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Risque de censure : Non, le RN n’est pas l’arbitre des élégances !

« Je ne me suis pas roulé par terre pour être Premier Ministre. J'étais prêt, disponible, mais je n'étais pas demandeur. J'ai accepté en me disant que je pouvais être utile. J'essaie de remettre du calme, du respect partout. » (Michel Barnier, le 15 novembre 2024 dans "Ouest-France").

Ce lundi 25 novembre 2024 dans la matinée, à son bureau de Matignon, le Premier Ministre Michel Barnier a prévu de recevoir Marine Le Pen, la présidente du groupe RN à l'Assemblée. L'ordre du jour de cette réunion est assez facile à imaginer : le projet de loi de finances pour 2025 et le risque de censure.

En effet, la version du PLF 2025 (projet de loi de finances) qui reviendra à l'Assemblée en seconde lecture sera la version gouvernementale amendée par le sage Sénat. Autant dire qu'il paraît évident qu'il n'y aura pas de majorité positive pour voter ce PLF à l'Assemblée. Le gouvernement ne peut compter que sur environ 210-220 députés du "socle commun" et sur personne d'autres (et encore, à condition d'une discipline de fer de ce socle). Pas de quoi compenser la conjonction des oppositions qui, pour leur base électorale, seront de toute façon obligées de voter contre.

La solution, évidemment, c'est d'éviter le vote. Envisagée depuis longtemps, c'est l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution. Celui-là permet l'adoption d'un texte à condition qu'aucune motion de censure déposée à cette occasion ne soit adoptée. Il y a une grande différence politique, de posture et de responsabilité, entre voter contre le projet de loi de finances (le vote du PLF étant l'appartenance politique par excellence, ou pas, à la majorité gouvernementale) et voter pour une motion de censure dont les conséquences seront politiquement et économiquement grave. En clair, l'article 49 alinéa 3 permet à l'opposition soit de montrer son opposition à bon compte, soit de rester neutre sans qu'on puisse lui reprocher, et permet en même temps à certains groupes de la majorité de ne pas avoir à voter pour le budget.
 

Imaginons un instant qu'une motion de censure soit votée à l'issue de ce probable 49 alinéa 3. Il y aurait alors deux conséquences dont les effets à court, moyen et long termes seraient difficiles à évaluer vraiment mais elles seraient graves.

D'abord, il y aurait le rejet du projet de loi de finances en lui-même, cela signifierait qu'en début décembre 2024, la France n'aurait pas de budget pour 2025. Pas d'inquiétude toutefois, nous ne sommes pas aux États-Unis et il n'y aurait pas de ce qu'on appelle outre-atlantique un shutdown (arrêt des paiements des traitements des fonctionnaires, arrêt de toutes transactions financières de l'État). En effet, à très court terme, le gouvernement pourrait faire passer un douzième du budget de 2024. Ce n'est pas génial pour le déficit, mais cela donnerait du temps pour refaire la procédure budgétaire avant la fin de janvier 2025. Cela écrit, ce serait grave pour les entreprises (les investissements notamment) et pour les ménages (la consommation notamment), avec une grande incertitude qui régnerait encore sur les règles fiscales et sociales qui s'appliqueraient à eux en 2025.

Ensuite, et ce ne serait pas le moins pire, le gouvernement Barnier serait renversé. Inutile de dire que Michel Barnier n'insisterait pas et jetterait l'éponge après cet échec politique, mais de "son avenir", tout le monde s'en moquerait. Le problème, ce serait de nommer un nouveau gouvernement avec une majorité aussi impossible, et avec cette impossibilité de dissoudre l'Assemblée avant juin 2025. Que faire pendant le premier semestre 2025. Même la démission éventuelle du Président Emmanuel Macron n'empêcherait pas cette impossibilité de dissoudre (les constitutionnalistes sont tous d'accord sur le sujet). Le profil de Michel Barnier paraît aujourd'hui le meilleur possible pour évoluer dans cette zone à pièges !
 

Autant dire que l'enjeu du vote du budget n'est donc pas négligeable. Michel Barnier a réussi, pour l'instant, à marcher sur les œufs et aucun n'a explosé. Bientôt, les œufs se transformeront peut-être en mines antipersonnelles.

Depuis quelques jours, les responsables du RN mettent en garde le gouvernement sur sa volonté de censurer le gouvernement en raison du budget. Ils cherchent à faire monter les enchères. En rappelant que le pouvoir d'achat était l'une de ses lignes rouges, Marine Le Pen donne nettement un argument en faveur du vote d'une motion de censure. Il faut dire que selon un sondage IPSOS publié le 23 novembre 2024 pour "La Tribune Dimanche", 67% des sympathisants du RN sondés seraient favorables au vote de la censure (pour l'ensemble des Français, ce serait 53% des sondés). Un autre sondage publié le 20 novembre 2024 par Elabe pour BFMTV a donné le même genre de résultats : 51% pour l'ensemble des Français, 61% pour les sympathisants du RN souhaiteraient l'adoption d'une motion de censure. La pression du terrain est donc très forte. C'est dire si la base RN pousse pour aller au clash (sans sortie de secours, car quel autre gouvernement serait-il possible avec une telle Assemblée ?).
 

Jeu de bluff bien sûr, puisque Marine Le Pen, en plein procès, n'entend pas du tout retourner devant les électeurs à ce moment de son calendrier. Elle sait qu'elle risquerait très gros, et perdre un quart de siècle de carrière politique à cause d'une erreur de jugement pourrait faire réfléchir. En clair, elle serait plutôt du genre à se faire discrète. Le problème, c'est la dignité et la base électorale. Il ne faut donc pas perdre la face. Laurent Wauquiez a eu son trophée (la revalorisation des pensions de retraite, une mesure en fait pas si favorable aux retraités), et Marine Le Pen a donc besoin de son propre trophée pour pouvoir justifier, sans se renier, qu'elle ne voterait pas la censure encore cette fois-ci.
 

Il est donc probable que Michel Barnier lui lâchera un morceau, n'importe quoi mais une mesure en faveur du pouvoir d'achat, et tant pis si cela coûtera à l'État, au déficit. Sa survie en dépend. Leur survie en dépend, celle de Michel Barnier mais aussi celle de Marine Le Pen.

Pour autant, il ne faut pas s'aveugler par ce jeu de rôles. Marine Le Pen et son groupe RN ne peuvent pas renverser le gouvernement, ne peuvent pas faire chuter le gouvernement. Et pour une raison ultra-simple : elle ne dispose que de 126 sièges, 142 si l'on compte également les députés ciottistes, ce qui est loin pour faire face aux 210-220 députés du "socle commun". En d'autres termes, jamais une motion de censure ne pourra être adoptée par le RN seul. C'est une évidence, mais il convient d'insister là-dessus.

Car cela arrange les oppositions de faire croire que Marine Le Pen serait l'arbitre des élégances. Cela arrange le RN qui se voit ainsi attribuer un rôle bien plus grand que la réalité. Cela le rend influent, le rend puissant, et laisse entendre qu'il fait la pluie et le beau temps. Cela arrange aussi la nouvelle farce populaire (NFP). Cette gauche-ci trouve très confortable de pointer du doigts une supposée collusion gouvernement/RN alors qu'elle-même pourrait éviter l'adoption d'une motion de censure.

C'est là l'essentiel : une motion de censure ne pourra être adoptée qu'avec l'apport conjoint des votes du RN et des votes du NFP, c'est-à-dire par la collusion, cette fois-ci effective, entre le RN et le NFP. Et pour faire quoi ? Rien, car l'idée est le chaos. Aucun gouvernement RN-NFP n'est imaginable, le RN avait même considéré que son premier objectif était d'éviter de mettre l'extrême gauche au pouvoir.

Donc, la gauche ultradicale a un moyen simple d'empêcher l'influence du RN, c'est de ne pas voter une motion de censure sur le budget et de tenter d'influer elle-même sur l'action du gouvernement. Ce serait bien sûr un espoir impossible à envisager tant l'irresponsabilité de tous les députés du NFP, y compris de François Hollande, est grande par rancune contre Emmanuel Macron (qui est pourtant hors-jeu), au prix de mettre la France en péril.

Cette irresponsabilité est déjà pratiquement acquise puisque, dans une tribune publiée le 21 novembre 2024 dans "Le Monde", les apparatchiks du NFP ont déjà annoncé qu'ils déposeraient une motion de censure : « S’il [le gouvernement] s’entête à vouloir contourner le Parlement et à piétiner le vote du 7 juillet des Françaises et des Français pour imposer son budget par 49 al. 3, nos groupes parlementaires déposeront une motion de censure. ». Pour ces gauchistes, "s'entêter à vouloir piétiner le vote du 7 juillet", c'est continuer à ne toujours pas nommer Lucie Castets à Matignon. Pourtant, la page est tournée, puisqu'elle a été elle-même éjectée du strapontin des insoumis. Très étrange d'ailleurs, car la tribune était signée non seulement de Manuel Bompard (FI), Olivier Faure (PS), Fabien Roussel (PCF) et Marine Tondelier (EELV), mais aussi de... Lucie Castest, officiellement présentée comme "candidate du NFP à Matignon" ! Il est des illusions qui persistent et durent...

Les dirigeants du NFP seront également reçus par le Premier Ministre en ce début de semaine, mais sans vraiment espérer influencer sur le budget puisque la motion de censure semble déjà acquise. Ils étaient très mécontents du rejet de la version très irresponsable du budget en première lecture où 65 milliards d'euros de nouveaux impôts et taxes avaient été votés au détriment des Français et des entreprises françaises.

Le budget n'est pas qu'une épreuve pour le gouvernement Barnier ; il est aussi une épreuve pour le NFP dont l'unité se fissure jour après jour. Car en cas d'adoption d'une motion de censure, il risque d'exploser dans ses réactions très divergentes. Le PS souhaiterait alors envisager l'hypothèse d'un gouvernement dirigé par l'un des leurs, Bernard Cazeneuve. Une hypothèse qui paraît aujourd'hui fort improbable : l'histoire ne repasse jamais les plats. L'ancien dernier Premier Ministre socialiste aurait du mal à convaincre le "socle commun" de le rejoindre tout en convainquant la plupart des socialistes. Les dirigeants de LR n'auraient alors aucun scrupule à quitter ce navire en perdition.

C'est la raison pour laquelle Michel Barnier jouit de circonstances malgré tout favorables : ni le RN ni le NFP n'ont au fond intérêt à ce qu'une motion de censure soit adoptée. Mais ils ne voudraient pas perdre la face. C'est là un axe de négociation majeur pour Michel Barnier qui en a connu d'autre avec les négociations sur le Brexit. Le dénouement dans les prochaines jours...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 novembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Risque de censure : Non, le RN n'est pas l'arbitre des élégances !
Michel Barnier plaide pour la sobriété normative et procédurale !
Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 21 novembre 2024 à la Porte de Versailles (vidéo et texte intégral).
Michel Barnier sur les pas de Pierre Mendès France.
Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 15 novembre 2024 à Angers (vidéo et texte intégral).
PLF 2025 : la majorité de rejet !
Michel Barnier : déjà deux mois !
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5 euros pour visiter Notre-Dame de Paris ?
Achats dans la fonction publique : des économies à faire ?
Doliprane : l'impéritie politique.
Proche-Orient : l'incompréhension de Roger Karoutchi.
Motion de censure : le quart d'heure de gloire d'Olivier Faure.
Budget 2025 : l'impossible mission de Michel Barnier.
Claude Malhuret : du vol des élections aux chefs d'escadrille...
Les 3 lignes rouges de Marine Le Pen pour ne pas censurer le gouvernement Barnier.
La quadrature du cercle de Michel Barnier.

 

 


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18 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 25 novembre 2024 11:08

    Bien vu !

    Barnier lâchera un peu de lest sur un élément budgétaire mineur et Le Pen présentera cela comme une avancée majeure obtenue de haute lutte.

    En conséquence, il n’y aura pas de motion de censure.


    • Fergus Fergus 25 novembre 2024 11:13

      Et Mélenchon pourra continuer de dénoncer la collusion entre le pouvoir en place et le RN tandis que Le Pen s’appliquera à surjouer « l’esprit de responsabilité » de son parti face au chaos souhaité par LFI. 


    • Octave Lebel Octave Lebel 25 novembre 2024 11:13

      Le RN joue à la fois au chat et à la souris et en même temps  à cache-cache avec ses électeurs. Electeurs censés n’y voir que du feu. Il a vite appris les combines parlementaires, convenons-en.

      Ceux qui colportent sa propagande, quelques soient les détours plus ou moins subtils utilisés, ont bien du mal à nous les cacher eux-aussi. Saluons quand même leurs efforts.

      Jusqu’à preuve du contraire le RN n’a pas voté la censure quand cela était possible et dans la dernière ligne droite du vote du budget élaboré par les députés de l’Assemblée après un long travail, un budget équilibré dégageant même de nouvelles recettes, le RN a voté contre avec toutes les mesures de justice sociale et de rééquilibrage des contributions à l’impôt que cela comportait. Renvoyant celui-ci au sénat où heureusement la droite règne encore pour une remise à zéro et offrant ainsi la rampe de lancement du 49.3 à qui on sait. En venant au passage de sauver, mine de rien, deux fois la mise à Macron. Le RN a voté ostensiblement l’abolition de la réforme des retraites tout en sachant qu’il renverrait le budget et tous les textes au sénat.... Reste donc pour avoir l’air d’avoir l’air (qui ne comprend pas pourquoi à ce moment précis ?), le petit suspens qui fait parler quand on a rien de consistant à dire et proposer, le petit suspens autour de la prochaine mention de censure censé occuper l’esprit des électeurs de la maison.Qui en fait ne savent plus à quels saints se vouer au fur et à mesure que le temps passe quand la responsabilité de la situation exige des analyses et des actes politiques clairs. Un conseil. Juger les élus à la cohérence de ce qu’ils font, pas à ce qu’ils racontent. Et si vous constatez un écart, tirez-en les conclusions qui s’imposent.


      • Octave Lebel Octave Lebel 25 novembre 2024 11:14

        Pour mémoire en 2022, le RN avait proposé d’emblée une motion de censure injouable à l’époque qui aurait eu le mérite de faire adopter la réforme des retraites sans débat empêchant ainsi la mobilisation qui a suivi et le niveau d’information et de prise de conscience que cela a produit. Les électeurs du RN peuvent être contents, leurs élus sont de sacrés intrigants à observer de près. Ces gens réclament le pouvoir avec arrogance mais leurs électeurs savons de mieux en mieux à qui ils ont réellement affaire.

         Nous sommes tous au pied du mur de la démocratie et de la responsabilité. Allons de l’avant pour construire sinon d’autres ont des projets tout prêts pour lesquels ils ne manquent comme ingrédients indispensables que notre ignorance, notre résignation et nos divisions à susciter, cultiver et entretenir. Sans lesquelles nous n’en serions pas là où nous sommes. Ils ont un certain savoir-faire, la motivation bien sûr parce que beaucoup à perdre (pas d’inquiétude, ils ne risquent même pas, eux et leur famille de connaître l’indignité des conditions de vie de ceux d’entre nous appartenant à la tranche haute de la classe moyenne les pauvres ...) et de très gros moyens à leur service. Il y a 3 pas décisifs à faire pour relancer la démocratie : censure, démission, élections. Nous les citoyens de ce pays, nous le valons bien comme disent les publicitaires.

         


        • @Octave Lebel

          <Dans ce pays> comme vous dites, si ce n’est pas le votre alors veuillez faire silence.

          Car le RN, n’a jamais gouverné, n’a jamais eu de majorité avant 2024

          Il a seulement été présenté comme un repoussoir jusqu’ aux élections présidentielles et législatives.

          Quant aux élus du sexe féminin des autres partis politiques, ces bonasses prêtes à tous les mensonges oublient facilement que cette une femme qui dirige le RN depuis 2011.

          <Le RN est un parti politique comme d’autres partis de la politique française qui se sont aussi fourvoyés dans la petite politique politicienne à la française, tel que ; Le PS, Les LR, L’UDI, LFI, Le P.C, sans oublier LE MODEM( une pure escroquerie)..etc 

          Que ce soit, les électeurs du RN ou d’ailleurs, ILS VOUS EMMERDENT à donf ...


            


        • ETTORE ETTORE 25 novembre 2024 11:58

          Mais c’est qu’ils ont l’air si heureux sur la photo de «  croupe  », n’est il pas ?

          L’important, le plus important, c’est de ne pas de ne pas trop entâmer cette si belle motte de beurre politico-baratée ?

          Les français ? QUOI ? M’enfin....., Vous voulez le beurre, la crémière, et l’argent du « beur »

          Où vous avez vu cela ?

          Pauvres français, contentez vous du « dernier tango à Paris », c’est déjà pas mal, niveau retombées.


          • Rémy Rémy 25 novembre 2024 14:25

            @ETTORE

            Houlala, une belle engeance de vainqueurs sur la photo...

            Comment redresser un pays qu’ils ont eux-mêmes plongé dans la mouise, c’est très simple, voler aux Français qui bossent une journée de boulot, certains abrutis voudraient même 18 heures pour réenchérir la farce , et pourquoi pas faire travailler les gens gratuitement pendant qu’on y est ?

            En terme juridique, cela s’appelle l’esclavage.....c’est tout ce qu’ils ont trouvé, ces imbéciles congénitaux !

            Mais en terme d’avenir, le macronistan et ses thuriféraires vivent leurs derniers jours/mois, il va être grand temps de tourner cette page pourrie d’une manière ou d’une autre, censure, destitution ou démission et tribunal pour en finir définitivement avec tous ces baltringues malveillants, mortifères et belliqueux !
             


          • Soucougnan Soucougnan 25 novembre 2024 18:08

            Barnier est désormais selon l’enquête de novembre de l’institut Cluster17, au coude à coude avec Marine Le Pen. Alors il y a de bonnes chances que celle-ci choisisse de se débarrasser de lui. Je pense que le RN ne voit plus d’intérêt à être associé au pouvoir et préférerait sûrement qu’un membre du NFP devienne Premier ministre. Comme ça celui-ci ne viendrait pas courtiser ses électeurs. La question est de savoir si la gauche a elle-même envie du pouvoir. Car après toutes les promesses mirobolantes qu’elle a faite, le risque de décevoir serait énorme et forcément néfaste aux ambitions présidentielles de ses leaders.


            • Eric F Eric F 27 novembre 2024 15:47

              @Soucougnan
              il manque 80 sièges à l’actuel gouvernement pour avoir la majorité, il en manquerait 100 au NFP, ce serait donc encore plus ingouvernable.
              Il reste l’hypothèse qu’aurait préféré Macron de grand arc républicain allant des écolos aux libéraux, mais ils ne sont d’accord sur rien en terme de programme économique, social et fiscal.
              Chacun aurait intérêt à laisser Barnier faire le sale boulot d’assainir les finances publiques, et se donner rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle dissolution, peut être à la proportionnelle ...où le RN aurait 200 sièges.


            • Soucougnan Soucougnan 27 novembre 2024 16:16

              @Eric F

              il en manquerait 100 au NFP, ce serait donc encore plus ingouvernable.

               
              Le NFP peut essayer de trouver des voix auprès d’Ensemble s’il parvient à faire taire les plus extrémistes de la LFI (improbable). Ou alors les socialistes peuvent former un gouvernement minoritaire de centre gauche avec un premier ministre du PS qui cherchera sa majorité à gauche ou à droite selon les cas.
               

              Chacun aurait intérêt à laisser Barnier faire le sale boulot

               
              Tous sauf le RN. La droite conservatrice est la concurrente du RN pour la présidentielle de 2027 et elle progresse au sein de son électorat.
               

              se donner rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle dissolution

               
              Oui mais il y aura des sondages et si ceux-ci ne prévoient pas de majorité pour gouverner, alors il n’y aura pas de dissolution, du moins pas tant qu’un nouveau président ne sera pas élu. Or à qui profiterait la démission de Macron en Juin ? À Philippe, Attal ou Barnier ? Car chacun de ces individus battrait de toute façon Bardella ou Le Pen au second tour et s’arrogerait ensuite une majorité.

            • Eric F Eric F 27 novembre 2024 16:31

              @Soucougnan
              Ce qui m’étonne, c’est le discours médiatique et sondagier sur une prétendue popularité d’Edouard Philippe, on ne l’entend presque jamais, on le reconnait à peine quand ils le montrent, et personne dans la rue n’en parle. C’est un produit ’’prêt à élire’’ sur étagère.

              Pour le RN, mieux vaut que la droite barniériste se compromette et devienne impopulaire aux affaires, entrainant aussi la macronie qui fait partie du ’’socle commun’’. A moins qu’ils craignent que le gouvernement réussisse à passer comme sauveur du pays ?

              Maintenant il est trop tard, mais si Castets avait été nommée en juillet et s’était cassée les ailes en Septembre, l’option ’’à gauche toute’’ serait oubliée.


            • Soucougnan Soucougnan 27 novembre 2024 17:15

              @Eric F

              une prétendue popularité d’Edouard Philippe, on ne l’entend presque jamais, on le reconnait à peine

               
              Eh bien il a été Premier ministre, donc tout le monde le connaît. Il n’a pas laissé de sentiment défavorable dans l’opinion ou alors c’est oublié et vu que, comme vous dites on ne l’entend pas, ça ne lui attire aucune inimitié d’où sa popularité.
               

              Pour le RN, mieux vaut que la droite barniériste se compromette et devienne impopulaire aux affaires

               
              Mais moins le gouvernement Barnier aura de pouvoir mieux il se portera, comme Edouard Phiippe, c’est couru ! D’ailleurs Barnier talonne Le Pen. Ça ne veut pas dire que l’un ou l’autre ait la moindre chance pour la présidentielle, mais c’est à mon avis une preuve que la stratégie que vous décrivez et qui était sûrement celle de Le Pen ne marche pas. Sans compter qu’il n’y a pas que Barnier, il y a Retailleau. Lui n’a rien d’un barnieriste, c’est un ultra-conservateur et si ses chances de victoire semblent meilleures que celle de Bardella, alors il pourrait potentiellement siphonner les voix du RN à la présidentielle. Autant de bonnes raisons pour Marine le Pen d’écarter ces gens du pouvoir selon moi. Mais nous verrons bien ce qu’elle fera.
               

              Si Castets avait été nommée en juillet et s’était cassée les ailes

               
              Et si elle ne s’était pas cassée les ailes et si elle avait su trouver avec le RN quelques terrains d’entente pour une joyeuse entreprise de démolition des années Macron ? S’il y en avait une qui en était capable c’était peut-être elle et c’est peut-être aussi pourquoi Macron, à bon escient, a préféré ne pas lui laisser sa chance.

            • Eric F Eric F 27 novembre 2024 18:07

              @Soucougnan
              L’hypothèse d’une conjonction entre Castets et Le Pen est assez rocambolesque. Mais non, le RN avait d’emblée annoncé qu’il censurerait un gouvernement comportant des LFistes ou des écolos. Un vote conjoint NFP-RN sur un texte donnés’est par contre déjà produit ;

              On ne sait ce qui est le plus probable entre un accord ’’à la Ciotti’’ entre Retailleau et le bloc national, ou un siphonnage d’une partie de l’électorat RN par ’’La Droite Républicaine’’ (nouveau nom de ex LR).

              On verra ce qui en sera de la censure, il y a eu suffisamment de mécomptes sur les prévisions ces derniers temps pour ne pas trop s’y risquer. On a du mal à entrevoir ce qui est possible, mais même à définir ce qui serait ’’le moins pire’’.


            • Soucougnan Soucougnan 27 novembre 2024 21:24

              @Eric F

              le RN avait d’emblée annoncé qu’il censurerait un gouvernement comportant des LFistes ou des écolos.

               
              Elle n’en aurait pas en nommés, c’est certain. Et elle aurait immédiatement mis la réforme des retraites sur la table. Macron a préféré ne prendre aucun risque.

              Sinon un accord de Retailleau avec le RN serait perdant pour tout le monde. Ça ne sortirait pas le RN du barrage républicain et Retailleau s’y retrouverait désormais empêtré comme Ciotti. À mon avis l’unique solution serait que les électeurs de la droite conservatrice quitte le RN pour LR dont Retailleau serait le candidat à la présidentielle. Mais personnellement je n’y crois pas. Le RN ne permettra pas à Retailleau de devenir assez populaire pour cela et avec Wauquiez à la barre, les électeurs conservateurs resteront dans les rangs du RN. S’ils quittaient le RN pour faire monter Retailleau, il y aurait une chance que celui-ci capte le vote utile du centre droit, affaiblissant le candidat du centre de façon à affronter la LFI au deuxième tour et là : Victoire ! Mais il ne faut pas rêver, ça n’arrivera pas. Comme je le disais ce n’est pas dans l’intérêt du RN. Donc au final Bardella (ou peut-être Le Pen) sera battu au deuxième tour par un candidat centriste. Je doute qu’il y ait une surprise.


            • Eric F Eric F 27 novembre 2024 14:39

              c’est ubuesque !

              La gauche qui a fait partie du ’’front républicain’’ contre le RN votera quoiqu’il arrive la censure d’un gouvernement dont elle a contribué à faire élire certains membres (et vice versa)

              La survie du gouvernement dépend des votes du RN, qui a été ostracisé des postes de responsabilité de l’assemblée ;

              Le RN a intérêt à poser des conditions, spectaculaires mais non rédhibitoires pour qu’elle puissent être acceptées, et se targuer d’avoir à la fois évitè la faillite nationale, et obtenu des avancées pour la population.

              S’il y a censure, soit vu le chrono Barnier est reconduit pour expédier les affaires courantes (il y a des artifices pour appliquer un budget), soit -ce qui ne ferait pas l’affaire du RN-, l’option de gauche modérée est mise en place, le fameux ’’arc républicain des écolos au libéraux hors LFI et RN. 


              • Soucougnan Soucougnan 27 novembre 2024 15:51

                @Eric F

                soit -ce qui ne ferait pas l’affaire du RN-, l’option de gauche modérée est mise en place

                 
                Je ne suis pas certaine que ça ne ferait pas l’affaire du RN car je vois que Barnier et (plus dangereux encore) Retailleau progressent auprès de l’électorat RN. Barnier talonne désormais Marine Le Pen dans le test de popularité Cluster17 de novembre. Du coup, je me dis que Marine Le Pen pourrait avoir intérêt à se positionner clairement dans l’opposition en laissant le PS et Ensemble gouverner. Je ne suis pas de sensibilité nationaliste donc peut-être appréciez-vous mieux que moi l’état d’esprit des électeurs du RN, mais je me dis que ces derniers, sachant que quasiment n’importe quel adversaire battra probablement Bardella ou Marine Le Pen en 2027, il pourrait être intéressant de miser sur la droite conservatrice à laquelle appartient Retailleau plutôt que sur le RN. Et du coup, sortir rapidement cette droite conservatrice des affaires pourrait être un sage calcul du RN.

              • Eric F Eric F 27 novembre 2024 16:47

                @Soucougnan
                Il y a plusieurs composantes contradictoires dans l’électorat RN : le courant protestataire qui pousse à la crise, et l’électorat conservateur récemment rallié par la ’’normalisation’’ du mouvement, qui vise plutôt à une future coalition à l’italienne ou à la néerlandaise.
                Marine semble plus proche des premiers et Bardella des seconds ;

                Si la censure présentée par le NFP est votée par le RN, et que cela conduit à l’avènement d’un gouvernement de gauche ou centre-gauche, on ne manquera pas de dire qu’il a fait le lit de l’adversaire (les macronistes voteraient avec la gauche des mesures sociétales et migratoires, mais pas les mesures sociales).


              • Eric F Eric F 27 novembre 2024 14:47

                La sous-revalorisation des retraites au premier janvier est une pire arnaque qu’une revalorisation complète en juillet, car le décrochage restera pérenne. Sixième année en dix ans que les retraites sont gelées ou sous-valorisées (hors minima). Ceci étant, si c’était décalé de six mois, ils auraient dit début 2026 que ça avait été anticipé (alors que c’était décalé) et qu’il faudra attendre 2027...

                ...quand on pense qu’au début de l’été, tous les partis mettaient comme ligne rouge de réduire le pouvoir d’achat des retraites !

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