Qui trop embrase mal éteint
Sapeurs-pompiers,
les vrais garants de la sécurité quotidienne.
Christian Estrosi, maire de Nice, aiment critiquer les élus du parti socialiste " qui préfèrent inaugurer des parterres de fleurs et des jets d’eau plutôt que de s’attaquer à la délinquance. " Car la sécurité, c’est le dada d’Estrosi, son cheval de bataille enfourché pour devenir ministre de l’Intérieur. Et pour ce faire il accumule les preuves de ses compétences dans le domaine de la sécurité droitière : effets d’annonce, flicage, répression et opérations de com’.
Estrosi qui veut que Nice soit "un laboratoire national de la sécurité", a déjà décidé le couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans qui ne concerne en fait que des fantômes ; a planifié l’équipement en vidéo-surveillance de Nice la ville la plus vidéo-surveillée de France (624 caméras pour la bagatelle de 8,7 M€...) et, selon la Ligue de droits de l’homme, aurait mis en place une " brigade départementale anti-émeute ", ce qui serait une première en France...
Estrosi - preuve que l’homme de droite et de gouvernement n’est pas la moitié d’un - aime aussi les sauts en jet privé à 138 000 euros pour ne pas louper un pot entre sarkosyste de la première heurre, et sait ouvrir sans faire de manière les portes de ses appartements : " Vous êtes les bienvenus chez moi. Ne regardez pas le désordre (sic) " afin, n’en doutons pas, de chasser les mauvaises odeurs de la rumeur calomniatrice : le Canard enchaîné l’accusait de disposer de deux logements de fonction à Paris, dont un occupé par sa fille.
Estrosi, qu’exaspère les gens du voyage, milite aussi pour le retour de la dépouille de Badinguet (Napoléon III, surnommé le Petit par Victor Hugo), figure mythique de la France bonapartiste qu’il admire et dont les poussières sont retenues Outre-Manche.
L’huile sur le feu
A Nice, le 16 juillet, 200 sapeurs-pompiers étaient venus manifester à l’appel du Syndicat autonome des sapeurs-pompiers professionnels majoritaire dans les Alpes Maritimes.
Une délégation souhaitait remettre au ministre-maire-ump Estrosi une motion revendicative portant sur leur opposition au projet de loi de réforme des retraites et sur la non-reconnaissance de la pénibilité du métier de sapeur-pompier. ( La remise de motion avait été annoncée par courrier le 9 juillet au ministre ainsi qu’ à l’ensemble des députés et sénateurs du département et le 12 juillet à Francis Lamy, préfet.)
A l’arrivée des sapeurs-pompiers les forces de police présentes en nombre leur refusaient l’accès à la mairie : le ministre ne souhaitant pas les recevoir - il faut dire à sa décharge que son esprit devait être occupé à la perspective du vernissage de l’exposition Nice, 100 ans d’architecture. Les sapeurs-pompiers allèrent en direction du palais préfectoral. Même refus de la part du préfet.
Démonstration locale du "dialogue social" de la droite sans doute dans le plus pur style Napoléon III, premier président de la République française et dernier monarque français.
Puis, alors que la manifestation se déroulait sans violence :
" (...) une brigade de 4 hommes de la BAC a cru bon d’interpeler un représentant syndical au prétexte que la manifestation était " illégale ". Devant la résistance verbale à cette arrestation, que les pompiers considéraient non sans raison tout autant illégale, il s’en suivit aussitôt une série de violences policières, à coups de tonfas et de coups divers généreusement distribués, par une prétendue " brigade départementale anti-émeute ", brutalités sans aucun rapport avec l’opposition exprimée par les manifestants, et dont témoignent des photos de journalistes présents sur les lieux." (Communiqué de la Ligue de droits de l’Homme. Sections de Nice et de Cannes-Grasse.)
Bilan trois pompiers ont été sérieusement blessés, dont un grièvement.
Qui trop embrase mal éteint
Le préfet a aussitôt porté plainte pour "violences faites aux policiers", "dégradations contre des biens publics" et " délit d’entrave à la circulation", Estrosi, le député umpiste Eric Ciotti - Monsieur sécurité - et les représentants locaux de deux syndicats de police ont dénoncé " une manifestation illégale " avec des pompiers qualifiés de "violents", "irresponsables" voire même "délinquants". L’UNSA police a quant à elle relevé que : "L’attitude provocatrice des autorités n’est sans doute pas étrangère au comportement des manifestants."
L’ annonce a été également faite que quatre policiers avaient été blessés par des pompiers qui les auraient "chargés". Ce qui devrait figurer sous peu dans toutes les anthologies de guérilla urbaine quand on voit le lourd équipement des uns et la tenue légère des autres. Pour l’instant les images des nombreuses caméras de vidéo-surveillance mettant en cause les délinquants n’ont toujours pas été produites. Pourtant, selon Estrosi, " Elles montrent clairement (...) les brutalités commises contre les policiers et les frayeurs causées à la population par une minorité de pompiers."
Le procureur Eric de Montgolier a saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et le syndicat autonome a annoncé son intention de déposer plainte.

> Fédération autonome SPP-PATS : Le 16 juillet, remise de motion revendicative au Ministre ESTROSI, maire de Nice, interventions violentes et disproportionnées des forces de police
> FR3 : Nice :Heurts policiers-pompiers : L’IGPN saisie - Video
> Communiqué des sections de la LDH
> Nice : pompiers « délinquants » ou discours sécuritaire ? Par Laurent Mucchielli, sociologue. Rue89
> Estrosi : La peur a changé de camp - France soir Propos recueillis par Gilles Carvoyeur, à Nice 02/08/10
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