à Martine Aubry.

Car La Rochelle, c’est le retour de Martine Aubry, la dame des 35 heures. Figure militante du socialisme, à la fois réaliste et appréciée de l’aile gauche du PS, elle a nettement plus d’expérience gouvernementale que Ségolène Royal… et elle est aussi la fille de son père, Jacques Delors, une sorte de caution morale et européenne du PS.

Même Patrick Devedjian, secrétaire général de l’UMP, semble la préférer aux autres lorsqu’il déclare le 31 août 2008 sur RTL : « Quel est le candidat le plus dangereux pour nous : moi, je crois que c’est Martine Aubry », en expliquant : « Je pense que sur l’échiquier de la gauche, elle est à la fois modérée et en mesure de rassembler la partie la plus à gauche. Elle a une personnalité assez inattaquable et elle a une très grande conviction militante qui force parfois le respect. »

Fabius a tout de suite trouvé l’intérêt de remettre en piste Martine Aubry. Sa stature est suffisamment importante pour concurrencer Ségolène Royal et Bertrand Delanoë. Dominique Strauss-Kahn doit sans doute faire le même calcul. Fabius impopulaire pour l’instant (pour toujours ?), Strauss-Kahn occupé au FMI, Martine Aubry gère le PS et empêche la préparation trop tôt d’une candidature pour l’élection présidentielle de 2012.


Répétition du même vaudeville ?

Un scénario qui est déjà bien connu, puisque c’était celui de 2007 !

François Hollande voudrait bien contribuer encore une fois à un pôle majoritaire au sein de la direction socialiste.

Et Arnaud Montebourg, on ne sait plus trop bien, pour certains, il est encore auprès de Pierre Moscovici (Montebourg l’aurait confirmé), pour d’autres, il est parti avec Martine Aubry (il aurait préféré dîner avec elle, laissant Moscovici seul à table). Il est élu d’une région peu éloignée de la terre électorale du promoteur de la girouette, Edgar Faure.


À qui profitent ces querelles d’écuries ?

À qui profitent de telles incuries ?

À Nicolas Sarkozy et à l’UMP en général, bien sûr, qui doivent se frotter les mains.


Mais aussi à François Bayrou et au MoDem qui, eux, ont su vraiment s’opposer sur des points importants (privatisation des sociétés d’autoroute, fichier Edvige, indemnité pour Bernard Tapie, etc.) alors qu’empêtré dans son combat des chefs, le PS poursuit son aphonie.


À Reims, beaucoup de socialistes vont donc prier pour que ce prévisible nouveau congrès de Rennes se métamorphose en un improbable congrès de Lourdes.


Un miracle est si vite arrivé, avec Ségolène Royal !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (3 septembre 2008)


Pour aller plus loin :

Quand les éléphants pondent dans un nid de crabes (22 mai 2008).

Dernières dépêches de presse sur la situation au PS.



Documents joints à cet article

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4 réactions à cet article    


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 3 septembre 2008 11:07

    Bonjour, que fait Fabrice Luchini à côté de Ségolène sur la photo ?


    • LE CHAT LE CHAT 3 septembre 2008 13:28

      Delanoe a t il un balai dans le cul ? Force 7 sur l’echelle de Fuca !


      • LE CHAT LE CHAT 3 septembre 2008 13:31

        Delanoe a t il un balai dans le cul ? Il suffit de regarder les photos pour s’en convaincre ! force 7 sur l’échelle de Fuca !


        • Nexuses 3 septembre 2008 21:54

          on reste calme Mako, la présidentielle est terminée, ça y c’est sarkozy qui est élu.

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