Remaniement : La valse des pantins
« Mitterrand le Petit » entre au gouvernement. Dati, la pieuse Boutin et Bernard Laporte partent sous les quolibets. Les autres bougent un peu, ou pas du tout...

Frédéric Mitterrand, neveu du grand homme, quitte la Villa Médicis pour devenir ministre de la culture et de la communication. L’UMP et ses porte-paroles de TF1 ont claironné sans rire que "le président de la République a réussi un nouveau grand coup", et que "l’ouverture se poursuit avec une belle prise". On rappellera juste à cette bande de menteurs professionnels que "Mitterrand le petit" est un soutien inconditionnel de Jacques Chirac depuis 1995, un ami de Sarko, et qu’il n’a jamais été membre du Parti Socialiste. L’important étant de faire passer cette nomination comme "le résultat de la force de persuasion de Nicolas Sarkozy". Et même pas de son charme irrésistible ? Souhaitons donc bonne chance à Frédéric Mitterrand qui hérite de la loi Hadopi tout en reconnaissant humblement qu’il est bien incapable "d’allumer ou d’éteindre un ordinateur".
Christian Estrosi, grand copain de Sarko, devient ministre délégué chargé de l’industrie. C’est certainement une grande déception pour "le motodidacte" qui rêvait d’un poste autrement plus prestigieux du coté du ministère de l’Intérieur. Le maire de Nice, jamais en mal d’exotisme, va maintenant s’aventurer dans le monde baroque de l’industrie et de ses ouvriers syndiqués chez SUD ou à la CGT. Tout un programme.
Marie-Luce Penchard, conseillère technique à l’Elysée et proche collaboratrice de Sarko, a été nommée secrétaire d’Etat à l’outre-mer. Elle remplace "aux colonies" le pauvre Yves Jégo, viré comme un malpropre après les émeutes de Guadeloupe. Autant dire que le secrétariat d’Etat à l’outre-mer est de facto rattaché à l’Elysée. C’est utile, surtout à quelques jours du voyage périlleux de Sarko dans les Antilles.
Michel Mercier, trésorier du MoDem, trahit petitement François Bayrou en acceptant un modeste maroquin de ministre de l’espace rural et de l’aménagement du territoire. Ce traître-là n’aura pas coûté bien cher aux caisses de l’état.
Henri de Raincourt, président du groupe UMP au Sénat, devient ministre délégué chargé des relations avec le Parlement. On ignore tout de lui, et si par hasard il est aussi charismatique que son prédecesseur Roger Karoutchi on ne le connaîtra jamais vraiment.
Pierre Lellouche, député de Paris, devient secrétaire d’Etat aux affaires européennes. Américanophile primaire, atlantiste béat et partisan du libéralisme économique le plus fou, Pierre Lellouche s’est fait connaître du grand public en 1998 lors du débat sur le PACS en proposant de stériliser les homosexuels. Il est inutile de préciser que le nouveau secrétaire d’Etat fut un chaud partisan de la guerre en Irak. Un tel homme ne manquera pas de faire avancer la construction européenne.
Nora Berra a été nommée secrétaire d’Etat chargée des aînés, et Benoist Apparu, député UMP de la Marne, devient secrétaire d’Etat au logement. Grand bien leur fasse.
CEUX QUI DÉGAGENT
Un certain Michel Barnier, qui aurait été ministre de l’agriculture de 2007 à 2009, quitte le gouvernement pour se consacrer à son mandat de député européen. Michel Barnier, c’est bien le gars qui accompagnait Sarko au Salon de l’Agriculture quand "le pauvre con" a pointé le bout de son nez ?
Rachida Dati, sinistre de la justice et Garde des Sceaux à champagne, part pour Strasbourg. Adieu les bijoux et les robes Dior ! Adieu les "une" de Paris Match les jambes en l’air en bas résille ! Adieu les notes de frais astronomiques, le bling-bling, les accouchements médiatiques et les pères mystérieux ! En partant "Attila Dati" laisse derrière elle 152 tribunaux fermés, une justice affaiblie, aux ordres des parquets, et des prisons françaises dignes de leurs homologues turques. Adieu et bon débarras.
On sait déjà quelle glorieuse épitaphe sera gravée sur la pierre tombale de Christine Albanel, ex-ministre de la culture : "Hadopi m’a tuer".
André Santini, abandonne son poste de secrétaire d’Etat à la fonction publique. André Santini était membre du gouvernement et personne ne le savait. Peut-être même que Sarko l’ignorait aussi. André Santini en personne était-il au courant ?
On sait déjà quelle glorieuse épitaphe sera gravée sur la pierre tombale d’Yves Jégo, ex-secrétaire d’Etat à l’outre-mer : "La Guadeloupe m’a tuer".
Roger Karoutchi, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, quitte également ses fonctions. Avec la pauvre Albanel le taciturne Karoutchi est l’autre victime hilarante de la loi Hadopi. N’ayant pas vu la horde de députés socialistes cachée derrière les rideaux de l’hémicycle du palais Bourbon, le distrait Roger a provoqué le rejet du projet interneticide si cher à Sarko. Poilade assurée mais Karoutchi viré.
La très pieuse Christine Boutin n’est plus ministre du logement, il va donc falloir démonter la chapelle aménagée dans les caves de son ministère. Les services du mobilier National vont enfin pouvoir récupérer les prie-Dieu, encensoirs, vases sacrés et autres ustensiles liturgiques qui avaient mystérieusement disparu des réserves du musée du Louvre en mai 2007.
L’inénarrable Bernard Laporte ne sera plus secrétaire d’Etat aux sports. Celui qui voulait "voir les Antilles de vive voix" et qui prétendait "avoir constaté que les croquettes pour chiens Canicaf assurent un équilibre nutritionnel adéquat" (lire ici), ira désormais se faire voir ailleurs qu’au gouvernement. Chez les jambons Madrange par exemple.
CEUX QUI BOUGENT
En remplacement de Rachida Dati, Michèle Alliot-Marie devient ministre de la justice et Garde des Sceaux. Dépitée à l’idée de quitter la place Beauvau Mam se consolera doublement. D’abord avec le titre pompeux de ministre d’Etat, puis, et surtout, en donnant ses instructions au parquet dans l’affaire Julien Coupat. Question d’éviter le ridicule après avoir fait jeter l’épicier de Tarnac en prison sans la moindre preuve.
De ses deux années à l’Intérieur l’Histoire retiendra deux lois fondamentales : l’une sur la sécurité des manèges de fête foraine, et l’autre sur les chiens dangereux en manque de croquettes Canicaf.
Brice Hortefeux est nommé ministre de l’intérieur. Ce n’est pas une surprise tant le grand copain de Sarko a joué les danseuses pour obtenir le poste de premier flic de France. Cette nomination est d’ailleurs en parfaite adéquation avec le Principe de Peter et son Corollaire qui stipulent que « tout employé tend à s’élever à son niveau d’incompétence », et « qu’avec le temps, tout poste sera occupé par un incompétent incapable d’en assumer la responsabilité ».
Xavier Darcos, le geek de l’éducation Nationale, devient ministre du travail et Bruno Le Maire, est nommé ministre de l’alimentation de l’agriculture et de la pêche. Luc Chatel, tout en conservant son rôle de porte-parole du gouvernement, devient ministre de l’éducation. Bonne chance à lui.
Rama Yade, punie pour avoir refusé de se rendre à Strasbourg, devient... secrétaire d’Etat aux sports ! Son portefeuille des droits de l’homme disparaît.
Valérie Létard quitte le secrétariat d’Etat à la solidarité pour devenir secrétaire d’Etat au développement durable. Hubert Falco, secrétaire d’Etat à l’aménagement du territoire prend le portefeuille des anciens combattants.
Tout le monde s’en fout mais Jean-Marie Bockel devient secrétaire d’Etat à la justice.
Peachy Carnehan www.nordenstar.com
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