Réforme de l’école primaire, le dessous des cartes
La réforme de l’école primaire suscite bien des controverses. Le mouvement de refus continue en dépit de l’intransigeance gouvernementale. Mais il n’est guère aisé de faire comprendre aux personnes peu au fait des réalités de l’école, pourquoi cette réforme est néfaste pour l’avenir de l’éducation.
Car la présentation faite par M.Darcos est très habile, elle réussit à amener les parents à soutenir la réforme tout en piégeant les enseignants. Comment cela s’est-il fait ?
Il faut d’abord revenir à l’objectif de base : réduire le budget de l’éducation nationale. Pour cela, il est nécessaire de comprendre ce qui coûte cher dans l’éducation. La réponse est simple : c’est la difficulté scolaire.
Pour enseigner à une classe de bons élèves, c’est simple et économique, pas besoin de monter des projets coûteux, de faire appel à des intervenants spécialisés. Le bon élève, même s’il a 30 camarades assis à côté de lui, apprendra vaille que vaille et fera son chemin de bon petit soldat tout au long d’une scolarité sans histoire.
Le grain de sable qui vient gripper cette belle mécanique, c’est le récalcitrant, l’élève qui ne rentre pas dans le moule. L’élève en difficultés a besoin de l’enseignant à ses côtés, il ne supporte pas les classes chargées, il ne comprend pas les leçons magistrales, pour lui il faut imaginer de subtils biais pédagogiques pour l’amener tant bien que mal à ingurgiter une part minimale du programme, il draine vers lui toutes sortes d’aides pédagogiques, psychologiques, rééducatives et provoque moult réunions pour débattre de son cas. Il arrive même à pousser à bout l’enseignant le plus expérimenté. Enfin, pour essayer de prévoir ses difficultés, il faut le scolariser le plus tôt possible. Bref, l’élève en difficulté coûte cher.
Voilà donc la source d’économie toute trouvée. Ne reste plus qu’à trouver le moyen de les mettre en application. Car évidemment, annoncer clairement que la difficulté scolaire coûte trop cher à la nation, que nous sommes obligés de faire des choix et que ces choix sont cruels, ce n’est pas possible, ce ne serait pas faire de la politique responsable. Alors M.Darcos et son cabinet ont imaginé une manipulation médiatique à même de faire passer la purge discrètement. La technique classique du bouc-émissaire va là encore faire ses preuves : il s’agit de laisser tomber les élèves en difficultés tout en en rejetant la faute sur les enseignants.
Comment masquer la suppression des RASED, les classes surchargées, la diminution du temps d’enseignement, la fin de la scolarisation des 2 ans, le non remplacement des enseignants malades et la diminution inévitable du niveau ?
L’idée est géniale, on va inventer le "soutien hors temps scolaire". Les enseignants vont faire de la résistance puisqu’ils vont comprendre que c’est de la poudre aux yeux. Et hop, il suffit d’accuser les profs de ne pas vouloir s’occuper des élèves en difficulté et vous voyez, le niveau baisse maintenant à cause de ces fainéants arque boutés sur leurs privilèges...
C’est ainsi que l’on fait d’une pierre deux coups : tout en faisant des économies, l’éducation nationale est fragilisée et l’opinion publique perd confiance dans le service public. Cela permet de préparer tranquillement l’étape suivante que je vous laisse le soin d’imaginer.
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