Sans DSK à la tête du FMI, la crise grecque ne serait pas pire…
Dominique
Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international pour
500 000 dollars nets par an, s’était engagé initialement, selon ses
collaborateurs, à « modifier la philosophie du FMI pour y insuffler un
esprit plus keysianniste ».
Aujourd’hui,
force est de constater que le plan grec est dans la lignée des précédents plans internationaux du FMI. Et l’on aurait du mal à considérer qu’il vire à gauche, comme le rappelle James Galbraith, économiste à l’université du Texas : DSK a tenté un virage, « mais quand on regarde le contenu des conditions de prêts à la Grèce, cela reste finalement très orthodoxe »…

Une règle, non écrite, veut que sa direction revienne à un européen de l’Ouest et la présidence de la banque mondiale à un citoyen des Etats-Unis. Les statuts du FMI prévoient une minorité de blocage de 15% des voix et les Etats-Unis disposent à eux seuls de plus de 17% ! Cela interdit de fait tout changement démocratique dès l’instant où il n’est pas désiré par les Etats-Unis mais DSK et ses amis feignent d’ignorer cette réalité…
Un rôle de gendarme du monde qui continue aujourd’hui en Grèce
Le FMI a bien réussi dans son rôle consistant à obliger les pays en voie de développement à s’ouvrir à la mondialisation libérale. Il utilise pour cela le levier de la dette que ces pays ont contracté auprès des banques.
Cette dette, bien souvent le fait initial de dictateurs (Chili, Brésil, Argentine, Philippines, Zaïre…) avait notamment étranglé ces pays lorsque le président des Etats-Unis Donald Reagan décida d’une augmentation brutale des taux d’intérêt en 1979. Pour faire face au paiement des intérêts colossaux de leur dette, les pays en voie de développement ont été obligés de solliciter des prêts auprès de
Mais si le FMI a bien tenu son rôle de gendarme du monde, il a par contre totalement échoué dans l’évitement de toute crise financière.
En 1997, les seuls pays émergents qui avaient échappé à la crise financière du Sud-est asiatique étaient ceux qui avaient refusé les remèdes préconisés par le FMI.
En janvier 1998, à Davos, Jeffrey Sachs, professeur d’économie à Harvard avait dressé le tableau de la crise financière du Sud-est asiatique en 1997. Il avait démontré, preuves à l’appui, que la monnaie de chacun des pays touchés (Thaïlande, Philippines, Corée du Sud, Indonésie…) s’était écroulée non pas avant, mais après l’intervention du FMI. Les seuls pays émergents qui avaient échappé à la crise financière du Sud-est asiatique étaient ceux qui avaient refusé les remèdes préconisés par le FMI : la Chine et la Malaisie.
Deux ans plus tard, l’autre « meilleur élève » du FMI, l’Argentine connaissait une crise financière sans précédent.
En 2008, le FMI sous la houlette de DSK n’a pas vu venir le krach qui a frappé les places financières mondiales et les pouvoirs publics ont renfloué à coup de centaines de milliards d’euros les banques et systèmes financiers en pleine débandade. Rares sont ceux qui ont vu dans la crise des crédits hypothécaires subprimes aux États-Unis le talon d’Achille d’un système financier étroitement dépendant de produits financiers de plus en plus complexes.
Aujourd’hui, le plan de rigueur draconien concocté pour la Grèce met à genoux le peuple grec, préférant sauver le système qui risque de faire couler l’Europe plutôt que de le repenser en intégrant le peuple grec. Le plan du FMI et celui de l’Union Européenne favorisent la libéralisation du marché, la baisse des dépenses du secteur public, la baisse du pouvoir d’achat des millions de travailleurs.
Salaires gelés jusqu’en 2014. Primes du 13e et 14e mois (Noël et Pâques) supprimées pour les salaires supérieurs à 3.000 euros par mois et plafonnées à 1.000 euros pour les salaires inférieurs à 3.000 euros par mois, alors que ces primes avaient déjà été réduites de 30% dans le cadre des précédentes mesures annoncées en mars. Baisse des investissements publics de 1,5 milliard. Taux de TVA, passé en mars de 19 à 21, relevé à 23%. Révision de la législation interdisant aux sociétés de licencier plus de 2% de leurs effectifs totaux par mois. Mise en place d’un nouveau salaire minimum applicable aux jeunes et aux chômeurs de longue durée. Réduction du nombre de départs anticipés à la retraite, avec comme objectif d’interdire ces départs avant 60 ans. Libéralisation des marchés des transports et de l’énergie Cette liste n’étant évidemment pas exhaustive.
Les pays émergents ont tiré depuis un certain temps les leçons des politiques mises en œuvre par le FMI et font tout pour ne plus se retrouver à nouveau entre ses griffes. Ils profitent pour cela de la conjoncture économique. Les prix élevés des matières premières et de certains produits agricoles depuis 2004 leur ont ainsi permis de constituer d’importantes réserves de change : 3 000 milliards de dollars en 2007, le double de celles des pays industrialisés.
Comme le constate Eric Toussaint du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde : « Les signes de distance par rapport à la banque mondiale et au FMI se multiplient : l’Equateur a expulsé le représentant permanent de la banque mondiale à Quito fin avril 2007 et le Venezuela s’est retiré de
Plusieurs gouvernements ont ainsi choisi de rembourser, de manière anticipée, leurs dettes envers le FMI. Neuf pays d’Amérique latine ont même décidé de créer une « Banque du Sud » pour financer leur intégration régionale et leurs projets sociaux.
Cette méfiance de l’Amérique Latine et le dernier plan d’aide à la Grèce sont révélateurs d’un système malade.
Le déficit de la Grèce est bien sûr l’œuvre des grecs eux-mêmes, de leur tendance à corrompre l’économie, à utiliser massivement la fraude fiscale, à avoir le deuxième plus important budget militaire du monde (en % du PIB), à abuser du système et de la confiance des européens. Mais cette crise est largement aggravée par les marchés et
En France, si DSK confirme son départ à la course présidentielle en 2012, il faudra qu’il s’explique un peu mieux sur sa position, son idéologie et son action au sein du FMI.
Aujourd’hui, ce dernier se dit « admiratif de l’extrême rigueur choisie par le gouvernement Papandréou » (Le Monde du 4 mai 2010) dont il est en grande partie l’instigateur et n’a qu’une idée en tête : rassurer le marché et diminuer le déficit.
Hier, sous le gouvernement Jospin, il préconisait une baisse du taux supérieur de l’impôt sur le revenu au profit des très hauts revenus. Il défendait également une défiscalisation sans limite des stocks options et voulait accélérer la privatisation du service public.
Le PS aura du mal à apparaître crédible comme parti du changement si DSK est son candidat en 2012 d’autant plus, qu’outre le Directeur du FMI, un autre « socialiste »,
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