Retraites : la messe n’est pas dite, reste la bataille de l’opinion
Nul ne peut plus ignorer la loi sur la retraite… Le texte a passé sans surprise le dernier cap de son cheminement parlementaire. Il a été adopté mercredi après-midi par 336 voix contre 233 à l’Assemblée. La droite parlementaire savoure cette étape décisive qui marque son empreinte sur le modèle social français. La messe est-elle dite pour autant ?
Passé ce cap de la loi définitivement ficelée, des grèves qui ont plus ou moins perturbé le fonctionnement de l’économie, gêné les usagers, le champ est à présent libre pour la bataille de l’opinion. Celle qui s’est profilée au fil des sondages autour des journées d’action syndicales, au rythme des déclarations publiques et autres commentaires largement médiatisés.
Pourquoi donc cette bataille-là, persistera-t-elle ? Pour la raison simple que d’autres enjeux sont à venir, auxquels la loi sur les retraites a ouvert la voie.
Chef de file d’une droite résolue à démanteler le modèle social français construit au lendemain de la Résistance, Nicolas Sarkozy ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Prochaine étape : la Sécu, les dispositifs d’allocations, et une bonne cure d’amaigrissement du secteur public de santé. Tous ces mauvais comptes qui creusent les déficits, accroissent l’endettement, ruine la France, hypothèque « l’avenir des prochaines générations ! ». Pour avancer sans trop de casse, il faut au chef de l’Etat mettre une large partie de l’opinion de son côté, chercher à convaincre, démontrer encore et encore que « les réformes » sont nécessaires, indispensables, et qu’un seul quinquennat ne suffira pas.
Dopés par une unité syndicale fraîchement reconstruite et qui a porté ses fruits sur le terrain, les syndicats ne vont sûrement pas lâcher prise, battre en retraite une fois les banderoles repliées après la journée du 6 novembre. Pour les enjeux à venir, ils ont eux aussi besoin de gagner la bataille de l’opinion. Pour freiner le train des réformes et aussi faire barrage à la réélection de Nicolas Sarkozy.
Force est de reconnaître que pour l’instant les organisations ont une petite longueur d’avance sur le chef de l’Etat et son exécutif, même remanié. Plus nombreux sont les sondages qui confirment un soutien appréciable des Français, malgré les chiffres exprimant une exaspération légitime devant la pénurie de carburant, le désordre dans les transports et l’amoncellement des ordures ménagères dans certaines villes, à l’image de Marseille. Nombreux ont été aussi les français qui n’ont pas hésité à mettre la main à la poche pour aider les grévistes, un mouvement de solidarité inédit, dont on parle malheureusement peu.
En fin de compte, peu importe que les prochaines journées d’action, du 28 octobre et du 6 novembre, soient ou non très suivie. Elles constitueront tout au plus un bon ou mauvais signe pour chacun des camps. Le pire ou le meilleur, c’est selon, est à venir.
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