Remaniement Belgique : chaises musicales grinçantes

Ce vendredi, le Roi Albert II a nommé officiellement nommé les nouveaux ministres au terme d’un jeu de chaises musicales particulièrement discordant. Le résultat laisse beaucoup d’amertume et une impression de bricolage où les enjeux politiciens l’emportent sur les compétences. Attention, accrochez-vous !

Le départ de Karel De Gucht (Open VLD) à l’Europe permet le grand retour d’Yves Leterme (CD&V) comme ministre des Affaires étrangères. Ceux qui ont suivi de près les négociations pitoyables de l’« Orange bleue » et la carrière éclair de Leterme au 16 rue de la Loi ont pu apprécier ses « talents » de diplomate… Le voici une nouvelle fois au pied du mur. 

Lobbying libéral

A l’issue d’une intense semaine de lobbying de son patron Guy Verhofstadt et de quelques accommodements « à la belge », le ministre bruxellois sortant Guy Vanhengel (Open VLD) se voit bombardé vice-Premier ministre et ministre du Budget. Mais, subtilité, ce que nous annoncions mardi comme une probable farce a été entériné : Melchior Wathelet garde son titre de secrétaire d’Etat au Budget et les compétences y afférentes. Question : que va faire M. Vanhengel de ses journées ? Cela se corse lorsqu’on sait que pour consoler Wathelet, on lui a offert aussi le poste de secrétaire d’Etat à la politique d’Asile et d’Immigration. Un vrai cadeau empoisonné, tant la ministre sortante, Annemie Turtelboom (Open VLD), a pourri le dossier par sa politique de la chaise vide et son mépris des engagements pris par le gouvernement. Wathelet saura-t-il recoller les morceaux de ce gâchis alors que Van Rompuy a promis une solution pour le… 21 juillet ? Un Van Rompuy qui, soit dit en passant, aura aussi dans ses attributions la « Coordination de la Politique de Migration et d’Asile ». On a du mal à suivre… Le pire reste à venir : que faire d’Annemie Turtelboom, surnommée « la plus mauvaise ministre du gouvernement » ? Il suffit de demander à Verhofstadt ! Pour la récompenser de son inaction (ou d’avoir mené à bien sa mission consistant à enterrer le dossier des sans-papiers), elle se voit nommée à un ministère « régalien », celui de l’Intérieur ! Qui a sous sa tutelle, ne l’oublions pas, la Politique de Migration et d’Asile qu’on vient de lui retirer… Trois ministres pour régler le sort des sans-papiers, espérons que cela suffise à résoudre une fois pour toutes cette question explosive !

On se bouscule au Budget

C’est le pauvre Guido De Padt (Open VLD), certes plutôt transparent, qui fait les frais des diktats de Verhofstadt et de l’invraisemblable promotion de Mme Turtelboom. A peine nommé ministre (en décembre 2008), le voilà déjà contraint de faire ses valises pour une fonction obscure de « commissaire au gouvernement » adjoint au ministre du Budget. Oui, mais lequel ? Vanhengel ou Wathelet ? La politique belge, c’est compliqué… 

Les autres changements sont liés à la formation des exécutifs régionaux. Le sulfureux et bredouillant Michel Daerden (PS, en pleine forme sur la photo) mettra ses (indéniables) compétences budgétaires au service des Pensions et des Grandes villes, à la fureur des Flamands qui accusent Di Rupo de refiler au fédéral ses rebuts encombrants. Comme prévu, Philippe Courard (PS) entre au fédéral comme secrétaire d’Etat à l’Intégration sociale et la Lutte contre la pauvreté. Olivier Chastel (MR), le "Monsieur Propre" de Charleroi, est promu secrétaire d’Etat aux Affaires européennes. Pour le reste, on ne change rien. Constatons toutefois que le nom qui a été le moins prononcé ces derniers jours est, curieusement, celui d’Herman Van Rompuy, censé coordonner cette joyeuse procession et qui n’a jamais donné à ce point l’impression de ne pas gouverner. N’en doutons pas : après les vacances, ça ira mieux !