La dette publique de la France et François Bayrou, c’est une belle histoire.
Pensez-donc : pour ses admirateurs, il avait tout dit, tout vu, tout prévu sur ce sujet.
C’est THE spécialiste.
A l’origine de tout cela, la campagne pour la présidentielle de 2007 où il aurait été le seul à alerter l’opinion sur la dette publique - alors que, pieux mensonge, ses concurrents Sarkozy et Royal en tête n’en auraient dit mot - ce qui ferait de lui le seul homme politique apte à parler de ce sujet.
Mais tout cela ne tient que de la « légende » entretenue par quelques fidèles zélés.
Il suffit d’abord d’aller faire un tour sur
les propositions faites par Bayrou sur la dette publique au moment de la campagne présidentielle de 2007 pour voir à quel point elles tenaient surtout de l’incantation et du flou artistique tant elles étaient incertaines, hasardeuses et virtuelles.
Ensuite, écouter attentivement le président du Modem quand il parle de la dette.
Sentencieux, avec l’assurance de celui qui sait, il est un spécialiste de la dette publique qui a toujours beaucoup de choses à dire… et surtout de grosses âneries !
Un épisode qui s’est déroulé
le 21/07/11 sur France-info démontre de nouveau son absence totale de maîtrise de ce dossier et ses flagrantes lacunes.
Invité de la « question d’info » et interrogé sur la réunion des dirigeants de la zone euro du 21/07/11, Bayrou s’est livré à une véritable démonstration de propos tellement incorrects, qu’ils frisaient l’incompétence.
« 1700 milliards. Mille sept cents fois mille millions d’euros. »
Pour François Bayrou, la dette publique de la France atteint les 1700 milliards d’euros.
C’est faux.
Ca ne fait jamais que 54 milliards d’euros (54 fois mille millions d’euros pour reprendre le langage bayrouiste) de moins.
« Non nous ne sommes pas en-dessous de la moyenne européenne. »
C’est ce qu’affirme Bayrou en réponse à la remarque de la journaliste de France-Info qui lui dit « nous sommes quand même en dessous de la moyenne européenne ».
C’est à nouveau faux.
« Nous sommes à près de 90% de toute notre production annuelle en dette »
Encore faux.
Comme écrit plus haut, en 2010, la France était à 81,7%.
Au 31/03/2011, elle était à 84,5% du PIB.
« L’Espagne a 30% de dette de moins que nous. »
Toujours faux.
En 2010, la dette publique espagnole atteignait 60,1%, et au 31/03/11 elle atteignait
63,6% du PIB.
C'est-à-dire que l’Espagne a entre 21,6% en 2010 et 21,9% au 31/03/11 de dette de moins que la France.
Très loin des près de 30% annoncés par Bayrou.
En euros, cela donne une dette française inférieure d’approximativement 120 milliards d’euros (120 fois etc…) que celle que le Président du Modem imagine.
On peut même ajouter pour son édification et puisqu’il semble prendre l’Espagne comme modèle, que la dette espagnole a augmenté de 66% de 2007 à 2010, quand celle de la France n’augmentait « que » de 27,5% (là encore, une augmentation inférieure au 28,5% d’augmentation dans la zone euro).
Pas franchement un bon exemple….
Tout cela donne un magnifique tout faux, et en à peine plus de 30 secondes !...
Même si on sait que François Bayrou est parfois fâcher avec les chiffres (il avait affirmé en février 2009 que le bouclier fiscal coutait
15 milliards d’euros par an !!), qu’il a une grande facilité pour affirmer de manière péremptoire d’énormes contrevérités (
le RSA à Pau ou l’épisode avec
Yann Barthes sur Canal +), quand il d’agit de parler de la dette publique, « son » sujet, il serait préférable qu’il apprenne sa leçon.
C’est que la campagne présidentielle de 2012 approche…