Réforme de l’enseignement primaire : de qui se moque-t-on ?
Marchant sur les pas de Claude Allegre, Xavier Darcos réduit les programmes, cette fois dans le primaire, suite à l’allègement des horaires annoncé il y a 5 mois, en septembre. On peut douter qu’il s’agisse d’une réforme à vocation pédagogique.
« Diviser par trois, en cinq ans, le nombre d’élèves qui sortent de l’école primaire avec de graves difficultés et diviser par deux le nombre d’élèves ayant pris une année de retard dans leur scolarité » sont les nobles objectifs de la dernière réforme de l’enseignement public français proclamés par le ministre dans sa conférence de presse de février 2008. Qui s’y opposerait alors que bien des élèves sont en difficulté et que les comparaisons internationales, certes délicates d’interprétation, ne semblent pas très flatteuses ? Mais de quoi s’agit-il, au-delà de ces bonnes paroles ? Car enfin, ces programmes ont été réformés de nombreuses fois, en dernier lieu en... 2007 !
Encore plus intéressant ces nouveaux programmes sont annoncés 5 mois après la décision de la suppression de l’école le samedi matin, le 28 septembre 2007. A l’époque la mesure a été justifiée sous le prétexte « qu’actuellement nous sommes en présence d’une grande confusion » (créée par les réformes précédentes « libérant » certains samedis sur une base locale) et « que les élèves français font beaucoup plus d’heures que leurs voisins européens ».
Bref, l’objectif de la réduction horaire semble surtout avoir été d’achever la suppression de l’école le samedi pour permettre aux cadres de partir en week-end, plus ou moins justifié par le sophisme selon lequel si on réussit moins que les autres en travaillant plus c’est qu’il faudrait travailler moins... A quand la suppression totale de l’école pour que nos chères têtes blondes soient toutes Prix Nobel ? Je pense plutôt qu’il faut lire entre les lignes qu’il n’y pas de raison qu’on paye plus d’heures aux élèves français qu’aux autres élèves européens et que ceci passe avant toute considération sur l’amélioration des résultats.
A qui veut-on faire croire qu’on va aider davantage les élèves en leur enseignant moins longtemps ? C’est au contraire en apprenant plus que les élèves, en particulier issus de milieux moins cultivés, peuvent accéder à la forme de pensée qu’il s’agit de leur transmettre (apprendre plus pour comprendre mieux, dirait un homme politique bien connu).
On rendrait certaines heures sous forme d’aide directe mais une demi-heure de travail individuel avec 30% d’une classe de 24 élèves représenterait plus de 3 heures par semaine. De plus, le flou est total : il est même précisé que les heures en question pourront également servir à l’enseignement en petits groupes (adieu l’effort spécifique vers les élèves en difficulté) ou même... à la formation continue !
Il semble qu’on veuille nous resservir le même plat qu’avec la réforme du lycée de Claude Allègre : on réalise des économies sous des prétextes fallacieux tout en prétendant (cette fois-ci après coup) qu’il s’agit d’un objectif pédagogique... Un signe qui ne trompe pas : l’annonce glissée en fin de la présentation du ministre de l’ « intervention possible » des enseignants de maternelle.
Donc, moins d’heures d’enseignement, plus de sport, une « introduction à l’histoire de l’art », un soi-disant recentrage en français et en calcul (lire : on essaiera d’épargner à ces deux matières le « resserrement horaire » qui affectera les matières restantes : sciences, histoire-géographie, pratiques artistiques) et on voudrait nous faire croire que ceci va aider les élèves !
De qui se moque-t-on ? Comment ne pas comprendre que ce resserrement augmentera encore l’avantage des élèves dont les parents peuvent compenser par des cours particuliers cette réduction ?
7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON