Quand Fillon et Copé se battent pour porter la culotte bleue marine, c’est toute la Ve République qui s’exhibe
On le savait, A gauche pour de vrai !, comme ailleurs : la droite s’oppose au mariage entre personnes du même genre. Et ce Week-End, en particulier ce dimanche, les deux prétendants à l’Union pour un Mouvement bien plus Populiste que populaire l’ont démontré. Pourtant tout les pousse à vivre ensemble, vraiment tout.

Ils ont le même projet économique et social. Choc de compétitivité, baisse de l’impôt direct et progressif au profit d’un impôt indirect et proportionnel via l’augmentation de la TVA, marché du travail livré au bon vouloir du Medef, privatisation de la totalité des services publics, privatisation du système de retraite initiée par François dès 2004 et revendiquée par Jean-François dans la foulée, non, vraiment, rien ne les oppose, tout les rassemble.
Ils veulent tous les deux une société française blanche et chrétienne. François l’a démontré durant les 5 ans passés à exécuter les ordres de son président obsédé par l’identité nationale, sans jamais protester, sans jamais bouger l’un de ses 10 doigts de la couture de ses pantalons de costumes gris, mornes et déprimants. Jean-François l’a démontré par ses goûts culinaires, en particulier les viennoiseries qu’il protège des hordes d’envahisseurs, le verbe haut et bien à l’abris d’une salle chauffée à blanc par des militants extrêmes qui rêvent de convoler avec Marine et ses p’tits gars.
Ils adorent avoir des copains riches, puissants et célèbres. Et tant pis si ces copains sont aussi des malfrats. Alors Jean-François taquine le Takiedine dans et devant une piscine d’eau précieuse, quand François fait une Dolce Vita à s’en casser la jambe en compagnie du riche, célèbre et puissant PDG de la fabrique de tacots pour frimeurs estampillée Ferrari.
Mais cessons là ce comparatif qui, même s’il devait être poursuivi, finirait toujours par la même conclusion : l’un n’est pas moins extrême que l’autre, l’autre n’est pas plus social que l’un. Tout juste divergent-ils sur leurs petits passe-temps. Pour Jean-François, l’orgue Bontempi est un ami, qui le ferait presque passer pour un animateur inoffensif de la fête du village local. Alors que pour François, se déguiser en super Mario et prendre place à bord d’une grosse tuture qui fait vroum vroum semble être particulièrement jouissif. En réalité, dans les deux cas, ces deux enfants, devenus adultes, continuent à consacrer leur temps libre à leurs jouets fétiches.
Oui, définitivement oui, ils sont pareils, absolument du même genre ! Alors pourquoi refusent-ils à ce point de s’unir pour le meilleur et pour le pire ? Pourquoi se déchirent-ils ainsi en public pour le plus grand bonheur du voyeurisme médiatique ? Parce que dans leur conception du couple, du duo, du binôme, il faut qu’il y en ait un seul qui porte la culotte bleue marine. Il faut un chef. De famille, de ménage ou de clan. Parce que des siècles et des siècles de patriarcats où nécessairement celui qui a la plus grosse…autorité (vous vous imaginiez déjà une dérive génitale mais A gauche pour de vrai ! on sait se tenir) doit dominer le clan. Un vrai truc de mec hétéro en quête d’affirmation de sa virilité autoritaire ! Et là, les fins connaisseurs de la vie politique se réjouissent déjà à l’idée de nous prendre en défaut. Car en 2008, du côté d’une ville tout à fait respectable de notre province française, à Reims pour être précis, deux femmes et non deux homme avaient offert le même, absolument le même, de deux personnes du même genre qui refusaient catégoriquement de partager la même couche politique et revendiquaient chacune le droit de porter la culotte, rose pâle cette fois ci.
A gauche pour de vrai ! nous n’oublions pas, en réalité, que ce sont nos institutions de la Ve république qui engendrent ce culte du chef qui peut seul, selon cette Ve, présider aux destinées du peuple. Mais pour devenir chef des Français, il faut d’abord devenir chef de son clan, histoire de démontrer qu’on est capable de régner ! En fait, cette guerre de succession, à laquelle on est contraint d’assister chaque fois qu’une machine politique à produire du candidat est en mal de cohésion et de perspective, est tout sauf drôle. Simplement parce que ces épisodes font éclater à quel point nos institutions sont en crise, une crise majeure en république : les gouvernants accèdent à leurs postes par des coups d’états successifs. Ils ne sont pas grands, à peine visibles en réalité. Mais dans le système patriarcal et autoritaire de la Ve République, il faut dominer l’autre, y compris lorsque cet autre est un allié électoral à l’image d’EELV aujourd’hui. Car, seul celui qui a battu tous les autres, a sa place au panthéon du pouvoir. Les raisons en sont multiples. Mais la principale réside dans un mode de scrutin qui refuse la représentation proportionnelle. En clair, pour les institutions de la Ve république, la stabilité c’est l’autorité, pas le débat ! Alors seuls les gagnants de la joute électorale, à la vie à la mort, auront leur place à la table du pouvoir, même si elle n’a jamais tourné rond, même si les vainqueurs n’ont jamais été véritablement des chevaliers blancs au service de la veuve et de l’orphelin.
A travers la guerre de succession PS hier à Reims, à travers la guerre de succession UMP aujourd’hui à Paris, ce qui se joue est bel et bien le coup d’état permanent de la Ve république. Cette Ve cherche à construire des majorités artificiellement amplifiée, et non représentatives, dans le but d’empêcher l’expression d’autres alternatives politiques. Elle exhibait en 2008, elle exhibe aujourd’hui, sa véritable nature antidémocratique qui forçait les démocrates de Reims, qui conforte les populistes de Paris, à verser dans le coup de force bien plus que dans la pratique d’une démocratie apaisée et populaire.
Vite une VIe République parlementaire et sociale. Pour que les représentants du peuple appliquent la politique voulue par le peuple. Pour qu’ils soient à l’image du peuple et non aux ordres d’un monarqueet de sa cours élyséenne. Pour en finir avec ces exhibitions insolentes et honteuses d’hommes ou de femmes qui se battent tels des gamins sans foi ni loi pour une simple culotte, aussi affriolante soit elle.
Sydne93
7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON