Qui sont les ’Identitaires’ ?
Les fascistes c’est comme les gouramis. Il en existe plusieurs variétés et pour pouvoir bien s’en occuper il faut savoir à laquelle on a affaire.
Le Bloc Identitaire - Mouvement Social Européen et les Jeunesses Identitaires sont des nouveaux venus sur la scène de l’extrême droite française traditionnellement marquée par la référence à l’Etat et la nostalgie de l’Algérie Française. Le groupe nait en 2003 sur les décombres d’Unité Radicale, un groupuscule d’extrême-droite fondé en 1998 pour structurer l’aile radicale et extra-parlementaire de cette mouvance. Se voulant œcuménique, Unité Radicale, regroupait le GUD, Jeune Résistance, l’Union des Cercles Résistance ainsi que des cadres de l’Oeuvre Française et du Parti Nationaliste Français et Européen.
Unité Radicale est dissout en 2002 après l’attentat de Maxime Brunerie contre Jacques Chirac et ses militants se dispersent. Deux de ses cadres, Guillaume Luyt et Fabrice Robert, lance alors le site les-identitaires.com et l’association Les Identitaires. Le Bloc Identitaire sera créé dans la foulée en avril 2003.
Contrairement à Unité Radicale, qui se voulait fédérateur, le Bloc Identitaire se situe clairement dans la mouvance du même nom. Son théoricien principal en France est Guillaume Faye et il regroupe des organisations comme Terre & Peuple de Pierre Vial, la Fondation Polemia ainsi que le magazine Réfléchir & Agir. Elle s’oppose à l’extrême-droite traditionnelle sur le thème de la nation, secondaire dans la pensée identitaire, et du traditionalisme catholique.
Les Identitaires se sont depuis fait remarquer par l’organisation de "soupes au cochon" distribuées au SDF, dans l’intention affichée d’exclure les musulmans et les juifs. Ils ont également créés, avec Terre & Peuples un Conseil Représentatif des Associations Blanches. Ils sont particulièrement implantés à Nice où ils se présentent régulièrement aux élections mais ont poussé des pseudopodes dans toute la France.
Si le mouvement identitaire apparaît en 2003, ses idées ont des racines plus anciennes. On les trouve dans le discours de Jean Mabire, Pierre Vial et Jean Haudry dés les années 1980 et sont manifestement influencées par les thèses du SS français Saint-Loup et du nazi "de gauche" Otto Strasser. Il s’agit, pour reprendre le terme de Stéphane François d’une sorte de "socialisme ethniciste".
Les Identitaires postulent l’existence d’une "civilisation européenne" correspondant à l’espace "indo-européen", ce dernier terme étant dans son acception raciale et non linguistique. D’un peuple indo-européen mythique venu du grand nord viendrait toutes les valeurs fondatrices de la civilisation. Cette race européenne se décomposerait en "patries charnelles", fondement d’un régionalisme racialiste, réunies en "patries historiques" (les nations européennes) au sein d’une "civilisation européenne".
Leur projet politique rejoint celui de certaines franges de la SS : une Europe fédérale, unie par la référence à la civilisation "Indo-Européenne" et divisée en régions autonomes basées sur les "liens du sang".
Cette civilisation européenne serait, selon les Identitaires, menacée par l’immigration et l’implantation de l’Islam. Leur réponse est l’interdiction de toute expression publique des religions d’origine non-européenne et l’expulsion des immigrés et de leurs descendants, sur des critères raciaux. Elle serait également menacée par le "capitalisme apatride" identifié aux Etats-Unis.
Cette idéologie permet aux identitaires de diffuser un discours pseudo-socialiste et de s’affirmer comme les défenseurs de la diversité culturelle. Il s’agit naturellement d’un miroir aux alouettes. La solidarité des Identitaires est d’abord une solidarité entre soi – entre blancs – excluant explicitement les allogènes. Leur socialisme est avant tout racial. Ce ne sont pas les habitants d’un territoire qui doivent s’approprier les moyens de production mais ses "propriétaires" et certainement pas pour assurer une égalité que les Identitaires refusent passionnément mais pour se soustraire aux influences extérieures. Ces thèses ne sont d’ailleurs pas si éloignées de celles de certains "Républicains" du style "Riposte Laïque" ou "Parti Ouvrier Indépendant", pour peu que l’on remplace la solidarité raciale par une "solidarité nationale", certes plus accueillante aux individus, mais elle aussi fondée sur l’exclusion et la "solidarité préférentielle".
Il en est de même pour la défense de la diversité culturelle. Il ne s’agit pas, comme dans le régionalisme de gauche, de défendre une multipolarité des cultures, toutes ouvertes sur le monde et en discussion permanente entre elles, mais de promouvoir des blocs monolithiques, définis par les "liens du sang" et fermés à toute influence extérieure.
C’est en jouant sur l’ambiguïté des termes que les Identitaires essaient de se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas, c’est à dire des progressistes. Défendre les minorités et les travailleurs, ne suffit pas pour être de gauche, encore faut-il savoir quelles minorités, quels travailleurs et dans quel but.
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