Sarkozy candidat : vu les ennuis de DSK toute une logique de précampagne à redéfinir
Avec l’aggravation de ses ennuis judiciaires pourrait venir, pour Dominique Strauss-Kahn, l’impossibilité de se présenter en 2012. L’hypothèse si elle force le PS à penser, déjà, à une solution de repli, ne manquera pas, également, de contrarier les partisans de Nicolas Sarkozy dans le combat électoral qui s’annonce. Car pour avoir fait de DSK la cible de nombre de ses attaques, le camp de la majorité se doit, également, de réagir.

Bien qu’il s’en défende ; par la voix de ses « lieutenants », bien sur ; Nicolas Sarkozy a fait de Dominique Strauss-Kahn son rival pour la présidentielle de l’année prochaine.
Un temps on accusait, avec une certaine prémonition, le directeur du FMI d’être bien trop jouisseur et épicurien pour représenter un candidat sérieux. Mais progressivement est venu le moment d’une consolidation d’une candidature DSK, telles que l’illustrent les manœuvres pré électorales initiées par l’actuel locataire de l’Elysée.
Imaginée avec appréhension, eu égard aux sondages, cette hypothèse d’un DSK candidat en 2012 est même, peu à peu, devenue le presque scénario idéal pour le camp Sarkozy. Le directeur du FMI présentant, selon lui, tellement d’angles d’attaque et de point faible, qu’il était la cible parfaite.
Ainsi si la candidature DSK venait à ne pas aboutir ; on pourrait, peut être, compter Sarkozy parmi les éventuels perdants de l’affaire. Car toute sa logique de pré campagne se retrouve, de fait, bousculée par les déboires judiciaires que rencontre le directeur du FMI.
Car beaucoup des arguments de campagne déjà utilisés pourraient finalement se retourner contre Nicolas Sarkozy.
Un argumentaire en quatre points
Et de fait le candidat Sarkozy entendait attaquer l’ancien ministre de l’économie sur quatre points :
Tout d’abord tacher de vanter, par la voix de ses lieutenants, les qualités de François Hollande. Juste histoire de semer la zizanie au PS, au moins jusqu’au dépôt final des candidatures à la primaire.
Tactique qui pourrait se retourner contre le camp Sarkozy si, par défection de Strauss-Kahn, François Hollande finissait par remporter la primaire du parti. Obligation sera alors faite, au camp de l’UMP, de justifier ou de faire oublier cet excès d’estime pour celui qu’ils devront battre.
Deuxième argument contre Strauss-Kahn, maintes fois utilisés celui la : la rumeur voulant qu’il serait le « candidat des riches ». Argument de pure tactique visant à faire oublier le fait que Sarkozy a pu, peut et pourra se présenter, également, comme tel. Là encore l’option de substitution François Hollande ; qui en 2006 déclarait « je n’aime pas les riches « , pourrait poser problème. L’argument se retournant également dans l’hypothèse d’une candidature Aubry, voire Royal.
Troisième argument contre Strauss-Kahn, celui de la double désertion. D’abord de France en devenant directeur du FMI, puis du FMI en cas de démission de ce dernier. Dans le premier cas on explique une supposée absence de compréhension de la France de la part d’un homme s’en étant éloignée. Dans le second cas on explique une supposée absence d’intérêt pour le prestige du pays, via sa représentation dans les grandes institutions mondiales, au cas où Strauss-Kahn laisserait son siège à quelqu’un d’autre.
Mais toujours est-il que ce double argument ne fonctionne qu’avec le seul Dominique Strauss-Kahn au PS.
Enfin ultime argument, celui de la duplicité idéologique. Et de fait Dominique Strauss-Kahn est toujours apparu comme le chantre d’une gauche très « au centre ». A tel point que l’accusation d’hypocrisie, d’un « cœur à gauche, mais le portefeuille à droite », de la part de ses adversaires à souvent été utilisée. Dernier exemple en la matière : l’épisode de la Porche Panamera dans laquelle on a vu le directeur du FMI grimper.
A cet argument s’est ajouté celui de la fortune de sa femme Anne Sinclair, héritière par sa mère du très grand marchand d’art Paul Rosenberg. Le plus symptomatique dans cet argument est l’illustration qu’on en donne du coté des adversaires de DSK. Car loin de n’être fondé que sur un simple refus des idées que le directeur du FMI peut défendre, l’argument s’étaye, bien souvent, par des faits qui touchent à la vie privée ou au mode de vie de l’ancien ministre de l’économie.
Et là encore il n’y a que lui au PS à cumuler les deux caractéristiques. D’autres candidats sont accusables du même positionnement idéologique que lui,… mais sans les signes ostentatoires.
Les arguments tactiques et pratiques
Mais il y a, pour les partisans du président de la République, un intérêt derrière tout cela. Car si le camp Sarkozy a toujours pris soin de relever ce hiatus chez Dominique Strauss-Kahn c’était à dessein. Il s’agissait de lui coller, à lui le candidat de gauche, l’étiquette du Bling bling, et ainsi permettre à Sarkozy de s’en débarrasser.
Notons pour finir un autre très grand avantage à DSK pour le camp du président :
le fait, avec DSK, de pouvoir en rester à des arguments de pure forme quant à ce qu’est son train de vie, ce qu’est son éloignement, ou encore ce qu’est la fortune de sa femme. Les fonctions de DSK, l’obligeant à un devoir de réserve, permettant, aussi d’expliquer cela. Mais toujours est-il qu’avec lui on peut rester le plus éloigné possible du débat d’idées. Là encore personne d’autre à gauche ne peut y prétendre.
Mais si le candidat Strauss-Kahn semblait le plus souhaitable pour l’actuel locataire de l’Elysée c’était aussi sur un autre versant : le versant purement pratique que la politique revêt immanquablement. Car DSK absent c’était un adversaire dans l’impossibilité de « labourer la France », comme l’exige toute logique de pré-campagne. Libre alors pour Nicolas Sarkozy de le faire sans répondant ni concurrence. Et ce d’autant plus efficacement qu’il emprunte, bien souvent, les formes de ses prérogatives actuelles pour, « secrètement », le faire.
C’est encore un avantage qui s’échapperait si DSK venait à ne pas pouvoir se présenter.
Les ennuis de Dominique Strauss-Kahn, s’ils venaient à s’aggraver, obligeraient, ainsi ses adversaires à changer de tactique. Car même si ces ennuis ne privaient pas DSK de se présenter, comment faudra-t-il parler de certains de ses défauts sans tomber dans l’image de l’adversaire petit bras se contentant de remuer la vase des récents déboires de l’actuel directeur du FMI ?
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