Régionales : le plus dur reste à faire
La droite désavouée, la gauche confirmée à la tête des régions…et un FN révigoré en plus d’une abstention énorme. Et maintenant ?
La seconde mi-temps a amplifié la tendance de la première avec 4 à 6% de moins d’abstentions, un écart plus grand entre la gauche rassemblée (PS, EE, FdG) et l’UMP qui conserve l’Alsace et gagne La Réunion…grâce au maintien du PS contre le sortant Paul Vergès du PCR, largement en tête au 1er tour !
Fait aussi marquant qu’inquiétant, la progression du FN présent dans 12 régions au second tour, en voix comme en pourcentage. Signe d’un retour de son électorat siphonné par Sarkozy, avec des scores au-dessus de 20%, comme en PACA. Les thèmes sécuritaires chers au pouvoir et le scandaleux débat sur l’identité nationale juste avant les élections, lui ont donné un sacré coup de pouce.
Mais ne boudons pas notre plaisir -tout en restant lucides- la « tôle » de Sarkozy et la poussée de la gauche créent des conditions favorables à l’émergence d’une politique radicalement différente que celle conduite au pas de charge par Sarkozy et ce qui lui reste de majorité.
Une fois passée l’euphorie des soirs d’élections dans le camp des vainqueurs et les déclarations d’humilité qui s’imposent, ne serait-ce qu’au regard de l’ampleur des abstentions et donc de leur signification, il va falloir sortir de la langue de bois et expliquer ce qu’on entend par « une autre politique » et comment on va s’attaquer à la racine de la crise, pour endiguer la montée du chômage, des inégalités, des privatisations de nos services publics, démantelés les uns après les autres, relancer l’industrialisation, l’agriculture, améliorer le pouvoir d’achat des salaires, des retraites, etc…
Ce qui suppose de s’attaquer aux féodalités financières, aux avantages fiscaux des plus riches, aux revenus indécents, à l’évasion fiscale, aux pouvoirs des actionnaires, en un mot aux critères du libéralisme et pas seulement à ses excès, ce qui n’est que pure incantation.
On n’en a guère entendu parler sur les plateaux lors de ces deux soirées électorales, ni du reste pendant la campagne, hormis du côté du Front de gauche ou du NPA fort peu relayés par les chaînes radio ou TV.
A droite on a trouvé l’explication : c’est la crise, certes bien réelle, mais qui ne devrait rien aux gouvernements libéraux et à leur système économique ? Ils nous promettent, avec le succès que l’on sait, de « moraliser » le capitalisme qui nous va si bien et qui, de toute manière n’a pas de concurrent ! Circulez, y a rien à voir, faut faire avec.
On comprend bien l’intérêt de la droite de persuader l’opinion qu’il n’y a pas d’alternative politique mais ce débat de fond traverse aussi la gauche et le mouvement écologiste, du moins celui qui se situe à gauche : Maastricht, la Constitution européenne, le Traité de Lisbonne…la divisent et ils impactent fortement notre vie quotidienne.
A gauche, côté PS, on a mis en avant la bonne gestion des régions, le plus souvent dans le pluralisme. Sans doute mais est-ce que les urgences sociales, l’emploi, les revenus les plus faibles, le logement, la protection sociale…toutes les contre-réformes de la droite s’en sont trouvées ralenties ?
Si c’était le cas, il y aurait eu beaucoup moins d’abstentions. C’est aux actes que ces nouvelles majorités régionales vont être jugées, sur leurs capacités à bien gérer et maîtriser l’utilisation des fonds publics destinés, pour une grande part, à la formation et à l’emploi, à l’environnement…mais aussi sur leur détermination à être des points d’appui pour la sauvegarde et le développement des services publics, des collectivités territoriales.
Ainsi, prochainement les directives européennes de libéralisation ouvrent les transports ferroviaires aux entreprises privées, y compris au niveau régional ! Puisque les régions sont toutes à gauche (sauf une) ne pourraient-elles pas adopter une position commune de principe ?
Ce serait, à l’ouverture de la mandature, un signe fort.
On ne le sent que trop : à peine éteints les lampions de ce second tour, les regards se tournent vers 2012 et les tractations d’appareils sont parties, comme DCB et son « appel du 22 mars » reprenant sa proposition d’un accord préalable avec le PS moyennant un contenu acceptable et…50 sièges de députés, après un regroupement de toute la famille écologiste, histoire de faire monter les enchères.
D’autres ambitions se font jour : « regardez mon score… » -« et le mien ? »- Tandis que l’on spécule sur la candidature du directeur du FMI, DSK pour ne pas le nommer, comme très bien placé…Les écuries se mettraient-elles en place ?
On le sait, en politique rien n’est jamais acquis. Ce qui sera déterminant, si l’on veut préparer une alternative aux gestions libérales, ce sont les mobilisations salariales et citoyennes sur tous les fronts et l’investissement de leurs acteurs dans le mouvement politique.
René Fredon
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