Régimes spéciaux : Est-ce si pénible d’être député ?
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a tranché. Les régimes spéciaux vont se voir supprimer par décrets d’ici à la fin décembre. A l’origine de cette décision se dresse l’ombre d’une facture de 5 milliards d’euros pour l’Etat. Alain Juppé avait bien tenté de secouer les régimes spéciaux au commencement du septennat de Jacques Chirac. Ca lui a valu de se casser les dents sur les grèves de décembre 1995. François Fillon aura lui réussi, huit ans plus tard, à aligner les retraites des fonctionnaires sur celles des salariés du privé. Dans le langage, son gouvernement prête aujourd’hui à confusion puisque son remplaçant entend « aligner les régimes spéciaux de retraite sur celui de la fonction publique ». En clair, il s’agit de mettre tout le monde dans le même panier.
A ce jour une quinzaine de corps de métiers offrent un régime spécial, soit pour la retraite, soit pour l’assurance maladie. Les cheminots, qui bénéficient d’un statut dérogatoire depuis 1855, vont ainsi devoir, avec les gaziers et les électriciens, tirer une croix dessus et cotiser pendant quarante années pour percevoir une retraite à taux plein. Même chose pour les agents de la RATP , des personnels des institutions du spectacle... On apprend cependant que certaines catégories échappent à la réforme. Il s’agit d’abord des marins. Ce n’est pas vraiment une surprise. Ils ont les premiers bénéficié d’un statut à part en raison de leur condition de travail et des blessures que leur profession leur impose, et ce depuis 1673. Viennent ensuite les mineurs qui bénéficient d’un statut à part dès 1894, et il suffit de relire ou de revoir Germinal pour comprendre pourquoi. Et enfin... les députés et sénateurs.
Les parlementaires ont été placés sous un régime créé en 1904 après avoir clamé haut et fort la « précarité » et la « pénibilité » de leur mandat. Les pensions qui leur sont versées sont d’un montant de 1 500 euros pour un mandat effectué et 3 000 euros pour un second. Ce régime taillé sur mesure permet de cotiser double pendant les trois premiers mandats. Pas la peine de sortir la calculette, on voit tout de suite que ça fait 30 annuités pour avoir usé les bancs de l’Assemblée pendant 15 ans. En 2007, comme en 1904, ce passage relevé dans les médias reste énigmatique : « les parlementaires mettent en avant la pénibilité de leur fonction pour continuer à bénéficier de leur régime spécial ». C’est sans doute qu’en appuyant sur un bouton pour voter les lois, le député ressent la même poussée d’adrénaline qu’un marin pris dans une tempête ou un mineur qui voit s’effondrer une galerie souterraine. A moins que ce soit la timidité. Serer la main des inconnus sur le marché un dimanche matin doit être une épreuve de force.
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