Rétrospective d’un mandat
Le mandat de Nicolas Sarkozy s'achève sur la question : sera-t-il réélu ?
En tout état de cause, le solde n'est pas positif. Trop d'erreurs, trop de manquements restent les marqueurs du rejet majeur d'un électorat qui avait mis en 2007 tous ses espoirs dans l'homme d'alors.
Les très nombreuses promesses non tenues font partie de ce passif récurrent lié à un exercice de la fonction présidentielle portée par N.Sarkozy contestée et contestable.
Les français n'y ont pas reconnu la solennité qu'ils en attendent et qu'ils considèrent comme un élément indispensable de la représentation de la France sur la scène mondiale.
Ses écarts d'attitude, ses dérapages de langage n'ont pas été pardonnés. Ils ont choqué et ont été très souvent dénoncés comme inacceptables.
Sa proximité avec une France d'en haut a profondément choqué les français d'en bas qui étaient habité par les affres d'un pouvoir d'achat laminé, d'un chômage grandissant, d'une insécurité présente au quotidien et grandissante, en un mot par une peur du lendemain pour eux-mêmes, leurs enfants et petits-enfants.
Cette France d'en bas a très vite eu le sentiment d'être oublié par le Président. Ce sentiment s'est vite transformé en celui d'abandon puis de mépris. Dès lors rien ne pouvait plus éviter le divorce. Car l'élection de 2007 reposa bien sur la communion d'un grand élan, d'une très forte adhésion et d'un immense espoir dans l'homme qu'elle voyait comme le recours du moment dans les difficultés. Il faut se souvenir de l'élan et des espoirs d'alors pour prendre toute la mesure aujourd'hui du rejet !
Abandonnée et méprisée, cette France allait en souffrir profondément et la plupart du temps dans le silence d'une résignation que l'on peut dénoncer mais qui se drapera très souvent de cette enveloppe pudique d'un peuple meurtri.
Ce sentiment allait encore être exacerbé par les événement qui surviendront dès 2008 avec la crise naissante. Crise financière, crise de l'€uro, crise des institutions européennes, crise économique, sociale et identitaire. La pire crise qu'ait eu à affronter la Société du "vieux Continent" car elle en ébranle toutes les composantes sans distinction.
Si sa prise en main par le Président dès le départ ne fut pas contestée, c'est ensuite, dans le déroulement de ses moments forts, de certaines prises de positions qu'allait encore se conforter la contestation. Là encore, cette France allait être taraudée par le sentiment que ses intérêts étaient sacrifiés sur l'hôtel des exigences de Bruxelles, de Francfort et de Berlin. Il était dès lors interprété que sa Souveraineté, son Indépendance étaient abandonnées à l'entité européenne. Tout était concédé sans que jamais réellement ne furent marquées marqué des exigences. Dans la tourmente, cette France qui voyait son pouvoir d'achat encore amputé et le chômage grandir ne pouvait comprendre que l'on sacrifia à des plans de redressements des ressources qui manqueraient forcément un jour pour résoudre les problèmes intérieurs français. Car, dans le même temps que des milliards étaient expédiés à Bruxelles, étaient prises des mesures d'économie pour pallier à l'explosion de la dette intérieure augmentée de quelques 500 milliards en 5 ans, portée à 1.700 milliards d'euros depuis 1973 dont 1450 milliards d'intérêts.
Rien n'était fait pour améliorer la vie quotidienne des français. Rien concernant une amélioration des salaires. Rien concernant l'amélioration des retraites dont certaines ont un niveau scandaleusement bas, entre 400 et 600 €uros, le seuil de pauvreté étant fixé à environ 954 € par la CE.
Ces sentiments d'abandon et de mépris seront renforcés tout au long du mandat par celui d'une profonde injustice devant cette carence du Pouvoir et par les scandales concernant le niveau de certains salaires tout aussi faramineux qu'indécents. Ce qui sera ressenti à juste titre comme une provocation. Les retraites"chapeau", les "parachutes dorés" seront dénoncés comme autant d'insultes. Sans qu'aucunes mesures ne soient prise alors que des promesses avaient été faites ! Les scandales divers, les "affaires", ne contribueront pas à apporter l'apaisement dans une société de plus en plus en proie à ce sentiment "deux poids, deux mesures" en fonction que l'on soit faibles ou puissants !
Mais ce Peuple de France allait encore se rendre compte durant ces 5 ans combien il fut facile de faire des promesses de campagne électoral et combien celles-ci restèrent "lettre morte". Mais surtout combien il était évident que sa parole, elle aussi, était traitée avec mépris et quantité négligeable.
Le référendum sur le TCE de 2005 résonne et résonnera longtemps dans la conscience collective française comme l'un des outrages les plus cinglants ! .Comment était-il possible que cette sanction qui rejetait à 55 % un traité pouvait être remise en cause ? La parole et la décision souveraine du Peuple serait-elle effrontément remise en cause unilatéralement ? Elles le furent en 2007/2008 par le passage par la voie parlementaire du NON TCE ! Un NON qui fut transformé en un OUI au nouveau Traité de Lisbonne. Cette décision résonnerait dès lors comme une trahison pour beaucoup de français qui voyaient dans l'acte la violation de la Démocratie, la violation de la sanction populaire par un référendum.
La rupture était dès lors consommée.
Le bilan, si l'on veut y trouver un semblant d'actif du "Président-candidat sortant" ne peut pas masquer la masse considérable d'un passif qui pèsera lourd, très lourd. Les efforts du "candidat-président" pour faire oublier ce bilan ne peuvent l'escamoter. Les efforts d'aujourd'hui pour faire amende honorable de ses erreurs, de ses manquements, les affirmations de faire demain ce qui ne fut pas fait hier ne peuvent pas donner "quitus" au candidat.
Rien ne peut être oublié. Tout dossier, s'il se doit d'être instruit "à charge" et "à décharge", reçoit finalement sa sanction. Elle est toujours, du moins dans l'exercice pleine et entière de la Démocratie, rendue "au nom du Peuple français".
Une très grande majorité de français auront " souffert sous Nicolas Sarkozy " et cette souffrance, celle des petits, des invisibles, des laborieux, des oubliés, des abandonnés, des sacrifiés, résonnera jusqu'au fond des urnes comme le sceau de feu du refus, de l'ultime refus.
Il sera bon alors que l' "impétrant(e)" du 22 avril puis l'élu(e) du 6 mai se souvienne que rien, absolument rien ne sera plus comme avant.
Car il lui faudra, oui !, il lui faudra impérativement tirer la leçon du passé et se souvenir qu'il fut un jour écrit dans notre Constitution :
"De la Souveraineté", "Article 2"
[.....]
Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple".
Il lui sera bon de tirer toute la leçon du passé, fut-il le passé des 5 dernières années qui resteront un grand, un très grand débat de notre Histoire.
" L'Histoire ? C'est la leçon tirée du passé ! " Charles de Gaulle.
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