Quand Hollande se prend pour Mitterrand...
24 septembre 1984, à Douaumont : lors d’une cérémonie en hommage aux combattants de la Première guerre mondiale, François Mitterrand et Helmut Kohl se prennent la main, marquant alors un moment fort de l’histoire franco-allemande. De ce geste resté dans la mémoire collective, on ignore encore s’il fut spontané ou savamment calculé. A l’inverse, le simulacre réalisé ce 4 septembre par François Hollande et son homologue allemand Joachim Gauck ne laisse guère de doutes sur la sincérité de ses acteurs…
A Oradour-sur-Glane, devant les caméras de télévision et les objectifs des photographes – conviés nombreux pour l’occasion –, les deux hommes ont voulu marcher dans les pas de Mitterrand et Kohl et n’ont pas trouvé mieux pour cela que de… se tenir la main. Invité pour l’occasion, un rescapé du massacre perpétré dans le village en juin 1944 a ensuite été agrippé par Hollande et Gauck, à la manière d’un grabataire soutenu par deux infirmiers – quand bien même il semblait très alerte.
Le caractère artificiel de la prestation présidentielle n’a échappé à personne, et l’image n’a bouleversé ni les foules, ni les éditorialistes. Hollande aura finalement raté son effet, et il y a plusieurs raisons à cela :
– François Mitterrand avait accompli son geste 70 ans après le début de la Première guerre mondiale et 40 ans après la fin de la seconde : un conflit auquel il avait participé, et durant lequel il avait été fait prisonnier. Il connaissait donc parfaitement la portée de cette main tendue au représentant de l’ancienne force occupante. De son côté, en fait de guerres, François Hollande ne connaît que les luttes intestines du PS et celles qu’il livra contre les kilos superflus durant sa campagne présidentielle.
– En Allemagne, le président de la République détient une faible influence politique. Contrairement au chancelier Helmut Kohl en 1984, Joachim Gauck n’incarne pas aujourd’hui l’autorité morale de son pays, laissant ce rôle à Angela Merkel. Cette visite n’était pour lui qu’un moyen d’exister.
– Il y a 29 ans, Mitterrand et Kohl avaient allongé le bras tout en se tenant la main, formant ainsi l’esquisse d’une chaîne supposée représenter la solidarité entre les peuples allemand et français. Hollande, après avoir fiévreusement cherché la main de Gauck, a gardé comme celui-ci les bras collés au corps, et n’a donc pas réussi à reproduire cette attitude emblématique, vidant ainsi sa parodie de toute interprétation spirituelle.
Depuis plus d’un an, les Français ont pu juger de la navrante incapacité de François Hollande à innover politiquement. En le voyant s’escrimer à singer plus grand que lui, ils constatent aujourd’hui que le président de la République n’est pas davantage apte à renouveler la dimension symbolique attachée à ses fonctions.
On attend à présent avec gourmandise la prochaine tentative : une Pyramide des courants socialistes rue de Solferino, un Musée des arts corréziens premiers au quai de Jemmapes, un Centre culturel Valérie Trierweiler ? Une chose est sûre : avec un tel président, « le pire n’est jamais décevant »…
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