Retraite : salariés sacrifiés, capital protégé !
On nous avait fait le coup avec le rapport Gallois. Il s’agissait de pistes. Elles ont toutes été retenues. Le rapport Moreau, n’en doutons pas, sera l’alpha et l’oméga de la future attaque contre le système de retraite. Sa philosophie est claire comme de l’eau de roche. Les salariés, actifs ou retraités, du public ou du privé seront les sacrifiés. Le capital continuera à couler des jours heureux, il sera protégé !

- Commençons par le commencement, les salariés, tous les salariés. La durée théorique de cotisation sera donc augmentée de plusieurs trimestres. Or, la durée réelle de cotisation n’évolue pas et demeure de 37 annuités. L’effet immédiat sera donc une diminution des pensions.
- Poursuivons avec les salariés du public. Le montant de leur pension ne sera plus calculé sur leurs 6 derniers mois de salaires mais sur plusieurs années. Or, c’est en fin de carrière que l’on gagne, en règle générale, le mieux sa vie. L’objectif est donc, là encore, une diminution de la pension. Certains diront que ce n’est que justice car les salariés du secteur privé voient leurs pensions calculées sur une beaucoup plus longue période. D’autres iront même jusqu’à évoquer le principe d’égalité. Même si dans quelques cas le salaire d’un fonctionnaire peut être supérieur à celui d’un actif du secteur privé, Il faudra tout de même rappeler à tout ces épris d’égalité et de justice qu’en général, le salaire moyen d’un agent de la fonction publique nationale, territoriale ou hospitalière est inférieur au salaire moyen du secteur privé, surtout lorsque l’on travaille dans une grande agglomération urbaine. Raison pour laquelle les modalités de calcul de la pension d’un agent de la fonction publique ont toujours été plus “généreuses” afin de compenser l’inégalité de salaire de toute une vie ! Désormais, après l’inégalité de salaire, ce sera également l’inégalité de pension. Le tout sous un gouvernement socialiste.
- Finissons avec les retraités eux mêmes. Ils devront, eux aussi, financer le système par répartition. Un paradoxe absolu…”Mais ne bénéficient-ils pas d’une pension moyenne supérieure au salaire moyen ? Ils sont donc plus riches que les actifs ! Il faut supprimer cette injustice et rétablir une égalité de traitement”. Voilà mot pour mot ce que diront les défenseurs de cette mesure. Pourtant, le retraité touche, du régime général, une pension égale approximativement à un tiers de son salaire brut moyen de ses 25 dernières années de travail. Avec la complémentaire, sa pension atteindra 63% environ de son revenu mensuel moyen de ses 25 dernières années d’activité. Son pouvoir d’achat est donc amputé de pratiquement 40%. Malgré cette amputation massive, la pension globale d’un retraité est supérieure au salaire moyen d’un actif. Rien ne vous étonne ? Ce différentiel n’est pas dû au méchant retraité qui gagne trop mais au pauvre salarié actif qui ne gagne pas assez !
L’objectif réel de cette contre réforme des retraites n’est pas la pérennisation du système par répartition, mais la baisse des pensions redistribuées. Cette baisse des pensions s’inscrit dans une logique de baisses générales des salaires directes ou indirectes conformément au projet économique de la politique de l’offre conduite partout en Europe depuis des décennies. Cette politique prétend accroitre la compétitivité des entreprises en diminuant les coûts, donc les salaires, pour rendre, parait-il, la production moins chère. En réalité, le salarié est finalement si peu payé qu’il ne peut plus acheter. Les usines n’arrivent plus à écouler leurs produits. Les services sont de moins en moins consommés. Il faut donc encore réduire les coûts, donc la masse salariale. Les licenciements pleuvent, le chômage “prospère”. A l’arrivée, la croissance n’est pas au rendez-vous. Pire, la récession surgit. On s’attaque alors aux revenus des “inactifs” pour financer la solidarité et réduire les déficits des caisses publiques en raison d’un manque de cotisations. C’est donc désormais au tour des retraités d’être la cible de la politique économique de l’offre. La conséquence sera une diminution radicale de leur demande à eux aussi. La surproduction supplémentaire ainsi générée par une baisse de la consommation obligera à licencier encore d’avantage. et ainsi de suite. Et ainsi de suite. Et ainsi de suite…
Pendant ce temps là, pas touche au capital. Rien dans le rapport de la charmante Madame Moreau sur une taxe visant les revenues du capital, les dividendes et autres plus values. Pas un mot sur la contribution des banques dans le but d’alimenter le Fond de Réserves des Retraites. Ce qui était pourtant un engagement de Solférino en 2010 pendant que les salariés luttaient contre la réforme Sarkozy. A cette époque, le parti solférinien voulait prélever 3,5 milliards sur les banques afin de constituer, à horizon 2025, une réserve de 50 milliards. A cette époque, le parti solférinien promettait la liberté pour tous de choisir de partir à la retraite dès 60 ans grâce à la contribution du capital.
La réforme qui s’annonce promet d’être particulièrement dévastatrice pour les salariés et les retraités qui se verront sacrifiés sur l’autel du capital âprement protégé ! Finalement, comme sous Sarkozy, le monde du travail paiera pendant que le monde du capital prospérera à l’ère de l’austérité et de la politique de l’offre. Comme le disait si bien le porte parole du parti solférinien il n’y a pas si longtemps de cela. Mais à l’époque, il y avait des promesses à faire, un pouvoir à gagner, des postes à prendre…
Retraites : « les salariés et retraités paieront » par PartiSocialiste
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