Samedi j’étais moi aussi à Quimper
« Ho politiques, ho multinationales, ho grands médias, ho que le peuple est bête ! Et loué soit-il. »
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« Ho politiques, ho multinationales, ho grands médias, ho que le peuple est bête ! Et loué soit-il. » N’est-ce pas ce que ce répète chaque matin chacun des complices de l’exploitation du peuple ? Oui les bonnets rouges ressemblent un peu à la manif pour tous, des gens simples qui n’ont que le produit des médias et des politiques (et des croyances ?) pour se cultiver.
Leurs emplois sont répétitifs et abrutissants, et pourtant ils l’aiment et selon un des discours de la veille, « Il n’y a rien de plus dur que de perdre son emploi. ». Mon dieu cette phrase m’a tué. J’étais dans les premiers rangs devant le camion qui servait de scène et qui abritait la sono. On en est là. Les ouvriers ont une telle dépendance à leur travail qu’ils n’imaginent rien de plus dur que de ne plus travailler (souffrent-ils tant pendant leurs vacances ?). J’imagine que tous les riches et puissants ont bu cette petite phrase comme un millésime depuis longtemps conservé, protégé, gardé pour une belle occasion. La dépendance du peuple à produire l’argent qui est nécessaire à leurs trains de vie à eux est toujours au maximum malgré la crise. Et tous nous sommes complices, car combien d’entre nous pourraient encore tuer le porc, le bœuf, le poulet et le lapin dont nous aimons tant nous remplir le ventre ? La simple diffusion de quelques images de ce qui passe au quotidien dans leur travail donne envie de vomir à la majeure partie des gens. C’est de bonne blague chez les paysans (attention il y a là une différence avec les exploitants agricoles qui eux n’ont plus le temps de rigoler), que d’imaginer tous les végétariens qui se découvriraient cette vocation si on leur mettait un lapin dans une main et un couteau dans l’autre.
Quoi qu’il adviendra, les travailleurs s’attacheront toujours à leur travail aussi pénible qu’il soit. Alors que comme il est dit dans une fameuse comédie belge : « Finalement c’est un peu ça le but dans la vie, réussir à rien foutre. » ils s’acharnent à se tuer pour d’autres en se satisfaisant de quelques semaines de repos et des promesses d’une hypothétique retraite. Et ça les puissants et les actionnaires l’ont bien compris.
Alors que l’on soit riche de gauche ou de droite (y a-t-il encore une différence ?), on se marre à l’idée de ce peuple breton qui manifeste, quand on n’essaye pas de les récupérer. « Qu’ils sont niais avec leur bonnet rouge et leur slogan qui pue l’ignorance du système. » Voila ce que tout ce beau monde pense tout bas. Voila ce que je pensais moi-même en entendant scandé derrière moi « Hollande démission ! ». Comme si placer un autre guignol à la présidence, j’entends par là marionnette qui n’a pas de vouloir propre et qui ne vit que les histoires que son marionnettiste lui offre, allait pouvoir faire quoi que ce soit dans ce système. Je souris quand j’entends mes voisins s’inquiéter de la montée du FN ou de l’extrême gauche, je leur réponds maintenant « et alors ? Ils seront pieds et poings liés comme les autres ? Que veux-tu qu’ils fassent qui ne sera pas rattrapable 5 ans plus tard ? » Encore faudrait-il qu’ils aient la moindre marge de manœuvre. Ce dont je doute. Un ami m’a montré cette photo d’un mur tagué de cette phrase (en italien) « Si le vote était encore utile ils l’auraient rendu illégal ». Car les bonnets rouges reprochent aux dirigeants en place la merde dans laquelle ils sont alors que cette merde s’accumule de mandat en mandat. Et que tout est bridé pour qu’absolument rien ne change. Les intérêts financiers sont tels que nulle autre loi n’est plus puissante que la loi du dollar.
Ils disent « vouloir vivre et travailler au pays. » (en parlant de la Bretagne). Quel beau rêve. Pourtant on le sait que le pays va mal et est soumis à d’autres pays qui vont encore plus mal. La théorie des chaînes bas son plein régime. Tout regroupement majeur, qu’il soit humain, national, ou international pousse à l’incapacité d’agir.
Les bonnets rouges sont à bout. Pour qu’ils osent manifester, s’unir et se respecter avec l’illusion d’être tous pareil, même s’ils ont la facilité de pouvoir profiter de la sympathie du breton naturel, ouvert et voyageur, encore aujourd’hui et depuis toujours. Or hier ils avaient des différences. Ceux qui étaient venus pour lutter et changer les choses ne se garaient pas tous à quelques mètres de la place de la résistance, non, ils planquaient leurs voitures à l’écart. Excusez la bêtise des propriétaires de 4x4 qui ne se soucient pas de perdre leur moyen de transport car ils n’envisagent même pas que les choses puissent tourner mal. Ceux qui venait pour la lutte se fichaient de ce qui était dit, refusant en bloc les longs discours, les récupérations de toutes parts. Refusant même l’inattention des médias, rappelés à revenir vers les orateurs par l’association des transporteurs routiers lorsqu’ils se ruèrent vers les petites échauffourées du début d’après midi, rappelés à l’ordre, même, car ils semblent oublier l’important devant le mercantile. Les gens étaient venus pour poser un acte. Pour exprimer à voie haute et simplement que les bretons sont dans la merde. Ce que refusent encore d’exprimer ouvertement le reste des français.
Ils refusaient qu’on leur remue le couteau dans la plaie, en leur rappelant encore et encore leurs propres problèmes, en refusant tout long discours. Inconsciemment ils reconnaissent leurs ignorances de quelles solutions appliquer. Et par leurs refus de l’éco-taxe ne veulent-ils pas dire « Ok, vous avez encore essayé de taxer pour résoudre un problème que vous avez vous-même créé et imposé, ce n’est pas ce que l’on attend. » ? Cela a été répété plusieurs fois encore hier « cette taxe ne souffre d’aucune alternative » ! Tout (et en fait malheureusement pas tout car il y encore de grandes inégalités de service dans la région) est fait depuis toujours pour desservir par camion la région. Et après avoir encouragé et gonflé ce système depuis des décennies, on pense sauver le climat par une simple taxe. Arrêtons de faire l’autruche au sein du pouvoir. La planète n’a pas besoin de taxe pour être sauvée. Ce n’est pas en ralentissant l’économie que l’on verdit une politique sauf au prix de la valeur humaine du travail, c’est-à-dire au prix du sacrifice des travailleurs.
Le mouvement de révolte breton débute, et reste attentif à ceux qui l’écoutent. Ne faites pas s’il vous plait l’erreur de sous-estimer la rage du peuple.
Jean R. breton par choix.
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