Nous n’étions qu’un petit groupe mais entièrement investi, totalement mobilisé, complémentaire, inventif et talentueux. Nous avons tout donné aux cotés de Jean : il fallait en faire 10 fois plus que les grosses machines politiques (UMP, PS) afin de pouvoir faire jeu égal.
Je n’ai pas le souvenir d’avoir été aussi fatigué et éreinté dans ma vie (18 à 20 heures de travail et 2 à 5 heures de sommeil par jour pendant 8 semaines), ne tenant que par les décharges d’adrénaline que procurait chaque journée de campagne.
Cette campagne fut hors norme à de multiples égards et avant tout sur le plan humain. Cette formidable dynamique de groupe autour de la personnalité de Jean Lassalle. On ne pouvait rêver meilleur candidat, c’est un magnifique cadeau qu’il nous a fait.
Jean Lassalle n’avait rien à gagner et beaucoup à perdre dans ce combat régional. Il a néanmoins répondu à notre appel et il s’est dressé contre l’ordre établi.
Jean, durant cette campagne, a souvent salué le « blé en herbe » qu’il a trouvé en Gironde. Si ce n’est pas lui qui l’a semé, il est celui qui l’irrigue et lui donne la possibilité d’arriver à maturité. Je rends hommage à cet homme qui aime profondément les autres, à son intelligence brillante et à la pureté de ses convictions.
Cette campagne, c’est aussi
l’histoire d’un exploit politique qui marquera l’Aquitaine et peut-être même la politique française. En effet, une liste locale qui obtient plus de deux fois et demi le score moyen national de son parti, c’est probablement du “jamais vu” !
Avec les 4% du MoDem annoncés pendant toute la campagne par les sondages, personne n’aurait misé sur la possibilité de voir Jean Lassalle et sa liste Forces Aquitaine se qualifier pour le deuxième tour (avec + de 10%) et arriver en 3ème position devant la mode Europe Ecologie !
Ainsi, l’Aquitaine maintient en vie le MoDem : c’est la lueur qui brille et qui montre le chemin pour sortir des abysses dans lesquels sont tombés François Bayrou et le Mouvement Démocrate.
Alors que notre parti paye au niveau national ses errements stratégiques et ses positionnements illisibles, en Aquitaine, nous avons poussé jusqu’au bout, et comme jamais dans l’histoire de notre jeune parti, la logique originelle de la troisième voie et de l’indépendance. Nous avons prouvé que cela était possible, et c’est, en cela, un formidable signe d’espoir pour l’avenir.
Le dernier sentiment qui me vient est probablement le plus étonnant, surtout avec le recul de cette dernière semaine.
Je ressens, en effet, une certaine amertume malgré ce magnifique score de presque 16% réalisé au second tour… : nous n’avons pas gagné la région ! Eh oui ! au fil de cette campagne et au contact de Jean, nous y avons vraiment cru et c’était devenu notre objectif.
Cette amertume vient aussi du fait que si l’on met de coté les logiques politiques et les sondages, la victoire n’était peut-être pas si loin… Avec un entre deux tour plus long, des médias plus impartiaux et surtout une population qui, au lieu de s’abstenir par lassitude ou découragement, serait allée massivement aux urnes exprimer son désir de changement du système actuel, le décor n’aurait plus été le même.
Les aquitains sont passés à coté d’un homme unique qui pouvait changer radicalement la façon de gouverner en Aquitaine et la relation entre le Conseil Régional et le peuple. « Le peuple a les hommes politiques qu’il mérite » dit-on souvent…
Notre Démocratie est malade : le peuple a perdu son discernement en même temps que son aptitude à identifier des hommes et des femmes réellement capables de montrer le bon chemin…
Jean Lassalle, en début de campagne, annonçait : « au premier tour, nous allons faire la surprise et au second tour nous allons créer l’espoir ». Il avait raison, à la nuance près que cet espoir va prendre bien plus de temps pour se concrétiser.
Il en va maintenant de la responsabilité de nos 10 élus Forces Aquitaine au Conseil Régional qui ont 4 ans devant eux. C’est aussi de la mission de tous ceux qui refusent la fatalité de notre époque. Et enfin, et surtout, il revient au peuple d’Aquitaine et de France de savoir reprendre en main sa destinée !
Adrien Debever