Coup de tonnerre !
La direction de la SNCF prépare déjà
la privatisation de la SNCF !
Réforme de la SNCF : le document qui
sème le trouble.
Alors que la 9e séquence de grève
commence ce dimanche, une note de travail interne que nous avons
consultée ouvre une brèche pour une possible privatisation de
l’entreprise. La SNCF et le ministère des Transports démentent.
A quoi joue la direction de la SNCF ?
Dans le compte rendu interne d’une réunion de travail qui s’est
tenue le 4 mai entre des cadres de la compagnie et le cabinet du
ministère des Transports, que nous avons pu consulter, on apprend
que la compagnie ferroviaire a demandé au gouvernement de limiter
l’incessibilité des titres de l’entreprise publique à la seule
holding. Une petite phrase qui fait l’effet d’une bombe.
« Si seule la holding est protégée,
rien n’empêchera la direction de céder ou d’ouvrir le capital
de SNCF Mobilités (qui gère les trains) ou de SNCF Réseau (qui
gère l’infrastructure), s’agace Fabien Villedieu, délégué
syndicat de SUD Rail. Concrètement, cette demande ouvre la voie à
une privatisation de l’entreprise publique, alors que depuis des
semaines le gouvernement et la direction nous répètent en chœur
que cette réforme ferroviaire n’est pas la privatisation de la
SNCF. »
Les responsables syndicaux « tombent
de l’armoire. »
En effet, vendredi, dans une interview
accordée à notre journal, Guillaume Pepy, président du directoire
de la SNCF, avait répété : « il n’y a pas UN élément dans la
réforme qui rend possible une privatisation totale ou partielle de
la SNCF. C’est même l’inverse ».
Contactés, plusieurs responsables
syndicaux, qui participaient encore aux négociations sur les
amendements, vendredi, au ministère des Transports, n’en
reviennent pas. « Je tombe de l’armoire, confie l’un d’eux.
Cette possibilité était l’une de nos craintes. Mais comme nous
avons eu quelques garanties, nous pensions qu’elle était écartée
».
Même consternation chez cet autre
syndicaliste : « Si c’est cette vision-là qui l’emporte auprès
du gouvernement, ça ne va pas très bien se passer avec nous ».
La SNCF et le ministère invoquent un
document de travail.
Du côté de la compagnie comme du
gouvernement, on coupe court à tout début de polémique. « Il n’y
a pas de sujet, balaient d’un revers de main le ministère des
Transports et la compagnie ferroviaire. C’est une réunion de
travail. Notre position n’a pas changé. L’incessibilité des
titres de la SNCF concerne aussi bien la holding que SNCF Mobilité
et Réseau ».
La filialisation des TER en question.
Reste que dans ce compte rendu de six
pages, on apprend également que l’entreprise publique souhaite
déposer un amendement pour filialiser l’activité des trains
régionaux, les TER. « Cela impliquerait que les cheminots de TER ne
seraient plus aux conditions sociales de la SNCF », s’étrangle
Fabien Villedieu.
Là aussi, l’entreprise publique
dément : « Le but technique de la réunion était que la rédaction
(NDLR : de la loi) n’ait pas pour effet d’empêcher ce que la
SNCF fait actuellement : avoir des filiales lorsqu’un marché a un
caractère spécifique et l’exige, comme un marché
transfrontalier. En aucun cas, cela ne concerne les marchés
régionaux de TER ».
Un rapport sur les lignes les moins
fréquentées.
Par ailleurs, le ministère des
Transports n’est pas en reste. Le compte rendu détaille les
amendements qu’il pourrait déposer. Ainsi, la gestion des gares
serait confiée à une filiale détenue par SNCF Réseau ; la date
d’ouverture à la concurrence en Ile-de-France, prévue en 2033,
serait avancée d’un an ; enfin, pour les petites lignes un
amendement prévoit un rapport gouvernemental sur l’état du réseau
et les lignes les moins circulées.
« Quoi de mieux qu’un rapport pour
justifier la fermeture de ces lignes », prédit Fabien Villedieu.
« C’est une réunion de travail,
répète le ministère des Transports. Tout cela n’est pas arbitré
». Bref, un document bien troublant.
« Cela montre qu’il faudra rester
vigilant jusqu’au vote de la loi au Sénat début juin », prévient
un syndicaliste.
http://www.leparisien.fr/economie/reforme-de-la-sncf-le-document-qui-seme-le-trouble-13-05-2018-7713093.php