Retour sur le troisième homme des primaires, Arnaud Montebourg
Fort d´un score de plus de 17% (soit environ 350 000 électeurs), Arnaud Montebourg a pu célébrer sa percée hier soir. Non seulement ses électeurs vont décider du choix du (ou de la) candidat(e) dimanche prochain, mais ses thèmes vont également animer l´entre-deux-tours. De plus, Arnaud Montebourg est à l´origine de ces primaires ouvertes qui ont été plébiscitées hier par plus de 1,7 millions d´électeurs de gauche qui se sont déplacés aux urnes. Il n´y aura pas forcément de consigne de vote précise à l´égard des personnes dans la mesure où Montebourg a toujours refusé les synthèses à tout prix (Hollande) et le manque de réactivité dans la lutte contre la corruption (Affaire Guérini).
Une cohérence idéologique
Arnaud Montebourg a été fidèle à ses idées depuis de nombreuses années grâce à des plaidoyers récurrents contre la corruption et les paradis fiscaux et sa volonté d´instituer la responsabilité pénale du chef de l´État. Il a au sein du Nouveau Parti Socialiste réaffirmé cette posture inédite puis a continué à promouvoir une transformation des institutions de la France trop sujettes au repli oligarchique et à la corruption. En apportant son soutien à Ségolène Royal en 2007, il lui a offert les idées de rénovation des institutions avec l´idée de 6e République. Lui qui avait d´ailleurs rédigé des propositions constitutionnelles fortes pouvait non sans humour crier « Vive la 6e République » hier soir devant des supporters enchantés.
Sa candidature aux primaires a été lancée il y a plus d´un an avec des idées fortes sur la démondialisation et la nécessité d´adopter un capitalisme coopératif portant sur l´économie sociale et solidaire et sur les nouvelles énergies. Il s´était opposé à la proposition d´une Constitution européenne en 2005 car elle entérinait une vision néolibérale de l´Europe. Il a su capter la gauche du PS sans passer par des courants (Benoît Hamon ayant soutenu Martine Aubry) tout en apportant une vision idéologique solide qui trouve un écho certain dans l´électorat de gauche. Seul couac dans ce parcours, le cumul des mandats alors qu´il s´était battu énergiquement contre ce principe oligarchique.
Les primaires ouvertes et la rénovation des institutions
Arnaud Montebourg n´a jamais tenté de rallier une quelconque synthèse et c´est en restant fidèle à ses idées qu´il a pu progresser et s´attirer les sympathies de l´électorat de gauche. Au sein du bureau national du PS, il a donné un coup de jeune en faisant voter les militants sur deux principes importants, la fin du cumul des mandats et l´idée de primaires ouvertes et populaires. Nul doute qu´il cessera de cumuler ses fonctions si le principe est retenu lors des prochaines échéances électorales, ce qui permettrait d´élargir le réservoir d´élus et pousserait les uns à choisir les fonctions qu´ils souhaitent privilégier (locales ou nationales). Il y a des talents dans la gauche et les déclarations des deux personnalités de gauche arrivées au premier tour vont dans ce sens. François Hollande mesure la nécessité de réaliser une synthèse forte des idées de gauche tandis que Martine Aubry décline son programme d´idées comme pour mieux souligner celles qui sont communes avec l´électorat d´Arnaud Montebourg.
Les primaires ouvertes et citoyennes font partie de la culture de gauche. Deux ans après les votations citoyennes contre la privatisation de la poste, le PS a innové et a pris un risque. Certes, le fait que Dominique Strauss-Kahn n´ait pas été candidat a finalement permis aux primaires d´assumer leur véritable rôle, celui de désigner dans le respect des valeurs de gauche celui ou celle qui incarnerait la meilleure opposition à Nicolas Sarkozy au second tour des présidentielles.
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