Régionales : pourquoi la droite a perdu. Et la gauche réellement gagné ?
Sans conteste, la Droite a reçu une bonne gauche à ces régionales 2010. Une vraie Bérézina. Dont les explications sont aussi limpides que de l’eau de roche. Si la Droite réussi son examen de conscience, dans ce cas, cette défaite sera un accident. En cas d’absence, les séquelles pourraient être profondes et durables. Quant au Parti Socialiste, il devrait avoir le triomphe modeste. Car la crise démocratique prend de l’ampleur.
Une déroute prévisible pour la Droite car les sondages étaient mauvais depuis plusieurs semaines et confirmaient l’ancrage de la gauche à la direction des régions.
La défaite de la Droite trouve très facilement plusieurs explications aussi limpides que l’eau de roche peut être claire.
La première et c’est la plus importante : les représentants élus de la Droite au niveau national, se sont au mieux, éloignés, au pires, tournés le dos aux valeurs et aux principes identitaires de la Droite. Une fois de plus, malheureusement, dans l’histoire de la Droite, car quand elle est au pouvoir, c’est une constante. A chaque fois, elle est incapable d’assumer ce qu’elle est. Ainsi, ses électeurs, totalement déboussolés, ne se retrouvent plus faute de références. Avant d’engager un débat sur l’identité nationale, la Droite aurait été nettement plus inspirée de lancer un débat sur sa propre identité depuis ses victoires de 2007, présidentielles et législatives. Les principes et valeurs incarnés par le candidat Nicolas Sarkozy (libéralisme, républicanisme, modernisme) ont été perdus en cours de route par le président Nicolas Sarkozy.
Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner de la faible mobilisation de son électorat voire d’une très nette déperdition dont pour une partie, a effectué un retour à la maison, soit au Front National. Un électorat qui ne se reconnaît plus dans son ouverture à outrance, ses discours vouant au gémonies sans retenue le marché, remettant en cause la concurrence, affirmant une sa foi nouvelle et subite en l’Etat et dont renierait à peu de chose près Olivier Besancenot. Discours qui frôlent la caricature.
Donc, si la Droite veut retrouver le chemin de la victoire, et surtout ses électeurs abandonnés, désorientés et désabusés, la cheville ouvrière de sa stratégie tient dans cette formule : retour aux fondamentaux.
Autre explication, la stratégie de l’unité à tout prix. Celle-ci fonctionne à plein pour les présidentielles. Car lors de ces élections - incarnation de la personnalisation politique - il s’agit bien d’une rencontre entre un peuple et un homme animé d’un dessein pour son pays. La logique est toute autre pour des élections locales. Dans ce cas l’unité absolue, surtout au premier tour, n’est plus une force mais une faiblesse. Car elle réduit les marges de manoeuvre et raréfie les réserves de voix. Un vrai effet couperet. C’est exactement ce dont ont été victimes les listes de Droite au second tour dans les régions ou, pourtant, elle arrivait en tête au premier tour comme en Ile de France ou encore en Rhône Alpes.
Le style élyséen dans la conduite de la politique est en cause. Car sa politique au fil du temps est devenu difficilement lisible. Un vrai courant alternatif ! Libéral les jours pairs, interventionniste les jours impairs. Protectionniste par jour de tempête, mondialiste par jour de beau temps et de grand calme. ’’Réforme’’ (les guillemets pour montrer l’abus de langage par notre président au vu des résultats parfois) de jour, temporise la nuit. A quel Saint (Nicolas) se vouer au final ?
Cela renvoie au rythme et surtout à la nature des réformes. En l’occurrence celle concernant l’organisation administrative du territoire. Cet échec de la participation électorale des régionales est une opportunité à saisir de toute urgence pour engager LA réforme tant attendue de nos collectivités locales pour les rendre à la fois plus efficaces en termes d’actions et mieux identifiables par les électeurs.
Au passif il faut parler d’une conception rétrograde de la politique. Et en contradiction, encore, avec le discours du candidat Sarkozy à la présidentielle. En effet, n’affirmait-il pas à l’époque, changer les mentalités, rompre avec des comportements qui n’ont plus lieu d’être dans une démocratie moderne. Et que se passe-t-il ? Des ministres propulsés têtes de liste ! Or, les français sont désormais majoritairement hostiles au cumul des mandats. Encore donc pris en flagrant délit (délire) d’incohérence.
Autre élément, l’arrogance mal placée et précoce d’avoir cru mis à terre le Front National. Par un simple coup d’élection magique, celle de la présidentielle. La Droite s’est prise à tort pour Marie Poppins. Une terrible erreur de jugement, avatar de la vanité qui habite trop souvent nos leaders politiques. Cette erreur trahit aussi une incapacité à ressentir avec justesse les sentiments, à percevoir avec exactitude l’état de l’opinion publique. Car nos leaders, au plus haut sommet de l’Etat, se font prendre, fatalement même s’ils jurent Grand Dieu qu’ils resteront les deux pieds sur terre, au plus près du peuple, au piège du syndrome de la Tour d’ivoire. Le déphasage avec la réalité intervient malgré eux. Les maux à l’origine de son enracinement dans le paysage politique français sont profonds. Et nécessitent bien plus qu’une élection gagnée pour les éradiquer. Il est urgent pour le président de renouer un lien direct avec le peuple.
Quant à la gauche, elle devrait faire preuve de plus de retenue dans sa victoire. D’abord, la forte abstention appelle à la modestie de tous. Car elle est l’échec, avant tout, de la démocratie. Donc l’échec de tous les leaders. De tous les partis politiques. Une vraie et dangereuse césure se produit, s’amplifie entre les élus et le peuple. Un mal qui progresse. Or, au lendemain des résultats, leaders de droite comme de gauche sont dans le déni de cette réalité. Cette posture est-elle soutenable à long terme ? Ensuite, avant d’être une victoire de la gauche, c’est celle des présidents de région fort d’une notoriété locale importante et d’un bilan qui ne porte pas à la contestation par les électeurs. Même si, bien sûr, cela n’enlève pas les mérites de chef de parti à Martien Aubry à avoir orchester la campagne. Dans ces conditions, comment tirer des plans sur la comète pour les présidentielles ? Comme le font avec empressement et à tort les leaders du Parti Socialiste. Comment, quand 21 millions d’électeurs ne se sont pas exprimés, se projetés ainsi lucidement et raisonnablement ? C’est mettre la charrue avant les boeufs.
Pour la Droite comme pour la Gauche, ces élections sont, avant tout, un sévère rappel à l’ordre, un mini séisme. Le deuxième en à peine huit ans, le premier remontant au 21 avril 2002, trop vite oubliés par les protagonistes à les écouter et les observer. Les répliques se multiplient et se rapprochent.
Attention, à vouloir se faire aussi gros que le boeuf, Gauche et Droite pourraient très bien, faute d’humilité et d’un examen de conscience à la hauteur de la crise démocratique, finir comme la Grenouille... mais un éclatement de la démocratie aurait des répercussions incalculables sur nos modes de vie...
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