Retraite : la caravane gouvernementale est stoppée au kilomètre 11.000 euros
Teasing contre-productif sur les retraites
« Le teasing, ou l’aguichage, est une technique de vente attirant le spectateur par un message publicitaire en plusieurs étapes. Dans la première étape, un message court et accrocheur interpelle et invite à voir la suite. La deuxième étape apporte une réponse et incite à la consommation. »
Après de longs mois de teasing gouvernemental sur le dossier des retraites, finement distillé dans la presse ainsi que sur la toile, à coup de dizaines de millions d’euros de budget de désinformation, nous touchons maintenant au but (c’est de saison). Mardi ou mercredi, nous allons enfin découvrir la nature de ce nouveau trepalium sur lequel nous allons devoir danser jusqu’à la prochaine réforme. Bref, réchapper à cet arrachage de notre consentement s’est révélé être un réel travail de résistance et d’endurance. Ouf...
Ceci-dit, ces bombardements médiatiques de kit-main-libre illégaux de « recul de l’age légal de départ à la retraite : non ce n’est pas sale » sont toujours d’actualité. N’hésitez pas à contacter le numéro vert du gouvernement si vous avez été blessé par l’un de ces projectiles.
Ce teasing sans fin, contrairement à son ambition initiale, a permis de souder le parti socialiste derrière Martine Aubry, ce qui n’était pourtant pas évident voilà un mois et demi, ainsi que la CFDT (pourtant signataire en 2003 de la précédente réforme) autour de la ligne dure d’un François Chérèque réélu triomphalement la semaine derrière. L’échec de la manifestation fin mai au sujet des retraites, n’est donc peut-être que le prologue des manifestations à venir. C’est en effet à un François Chérèque survolté et offensif que nous avons affaire aujourd’hui, il est clair qu’il ne laissera pas, ce coup-ci, perdre à sa centrale les 80.000 adhérents évaporés en 2003. Celui-ci nous confirme par ailleurs aujourd’hui le prochain mouvement de grève contre la mère des réforme, elle aura lieu le jeudi 24 juin prochain .
Il semble désormais que le temps joue contre la réforme, puisque 57 % des Français trouvaient les propositions socialistes préférables à celles du gouvernement à fin mai. Le vent a déjà tourné dans les panels de nos sondeurs Français, le gouvernement a donc décidé de précipiter, la semaine dernière, la publication de la proposition de réforme des retraites du 25 juin au 15 juin pour faire cesser cette insupportable descente aux enfers dans les sondages.
La nervosité à l’Elysée est palpable, ce dossier pourtant très préparé avait débuté comme un business-plan sur un powerpoint. L’enfumage dissipé, il ne reste que les propositions tonitruantes suivies de leur retraits passé sous silence. Ainsi donc, la semaine dernière Eric Woerth brandissait le glaive de la justice sociale pour signifier au bon peuple que « les riches » gagnant plus de 11.000 euros seraient soumis à une taxe spéciale…las, une semaine plus tard, nous apprenons que cette même taxe a été enterrée . En effet, pour le président, ce salaire mensuel est une revenu de classe moyenne….je vous laisse apprécier ce jugement dans toute son altérité.
Nous noterons également que la cohésion des blogueurs de gauche fait merveille dans cette « mère des batailles ». Durant ce temps de maturation long, finalement bien pratique pour nous mobiliser, ATTAC a réussi à mettre en ligne un site alternatif bien plus intéressant sur ce dossier que la pacotille gouvernementale actuellement en ligne. Quant à moi, après avoir abattu mon premier B52 en flagrant-délire de manipulation début mai, J’ai mouillé le maillot sur les retraites depuis cette date-là, et je ne varie toujours pas d’un pouce vis-à-vis de ma proposition du 3 mai à ce sujet.
Le temps joue aujourd’hui contre cette mauvaise réforme
« Travailler jusqu’à l’épuisement : non ce n’est pas sale », telles était la vulgate saisonnière voilà quelques semaines - et il est vrai le chômage de masse des séniors nous rend ce supplice social délicieux, puisque prolongé de quelques années. Eric Woerth, sur France inter au micro de Nicolas Demorand, ne déclarait-il pas voilà une quinzaine de jours : « maintenant, jusqu’à deux ans avant sa mort, on est en bonne santé ». C’est vous dire si nous convergeons vers un bonheur collectif envié et inévitable, justifiant à lui seul des ponctions financières supplémentaires dans nos (pauvres) portefeuilles.
L’inactivité, ce sont d’ailleurs les séniors qui en parlent le mieux, ceux-ci sont en effet seulement 38 % à travailler aujourd’hui, et il n’est même pas certain qu’avec des salaires de stagiaires, ceux-ci trouveront métiers à leurs pieds dans les prochaines années. Mais, il est vrai que le principe de non-contradiction ne s’applique de toute façon pas à la politique, ni à l’économie. Retarder l’age légal de la retraite, c’est très certainement précariser encore davantage une frange encore plus large de la population.
Le capital va poser une Assurance-vie collective sur nos têtes
Nous allons maintenant rapidement connaître les tenants et les aboutissants de l’assurance vie collective dont le capital va se prémunir sur nos têtes, au sens propre du terme. Dans le monde civilisé étatsunien, référence en la matière, celles-ci sont prises par les employeurs afin de toucher une prime lors du décès de leurs salariés. Ici, la manoeuvre est moins grossière, culture oblige, mais les finalités se confondent.
Il me semble que je suis en train de vous perdre dans quelques circonvolutions aguicheuses non ? Je me ressaisis de ce pas !
Dossier des retraites : game-over !
Les Français savent maintenant qu’un projet crédible existe, ainsi qu’une multitudes de projets alternatifs, ceux-ci décernent également sondage après sondage un bonnet d’âne au locataire de l’Elysée pour l’ensemble de sa politique. Il n’y a donc une seule solution pour travailler correctement sur ce sujet, c’est premièrement faire échouer la « mère des réformes » censée réhabiliter le président en terme de résultats pour 2012. En effet, ce thème doit être l’enjeu de 2012 et non le quitte ou double d’une présidence affaiblie.
Une fenêtre s’ouvre désormais à nous, et il est maintenant possible de faire définitivement taire la machine législative présidentielle, afin de remporter la « mère des bataille » mais également la partie.
Si vous ne faites pas partie de la classe moyenne à 11000 euros par mois, votre retraite se joue donc sur le pavé le 24 juin prochain. Là et seulement là, et de façon collective.
Tiens à propos de lutte des classes désuètes, avez-vous déjà vu ce graphique sur l’évolution des patrimoines Français entre 1997 et 2003. Ces données ont été diffusées par l’Insee au mois d’avril 2010, les datas plus récentes ne sont pas encore disponibles à ce jour.
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Publié sur Peuples.net
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