Puissance ou impuissance publique ?
Selon M. Éric Woerth, député, auteur d’un rapport sur la simplification de l’organisation territoriale, « les collectivités territoriales font partie de l’Etat, de cette vaste puissance publique ». Comment se fait-il alors que l’on assiste à des mises en cause réciproques en son sein, l’Etat jugeant les collectivités trop dépensières et voulant les mettre à la diète, et ces dernières, vent debout contre les mesures annoncées ou préconisées, allant même jusqu’à critiquer des institutions comme la Cour des Comptes, jugée hors sol, lorsqu’elle pointe les sureffectifs dans le bloc communal (communes et intercommunalités) ?
Avec de telles oppositions au sein même de cette « puissance publique », ne voit-on pas le pays glisser vers le populisme, d’autant que la solution préconisée est toujours la même : on réduit l’effort demandé aux collectivités (et aussi aux entreprises) et on compense comme toujours par l’augmentation d’un impôt qui sera payé par les particuliers (les fameux frais de notaires, par exemple).
Une des solutions à nos problèmes n’est pas le « plus d’impôts » ou la régression des droits sociaux, mais bien que les représentants de cette « puissance publique » (gouvernement et collectivités locales) arrêtent, chacun dans leur couloir, de se regarder le nombril en veillant jalousement à leur pré-carré électoral.
Nous devons exiger d’eux qu’ils bâtissent ensemble des solutions propres à diminuer l’inflation de dépenses de leurs administrations, consécutives à l’enchevêtrement des compétences qui coûte au pays 7.5 Milliards d’euros par an, notamment par la suppression d’une strate de collectivité territoriale (en redistribuant les compétences) ou de celle de nombreuses agences ou établissements publics qui pullulent au sein de l’administration de l’Etat.
Des solutions existent et, contrairement à ce que peut affirmer M. Woerth (toujours dans le même rapport), elles sont faciles à mettre en œuvre, autrement dit le mouvement de décentralisation de l’aide sociale confiée en 1986 aux Départements pourrait prendre le chemin inverse vers l’Etat sans provoquer aucun des bouleversements ou la désorganisation durable annoncé par l’auteur du rapport pour justifier l’immobilisme.
Encore faut-il le vouloir et arrêter de regarder les problèmes du pays uniquement à l’aune des renouvellements électoraux de nos 500 000 élus locaux et de la poursuite des carrières politiques construites sur cette impuissance publique dispendieuse et à bout de souffle.
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