« Ruptures », le livre écrit par un magistrat qui stigmatise la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy
A quelques jours du scrutin suprême, Nicolas Sarkozy reste pour de nombreux Français comme un homme qui fait peur. L’agressivité, la nervosité déployée dans ses meetings entretiennent cette image. Au travers son livre « Ruptures » un magistrat renforce ce sentiment d’inquiétude en dénonçant la vision sécuritaire du candidat évaluée à l’aune du bilan de celui-ci au Ministère de l’Intérieur. Plus grave, l’auteur, Serge Portelli, estime que le candidat est en rupture avec un certain nombre de principes républicains qui garantissent nos libertés.
"Ruptures" c’est d’abord l’histoire d’un livre jamais publié. En 2007, Serge Portelli, vice-président au tribunal de Paris, président de la 12ème chambre correctionnelle, membre du syndicat de la magistrature (les juges rouges comme les qualifient certains) écrit son livre qui dresse le bilan de Nicolas Sarkozy au Ministère de l’Intérieur. L’intention de l’auteur est claire, informer les électeurs sur la vision sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Le livre doit donc être publié avant les élections. Un éditeur est trouvé, les éditions Michalon. Rebondissement le 20 avril. Par un communiqué les éditions indiquent qu’elles ne publieront pas l’ouvrage officiellement, parce qu’elles le jugent décevant sur le fond et la forme. Serge Portelli dénonce lui des pressions en mettant en avant que le propriétaire des éditions Michalon est un ami de Nicolas Sarkozy. Peu importe, l’auteur ne souhaite pas réaliser une opération commerciale, le livre est donc mis en ligne gratuitement en intégralité sur internet (www.betapolitique.fr/ruptures).
Alors, "Ruptures" c’est quoi, un brûlot, un ouvrage indigent ? Ni l’un ni l’autre. Sa centaine de pages se parcourt avec beaucoup de facilité. Le style est limpide, les propos étayés de statistiques. En revanche la vision sécuritaire de Nicolas Sarkozy est clouée au pilori. Le magistrat n’hésite pas à dénoncer une approche et des méthodes liberticides.
Serge Portelli stigmatise la vision simpliste du délinquant de Nicolas Sarkozy selon laquelle le déterminisme génétique l’emporterait sur la liberté de l’individu. Dans cette approche manichéiste, le candidat oppose ceux qui travaillent et se lèvent tôt à ceux qui fautent et qu’il faut châtier. Serge Portelli, en professionnel de la justice, accuse Nicolas Sarkozy de manipuler les statistiques, d’avancer sciemment des chiffres erronés. Nicolas Sarkozy n’aurait comme seule réponse à la délinquance que le tout répressif, le tout prison alors que la chaîne judiciaire, faute de moyens, est saturée et que les prisons, indignes d’une démocratie, connaissent une surpopulation alarmante.
Toujours selon Serge Portelli, le bilan de l’ex ministre de l’intérieur, c’est la multiplication des lois répressives, l’instrumentalisation des victimes, l’arbitraire avec le développement des détentions provisoires, la mise sous très haute surveillance de la société, la dégradation des relations entre la police et la population...
En conclusion, le magistrat estime que Nicolas Sarkozy représente une rupture avec des principes républicains qui garantissent nos libertés : la séparation des pouvoirs avec les interventions répétées sur l’institution judiciaire, la non rétroactivité des lois, l’individualisation de la peine avec l’instauration de peines plancher, la présomption d’innocence avec la multiplication du recours à la garde à vue, le droit d’asile avec la chasse aux étrangers, le respect de la vie privée et enfin le principe d’atténuation de la peine à l’égard des mineurs avec la volonté d’abaisser la majorité pénale.
"Ruptures", un ouvrage aussi éclairant qu’inquiétant.
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