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Quels sont les dangers liés à la politique antisociale menée par ce gouvernement ?

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Extrait du livre Manifeste pour une économie jaillissante (Et non plus ruisselante) 

Malgré le soulèvement populaire que nous connaissons, le gouvernement refuse encore d’entendre raison et continue de se pavaner dans ses choix d’orientation en appelant à garder le cap dans cette tempête. Certains responsables politiques de la majorité ont même présumé avoir été « trop intelligents, trop subtils, trop techniques dans les mesures sur le pouvoir d’achat ». En réalité, si le gouvernement a fait le choix de laisser pourrir ce soulèvement social, en espérant qu’il s’arrête comme il était venu, ce n'est pas par intelligence, mais parce que ces augmentations de taxes sur le carbone prévues jusqu’en 2022 sont purement et simplement essentielles à sa survie budgétaire.

En réalité, tout recul au sujet de l’augmentation de la TICPE prévue signifiera pour lui une défaite et un manque fiscal à gagner de plus de 10 milliards d’euros qui explosera son déficit. Dès lors, si cela durait ou en cas de retournement, la France pourrait très bien replonger dans une procédure de déficit excessif et devrait à nouveau faire face à la dégradation des agences de notation. Au final, ce gouvernement, qui avait prévu de financer la suppression de l’ISF et celle de la taxe d’habitation par l’augmentation de celle sur le carbone, se retrouve fort dépourvu et sera bien obligé de trouver les dizaines de milliards d’euros, par an, nécessaires à couvrir l’ensemble de revenus fiscaux disparus en plus du financement de son « plan d'urgence » pour les Gilets jaunes de 17 milliards d'euros. Comme toujours, si le gouvernement ne trouve pas comment augmenter l’activité, lui ou le suivant, n’auront d’autres choix que de financer tous ces manques à gagner par l’augmentation ou la création de taxes directes ou indirectes.

Plusieurs mois de blocages, plusieurs morts, plusieurs milliers de blessés parmi les forces de l’ordre et les manifestants, dont certains gravement mutilés, mais aussi plusieurs centaines de millions d’euros de dégradations et de pertes pour l’économie. Voici le bilan, encore en cours, de l’entêtement de ce gouvernement à vouloir imposer en force le déterminisme social à ceux qui le refusent. Et ce n’est pas le mouvement des Gilets jaunes initial qui aura provoqué ces pertes mais bien l’absence de réaction de l’État pendant les 4 premières semaines qui n’a fait que fédérer un noyau dur. Il n’y a aucune excuse possible à cette arrogance, dès lors que des citoyens sont morts ou ont été mutilés par ce mépris de classe inflexible. De plus, vouloir imposer de force un cap écologique refusé par 3/4 des citoyens devient même criminel à partir du moment où, il y a de cela plus d’un an avant, la Cour des comptes et l’INSEE avaient prévenu le gouvernement, dans plusieurs rapports, du risque d’embrasement social que causerait l’augmentation des prix du carburant par les taxes.

Le fait de ne pas avoir écouté le plus grand nombre de ses citoyens et les avertissements de ses propres institutions imposent forcément une énorme responsabilité à ce gouvernement. Cette forme de politique bipolaire, qui tend à vouloir libéraliser les forces et les énergies disponibles tout en taxant outrageusement la mobilité, est un parfait non-sens. Pourquoi avoir créé cette forme de nationalisme écologique en opposant la campagne aux villes tout en poussant à la récession un pays sans croissance comme la France ? C’est un mystère total.

Ce qui ne l’est pas en revanche, c’est l’impact néfaste que cela aura forcément sur les électeurs avec une montée des extrêmes et/ou de l’abstention à prévoir aux prochaines échéances électorales. Voilà, entre autres, pourquoi selon le dixième baromètre annuel de la confiance politique du CEVIPOF, les représentants politiques inspirent majoritairement des sentiments négatifs pour les citoyens avec pour 37% de la méfiance et pour 32% du dégoût. 2 Français sur 3 sont aujourd’hui méfiants ou dégoûtés de la politique pratiquée et estiment que la démocratie ne fonctionne pas correctement, c’est édifiant.

Malgré toute cette défiance, il existe une solution démocratique pour renoncer définitivement à ces choix qui voudraient, comme le droit constitutionnel le prévoit, que 185 députés ou sénateurs prennent l’initiative d’un texte visant la loi sur la révision de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) de la période 2018-2023, votée il y a plus d’un an. Ce texte permettrait de recueillir l’adhésion de 4,7 millions de votants par voie dématérialisée et de débattre pendant six mois, temps nécessaire à l’organisation de ce qu’on appelle le référendum d’initiative partagée (RIP). Cette règle, mise en place en 2008, permet, à l’initiative du Parlement, l’organisation d’un référendum sur certains sujets comme l’environnement.

Loin d’un Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC), ce choix représenterait néanmoins un signal fort permettant de répondre au besoin immédiat de démocratie participative manifesté par les citoyens et surtout d’apaiser les tensions. La question de l’acceptation d’une transition énergétique financée par l’augmentation des taxes sur le carburant serait la meilleure des questions à poser au vu de l’impact qu’un tel choix économique et social global peut avoir sur une société. Comme ce type de référendum n’est pas abrogatif, il suffirait de proposer un texte visant à réinstaurer les taux d'imposition sur le carbone de la période 2016-2018 pour obtenir de fait la suppression de la loi sur la transition énergétique de la période 2018-2023. Quoi qu’il en soit, sans avoir été validée par un référendum, toute cette fiscalité écologique ne sera plus jamais solidaire mais, au contraire, contestée à chaque nouvelle augmentation.

Car au final, cette forme d’autoritarisme entêté n’a fait qu’engendrer une baisse généralisée de la confiance des ménages, de l’activité touristique, du commerce ou des services sur le territoire durant cette période. La France, qui était déjà assurée de ne pas réussir à atteindre ses prévisions de croissance annuelles situées à 2%, il y a encore seulement quelques mois, avait besoin au minimum d’1,7% pour financer son budget. Mais selon la Banque Centrale Européenne (BCE) et l'OCDE, elle se retrouvera plus proche de 1,3% de croissance en fin d'année, voire moins si la perspective d'un ralentissement économique mondial se confirme en 2019. Une nouvelle fois, la France, dans l'impossibilité de boucler son budget, devra trouver comment financer le manque à gagner qui se profile tout en essayant de combler un déficit public déjà programmé à 3,1% du PIB, bien au-dessus des 1% de moyenne en zone euro.

La Cour des comptes, dans son rapport public annuel, vient de qualifier le scénario concernant les Finances Publiques, décidé par ce gouvernement pour 2019, comme étant « préoccupant » et « affecté de multiples fragilités ». Dans ce rapport, elle s’inquiète, à raison, du fait que le ralentissement de la croissance économique mondiale actuelle ne soit pas assez pris en compte dans la trajectoire budgétaire future et se soucie du fait que son niveau d’endettement et de déficit ne lui laisse que peu de marges en cas de retournement de la conjoncture ou de situation de crise.

Le gouvernement, en continuant de faire la sourde oreille et de mépriser cette Stasis mais surtout en voulant par orgueil « garder le cap » à tout prix, fait volontairement le choix de laisser ce mouvement affecter son marché domestique. Ce choix d’ignorer la grogne - voire la haine - que cette politique fiscale énergétique a déclenché est une aberration qui coûte très chère car elle a divisé comme jamais le pays. Pourtant, l'insurrection qui se manifeste aujourd'hui contre l'oppression fiscale, symbolisée en France par le ratio recettes fiscales / PIB le plus élevé des pays membres de l’OCDE (48,4%), n’est-elle pas légitimée par le non-respect de l’article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui ordonne à toute association politique d’organiser « la résistance à l’oppression par tous les moyens » et non la promouvoir ?

Malheureusement, à cause d’une mauvaise lecture de notre Constitution, notre système politique est plus proche d’un régime Aristocratique Parlementaire que des fondements prescrits par une Démocratie Républicaine. Afin de restaurer mesure et tempérance, l’État central doit apprendre, dans tous les domaines, à mettre quotidiennement les citoyens au centre du débat politique en utilisant les infrastructures numériques qui nous offrent aujourd’hui les moyens techniques et sécurisés d’organiser le véritable sens du mot démocratie.

Oui, une réelle mise en garde s’impose car si rien ne change pour mettre fin au plus vite à cette forme d’arrogance de la part d’une minorité sociale continuellement à la tête des institutions, le peuple, majoritairement asphyxié par les taxes et de plus en plus sans espoir (mais toujours précurseur en matière de révolution), n’hésitera pas de nouveau à s’exprimer dans la violence, comme l’Histoire nous l’enseigne, afin de récupérer sa souveraineté bafouée.

N'oublions pas que c’est la réponse institutionnelle fournie à la crise sociale qui fixe la violence de départ. Plus elle sera haute, plus celle des manifestants le sera à son tour.

Prenez garde, car en définitive, qui regrette la Révolution Française commencée en 1789 ? Personne, puisqu’elle est enseignée comme étant une période positive dans tous les manuels des écoles républicaines et fêtée par plusieurs jours fériés.

De plus, la Ve république elle-même n’est-elle pas née d’un coup d’État militaire ayant mis le Général De Gaulle au pouvoir ?

Peu importe la manière, l’Histoire ne retient que les vainqueurs. Toujours…

Environ 2/3 des Français estiment que le mouvement des Gilets jaunes sera bénéfique à notre démocratie et l’ont soutenu d’une manière ou d’une autre.

Ce qui aujourd’hui apparait comme une tentative de « sédition » à la télévision pourrait très bien se voir considérer comme le point de départ d’un mouvement libérateur dans quelques années.

D’ailleurs, hasard du calendrier ou ironie du sort, il faut savoir qu’en 1789, à la même période de l’année, le roi Louis XVI avait également lancé une consultation avec le Tiers-État appelée les états généraux (une sorte de grand débat) pendant trois mois dans le but de calmer la grogne. Déjà à l’époque, le peuple affamé par des conditions météorologiques extrêmes était asphyxié par les taxes et hurlait sa colère face à l’excès de privilèges de la noblesse, qui de son côté, se pavanait de homards et de grands crûs dans l’indifférence la plus totale. 

Il est fascinant de voir que, plusieurs siècles plus tard, les doléances sont les mêmes, tout comme le mépris affiché en retour. 

On connait pourtant la fin de l’Histoire. 

Certain ayant exhorté la foule à venir « le chercher » devrait d’ailleurs en tenir compte au lieu d’attiser sans cesse les feux de la colère en montant les catégories sociales les unes contre les autres par une politique partisane concentrée sur les faveurs d’une « élite » bien née.

A bon entendeur.

Malgré ce climat insurrectionnel, directement issu du népotisme, qui gangrène nos institutions, certains continuent de marteler que tous ces constats ne sont que des raccourcis démagogiques et reparleront de la politique du « ruissellement » comme l’unique solution à la bonne évolution des classes sociales. Nous allons donc vérifier cela.

Pour décoder la théorie du « ruissellement », il faut commencer par prendre conscience que son principe veut en gros que l’enrichissement d’une minorité toujours plus fortunée finit par profiter ensuite au reste de la population, l’argent ruisselant ainsi du haut vers le bas.

En clair, l’idée principale de cette théorie pourrait se résumer de cette manière : moins certains ménages aisés ou entreprises paieront d’impôts, moins ils auront envie de fuir le pays et plus ils pourront dépenser ou embaucher en France. Tous ces montants redistribués ayant pour but de créer un effet de levier auprès de l’emploi et de l’activité par son réinvestissement dans l'appareil productif ou auprès de la consommation.

Pourtant, malgré sa longue existence et son application rigoureuse, aucun économiste n’est capable aujourd’hui de chiffrer concrètement les résultats apportés par cette politique du « ruissellement » qualifiant plutôt cette idéologie comme étant une dynamique positive mais inquantifiable.

Mais alors, si la théorie du « ruissellement » est considérée par tous les économistes comme étant impossible à évaluer, sur quelles données se basent ceux qui affirment à la télévision, comme le Président de la République, que ce « ruissellement » est l’unique solution au bon développement économique de notre pays ?

Au contraire, si aucune preuve que cela fonctionne n'existe, voici donc un pur exemple de ce qu’on appelle communément de nos jours une « FakeNews » ou « Infox ».

Et comme dirait un certain ministre : « quelquefois les FakeNews amènent la haine ».

Donc, si aucun chiffre ne permet d’affirmer que les baisses d’impôts aux plus fortunés ont aidé à enrichir les plus pauvres (mais plutôt le contraire si on se base sur les résultats catastrophiques concernant les inégalités économiques, la concentration des richesses et l’évasion fiscale), de quel droit est-il permis de continuer d’imposer à la majorité des citoyens cette politique mortifère concentrée sur le bien-être financier d’une minorité ?

Cette politique, qui veut que l’on paie les remises d’impôts octroyées aux plus aisés ou aux entreprises par l’augmentation continuelle de toutes les taxes directes et indirectes, est un abus de droit qui ne pouvait s'imposer de manière aussi autoritaire sans s’attendre en retour à attiser la frustration d’un plus grand nombre. Malheureusement, c’est la frustration majoritaire qui engendre ensuite la colère d’un grand nombre dont se nourrit la violence de quelques-uns.

Si l'on veut apporter une solution crédible dans l'environnement actuel, il faut prendre conscience que toute crise sociale d'une telle ampleur doit servir à faire évoluer la perspective.

En 2019, il est donc parfaitement meurtrier de continuer à relayer cette idéologie politico-économique imposée par certains comme étant opportune et influente. La théorie du « ruissellement » est un mythe qui n’a jamais fonctionné et ne fonctionnera jamais tout simplement à cause du dumping fiscal parfaitement légal, structuré et digitalisé que certains préfèrent appeler optimisation fiscale.

Pour essayer d’être plus clair, le problème du « ruissellement » est le même que dans la nature. Prenons l’exemple d’un pot de fleurs : lorsque vous versez de l’eau pour arroser la terre, chaque centimètre de terre traversée retient tour à tour un peu plus d’eau, ce qui au final empêche le fond du pot d’être correctement irrigué. Dès lors, plus vous êtes loin du versement initial de la source et moins vous en êtes abreuvé, c’est un fait incompressible. En économie, c’est le même schéma, sauf que ce qui empêche le « bas du pot de fleur » d’être arrosé correctement ne sont, ni la terre ni les sédiments, mais les intermédiaires financiers qui retiennent le capital économique sous forme d’épargne.

L'ennui, c'est que ce principe est parfaitement inefficace pour la France qui dispose d’une économie de marché basée avant tout sur la consommation.

En effet, la théorie du « ruissellement » occulte un fait majeur : tout cet argent est avant tout reversé à des ménages déjà comblés financièrement qui n’ont donc pas besoin de ces remises d’impôts pour consommer à leur faim. En conséquence, si cet argent redistribué par l’État n’est pas nécessaire à ces ménages pour vivre au quotidien et qu’il n’existe pas de contraintes pour rediriger ces sommes vers la consommation, alors la majorité de cet argent sera invariablement confiée à des professionnels en charge de le conserver et de le faire fructifier sur le long terme, c’est le principe de l’épargne.

D’ailleurs, l’expression populaire « mettre de côté » n’est pas galvaudée puisqu’épargner c’est de fait mettre de l’argent en dehors du système de consommation classique.

Le gouvernement, regrettant que seulement un peu plus de 10% de l’épargne des Français soit concentré sur les actions d’entreprises, a décidé de mettre en place en janvier 2018 un « Big Bang » fiscal (de plus) à nouveau concentré sur une minorité de ménages aisés. En conséquence, une flat tax (Prélèvement Forfaitaire Unique) de 30% applicable aux revenus du capital a été créée. L’Impôt Sur la Fortune (ISF) s’est vu remplacé par un impôt concentré uniquement sur la fortune immobilière (IFI) et l’« Exit Tax » a également été allégée, toujours dans le but d’inciter les ménages aisés à rester et à investir ces sommes redistribuées dans les entreprises françaises. Il faut quand même expliquer que la politique fiscale ruisselante de ce gouvernement permet dorénavant de posséder autant de yachts, de jets privés, d’œuvres d’arts, de voitures de luxe, de millions d’euros en banque et tout ce qui compose la fortune mobilière, tout en payant ses impôts au même taux que n'importe qui, tant que l’on ne possède pas directement de maison, d’appartement ou de terrain constructible valant plus d’1,3 millions d’euros.

Comme l’on pouvait s’y attendre, cette politique fiscale est un échec total étant donné que les résultats de 2018 indiquent que les épargnants français - ayant une aversion totale pour le risque - ont à nouveau plébiscité l’assurance vie en fonds d’euros avec capital garanti, qui représente l’épargne numéro 1 des Français avec 1 400 milliards d’euros d’encours sur les 1 700 milliards d’euros d’assurance vie au total. Alors, baser la politique de relance du pays sur l’inverse en « espérant » que les personnes aisées, qui ne paient plus d’impôt sur la fortune mobilière, l’investiront dans les actions d’entreprises françaises de leur propre chef est incompréhensible et ridicule.

Tout simplement car cette idéologie oublie qu’afin de conserver leurs clients, tous les intermédiaires financiers sont forcés de proposer leurs placements avec les meilleurs rendements possibles sans se soucier que ceux-ci proviennent d’investissements effectués auprès de sociétés françaises ou non.

De plus, ce type d’épargne immobilise toutes ces sommes d’argent sur des placements à long terme (7 à 10 ans) pour espérer être rentable fiscalement. Autant de temps loin de la consommation. Il faut également prendre en compte que l’épargne de prévoyance et l’épargne financière par leur complexité, leur fiscalité et leur coût de gestion sont rendues exclusives à la majorité des citoyens qui n’y sont pas familiers. Il est donc normal que la facilité de liquidité que procurent le compte à vue ou les livrets soit privilégiée par certains épargnants, face à la très faible rémunération que propose l’épargne financière.

Tous ces constats négatifs illustrent parfaitement que le fait de baser la politique de relance d'un pays uniquement sur les plus fortunés sera invariablement voué à l’échec, puisque c’est raisonner en équilibre partiel.

Alors, certes, la fiscalité sur l’épargne rapporte bien quelques milliards d’euros d’impôt à l’État chaque année mais ce n’est rien comparé aux plus de 150 milliards d’euros que rapporte la TVA au travers de la consommation.

Soyez-en sûr, la théorie du « ruissellement » n’est pas une mécanique de croissance pour l’économie mais une dangereuse usine à stagflation.

Objectivement, le « ruissellement » est parfaitement inefficace étant donné que, face au manque à gagner qu’il représente pour l’État, cette stratégie n’a permis de percevoir que peu de redistribution pour 80% de ses concitoyens, étant donné que les gouvernements n’ont pas les moyens, ni le droit, d'exploiter les plus de 5 000 milliards d’euros de patrimoine financier détenu par l’ensemble des ménages français.

Il faut donc éradiquer définitivement de la sphère médiatique cette « FakeNews » qui veut nous faire croire que le « ruissellement » est utile aux plus pauvres.

Effectivement, depuis toutes ces années, la classe politique française dans son ensemble ne cesse de nous rabâcher que tout l’argent redistribué aux plus fortunés profite ensuite aux plus démunis. Pourtant, l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE) indique que 10% des Français les plus riches capteront 46% des baisses d’impôts mises en place par le gouvernement et que nos 38 milliardaires possèdent autant que les 30 millions de Français les moins riches. Selon un rapport de l’Oxford Committee for Famine Relief (OXFAM), le monde compte 1 nouveau milliardaire tous les 2 jours et 26 personnes possèdent autant que 50% des plus pauvres d’entre nous. On pourrait aussi parler du fait que 82% des richesses créées depuis 2010 ont fini dans les mains des 1% les plus riches et qu'entre 2006 et 2015, en plein cœur de la dernière crise, la fortune des milliardaires s’est accrue de 13% par an.

En 2018, les 2 208 milliardaires dans le monde avaient déposé plus de 7 500 milliards de dollars dans des structures offshores. Cela représente plus de 3 fois le PIB de la France en évasion fiscale. Alors qu'1 homme sur 2 vit avec moins de 5,50 dollars par jour, la fortune de ces milliardaires bondit de plus de 2,5 milliards de dollars par jour. Ces bénéfices, qui représentent 900 milliards de dollars sur une seule année, auraient pu éradiquer l’extrême pauvreté qui empoisonne notre humanité pour de bon.

Même si ces chiffres peuvent être jugés par certains comme étant orientés, ils indiquent néanmoins une tendance véritablement nauséabonde sur l’évolution des inégalités dues à l’extrême concentration des richesses dans le monde.

Soyons honnêtes, hormis pour les premiers de cordée qui imposent de force leurs choix, le « ruissellement » n’a jamais bénéficié à la grande majorité d’entre nous. Est-il encore nécessaire de vous rappeler les résultats économiques et sociaux catastrophiques de ces 20 dernières années pour le prouver ?

Par conséquent, si depuis tout ce temps, cette politique est inefficace dans la redistribution des richesses, comment pourrait-il en devenir autrement dans un monde où les règles sont dorénavant édictées hors de nos frontières et que l’information, tout comme l’argent, s’échangent aujourd’hui en temps réel et n’importe où grâce à Internet ?

Non, il faut être clair une bonne fois pour toute : LA POLITIQUE DU « RUISSELLEMENT » EST PARFAITEMENT INEFFICACE ET CEUX QUI DISENT LE CONTRAIRE VOUS MENTENT.

Continuer de laisser relayer librement cette information dans les médias est criminel et s’apparente à de la manipulation de l’opinion.

Soyez-en certain, tout l’argent qui est redistribué par le haut reste en haut ou comme on dit « l’argent va toujours à l’argent ». Pour preuve, les « paradis fiscaux » comme le Luxembourg, l’Irlande, Andorre ou les Pays-Bas et d’autres continuent de pulluler en toute légalité au sein même de l’Europe. Sans parler de toutes les places financières « offshore » comme Hong-Kong qui peut néanmoins intervenir librement sur les marchés mondiaux et blanchir l'argent de ses clients.

D’ailleurs, pour bien saisir les pratiques usuelles de l’intégralité du secteur financier sur le sujet, il faut savoir que rien qu’en Europe, 18 des 20 plus grandes banques ont déjà été poursuivies à de multiples reprises pour des infractions en matière de lutte contre l’évasion fiscale ainsi HSBC, Barclays, Lloyds, Deutsche Bank, Santander, BNP, ING, Société Générale, Crédit agricole et le groupe BPCE, par exemple, ont tous été condamnés par des autorités émanant de la lutte contre le blanchiment d’argent, parfois même plusieurs fois. Pire, afin de faciliter encore un peu plus l’évasion des capitaux organisée par l’optimisation fiscale (qui est l’art de contourner le fisc par des moyens légaux) les normes juridiques permettent aux sociétés qui le veulent de débaucher en toute légalité ceux qui ont écrit les lois fiscales qui les régissent. En France, on appelle cela le « pantouflage » : à savoir quitter un emploi public pour en utiliser ensuite ses avantages dans le secteur privé en échange d’un gros salaire.

Dernier exemple en date, en janvier 2019, l’Américain Jim Yong Kim, Directeur de la Banque Mondiale, a décidé de démissionner de son poste pour rejoindre un groupe d’investissement privé. Ce laxisme est parfaitement légal et toléré partout dans le monde et même encouragé en France depuis la nouvelle loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel.

Ne soyons pas naïfs, ce mélange des genres malsains entre économie, politique et pouvoir n’est pas nouveau, certes, mais il démontre clairement que tout est structurellement organisé aujourd'hui de manière pérenne pour que ceux qui captent l’argent puissent toujours réussir à le conserver et le faire fructifier en abreuvant au passage un tas d’intermédiaires, même en cas de crise. Au fil du temps, ce système a donc fini par nourrir de façon boulimique un circuit économique parallèle à la consommation, très lucratif pour certains, mais qui a exclu la majorité d’entre nous.

Il est donc impératif et primordial pour un État fortement déficitaire d’arrêter de tout sacrifier à la compétitivité des entreprises ou au bonheur des ménages les plus aisés puisqu’en passant le taux de prélèvements obligatoires de 42% à 48% entre 2007 et 2018, ce sont les citoyens restants qui paient par la solidarité nationale tous ces manques à gagner, qui creusent invariablement le déficit.

Effectivement, toute nouvelle contrainte fiscale représente une baisse de pouvoir d’achat dans le budget des ménages qui, inévitablement, se transformera en baisse d'activité pour les entreprises puis en baisse de recettes fiscales pour l’État. C’est le cycle sans fin de ce schéma ruisselant qui est la principale raison à la régression de la France depuis des dizaines d’années. C’est l’histoire d’Ouroboros, le serpent qui se mord la queue. En fait, la seule influence que peut encore produire une application sans borne de ce principe du « ruissellement » sera celle d'entraîner une ségrégation définitive des classes moyennes et populaires à la prochaine récession.

Pour inverser la tendance, il faut explorer de nouvelles méthodes de stimulation de la croissance au lieu de vouloir sans cesse redistribuer, réduire ou revendre le peu que possède l’État encore aujourd’hui. L’urgence absolue est au contraire de trouver comment mettre fin à la sous-activité économique puisque sans cela, il y aura toujours un surcroît de dépenses publiques en vue de la compenser.

Et fatalement, sans nouvelles recettes, face à la prochaine contraction de l’économie, le même type de catastrophe qu’en 2008 se reproduira forcément. Par conséquent, si rien ne change, on prend le risque délibéré qu’à la prochaine fin de cycle se forme un cataclysme économique et social plongeant le pays dans une spirale sans fin vers la récession, ce qui, dans ce climat insurrectionnel, risque d’entrainer une véritable révolte dans la rue et dans les urnes.

Au final, si la France veut se développer, elle ne doit pas faire l’économie de ses services tout en asphyxiant fiscalement sa population et ses entreprises, mais au contraire se focaliser sur ses forces vives en expérimentant de nouveaux mécanismes de croissance

Twitter : @VDemocratique


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8 réactions à cet article    


  • Samson Samson 17 octobre 2019 18:41

    « Soyez-en certain, tout l’argent qui est redistribué par le haut reste en haut ou comme on dit « l’argent va toujours à l’argent. »

    Le « dogme » libéral et néo-libéral du ruissellement énonce au niveau économique l’exacte anti-thèse de la « loi » physique de la gravitation universelle, qui implique invariablement que c’est la plus grosse masse qui attire les plus petites.

    Toute la propagande du système s’ingénie en fait à nous convaincre de cette absurdité qui prétend qu’en économie, c’est la galaxie qui tourne autour du soleil, qui tourne lui même autour de la terre, qui tourne elle-même autour de la lune, ...

    Alors même que tout joueur avisé sait que pour faire à coup sûr sauter la banque, la meilleure méthode consiste à disposer d’un capital supérieur au sien, ... smiley smiley smiley


    • antares R-P 2.0 17 octobre 2019 20:35

      Je suis un Gilet Jaune aviné, homophobe (bien que homosexuel moi-même), anti-sémite (parce qu’anti-sioniste), à la limite analphabète et complètement inculte... 

      Si j’ai bien compris, vous expliquez qu’il faut changer de théorie économique puisque la théorie du ruissellement imposée en France depuis plusieurs décennies ne sert pas le Peuple ? Il semblerait que vous vous interrogiez sur l’incompétence de CE gouvernement qui persiste et signe avec arrogance dans l’exercice de cette théorie... 

      Si on regarde tout ça du point de vue des 1% qui bénéficie de cette théorie, je trouve que c’est au contraire, parfaitement cohérent... 

      Parvenir à faire perdurer cette théorie sur laquelle est calquée toute l’économie fiscale, alors qu’on sait qu’elle est parfaitement improductive pour le bien-être du Peuple depuis à peu près l’initiation de celle-ci est digne d’un Grand Complot, vous ne pensez pas ? 
      Ainsi pour l’instant, tout va bien dans le meilleur des mondes se disent Arnaud, Lagardère, Niels et consorts ainsi que leur marionnettes Macron, Philippe et tous les autres... 
      Wait and see...

      Sur ce, je vais finir ma bouteille de Gros Rouge...J’suis tellement con !


      • Arogavox Arogavox 18 octobre 2019 10:22

        S’attarder sur les à côtés, les mises en scène ou les visées du crime s’oppose à l’urgence pragmatique de lui barrer la route immédiatement, de façon dissuasive.

        « Il n’y a aucune excuse possible à cette arrogance, dès lors que des citoyens sont morts ou ont été mutilés par ce mépris de classe inflexible. De plus, vouloir imposer de force un cap écologique refusé par 3/4 des citoyens devient même criminel … »  

         Point barre !


        • Arogavox Arogavox 18 octobre 2019 11:56

           L’arme brandie d’une prétention à être « déterminé » se heurte aux sables mouvants de la crédibilité et de la séduction menant à la conviction. (On brave la mort pour des convictions plutôt que par forfanterie manipulatoire) 

           Crédibilité d’une détermination à abuser de l’arsenal financé par ceux-là mêmes que l’on fuit après leur avoir dit « venez me chercher »  ? (... et qui, eux, bravent la mort, les mutilations irrémédiables, la diffamation et les dénis, par conviction sans risque d’épuisement ! de devoir défendre une égale dignité )

           Le vrai pouvoir, à terme, revient à ceux qui ont convaincu le reste du monde et l’Histoire.

          ( Quid de la détermination de César contre ceux qui ont dit « rendez à César ce qui est à César ... » ? Quid de la détermination de ceux qui avaient obtenu une légitimation procédurière officielle au temps des nazis ou des massacres staliniens ? )

           


        • Captain Marlo Fifi Brind_acier 18 octobre 2019 13:25

          L’auteur croit que le gouvernement décide de la politique économique et sociale du pays ?? Il ne décide de rien du tout.

          Avec les Traités européens, la France a perdu sa souveraineté monétaire, économique, sociale, juridique, diplomatique et militaire.

          Le Gouvernement ne fait que suivre la feuille de route de la Commission européenne pour 2019/2020. Qui est l’application des traités néolibéraux.

          Si cela ne convient pas, il faut sortir de l’ UE, de l’euro et de l’ OTAN.

          Comme le propose l’UPR, pour retrouver la souveraineté.


          • zygzornifle zygzornifle 18 octobre 2019 14:15

            Bientot la soupe populaire refera son apparition au coin des rues ....


            • CRICRI59 CRICRI59 18 octobre 2019 17:41

              @zygzornifle
              Bonjour mais elle est déjà la la soupe populaire est depuis un certain nombre d’années voir (les restaus du cœur, secours populaire etc.....)


            • Le421... Refuznik !! Le421 18 octobre 2019 17:33

              C’est le principe même de l’économie jaillissante.

              Le fric jaillit par millions de gouttes des poches des pauvres vers les valises des riches.

              La preuve, l’augmentation de 45% des revenus de Bernard Arnault...

              Encore que, vous me direz, ce n’est le pécore du coin qui se paye du Louis Vuitton.

              Indirectement, si.

              C’est un jaillissement à étages...

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