Sarkozy face à la crise : puissance de la communication, impuissance de l’action
Rappelons la chronologie des déclarations de Sarkozy à propos de la crise :
Dès son élection, l’ambition économique de Sarkozy est de « créer un choc de croissance » grâce à deux mesures, le bouclier fiscal et la libéralisation des heures supplémentaires, ainsi qu’un contexte économique porteur. Il n’en a rien été : plus de 20 milliards ont été dépensé en pure perte. Les créations d’emploi ont été inférieures, sur la période, aux économies anglaise et allemande.
Que peut aujourd’hui le président ? Comment Sarkozy a-t-il réagi face à la crise ? L’agitation de notre président est-elle utile ? A quoi servent les plans de relance ?
La crise réussit mal à Sarkozy. Pourquoi ? Parce que Sarkozy a réintroduit en politique l’activisme et le volontarisme au point d’en faire son unique stratégie politique, ringardisant ses adversaires, tant à gauche qu’à droite. Une crise économique pose toujours aux politiques le problème suivant : la politique ne peut rien, mais elle ne peut pas l’avouer. Afficher son impuissance est politiquement suicidaire. Sarkozy fait en partie le deuil de son programme.
Sarkozy et l’opposition
Pourquoi agir ? Là aussi, Sarkozy a été fidèle à son populisme. Craignant de se mettre à dos les couches populaires qui l’ont élu (plus d’1 ouvrier sur 2 a voté pour Sarkozy en 2007), Sarkozy n’a pas voulu laisser la main au PS et à l’extrême gauche (le NPA de Besancenot notamment) ou même au Modem, Sarkozy a adopté un discours très à gauche, fondé sur la critique du capitalisme, de la spéculation et des super-profits. Discours dont le bouc-émissaire Daniel Bouton (à l’époque PDG de la Société Générale) a fait les frais. En 2007, Sarkozy courait après le FN, aujourd’hui il a voulu récupérer l’électorat de la gauche : les grands écarts idéologiques ne lui font jamais peur ...
Sarkozy et les classes populaires
Sarkozy s’est fait élire sur un programme (élaboré par Fillon) clairement libéral. Pourtant, la crise l’oblige à réorienter sa politique vers ceux les plus touchés par la crise. Une prime de 200 € versées aux ménages pauvres ou l’allongement des prestations chômages en témoignent. L’orthodoxie économique (pas d’inflation, dérégulation du marché du travail, non-interventionnisme) a été partiellement jetée aux orties depuis mi-2008. Sarkozy a compris que l’image d’un gouvernement sauvant les banques et abandonnant les classes populaires empêcherait sa réélection en 2012. Un zeste de social est impératif.
Sarkozy et les Européens
En vain. Chaque pays y a été de son "micro-plan de relance", les uns baissant la TVA (Angleterre), les autres continuant à déréguler (Allemagne). Résultat : une cacophonie européenne.
En fait, il semble que les Européens ont réinjecté de l’argent public (faisant au passage exploser les critères de Maastricht) pour contenter leur opinion publique. Sur le fond, ils attendent que la relance des économies viennent des Etats-Unis et de la Chine. Ceci confirme le statut de puissance mineure de l’Europe. Le G20 s’est d’ailleurs distingué comme une démonstration de force des Etats-Unis (Obama en tête) et de la Chine (le président Hu Jintao), ce dernier étant en position de décisionnaire sur tous les sujets sensibles.
Le primat de l’économie sur la politique
Plus que tout autre, Sarkozy incarne cet démission du politique face à l’économie. Il réhabilite non pas l’action politique, mais une forme très habile de communication politique. Il promet en sachant très bien qu’il ne fera pas car cela ne correspond pas à son idéologie économique. En témoigne la question des salaires des patrons des grandes entreprises, sujet très sensible sur lequel le gouvernement a renoncé à légiférer, laissant le MEDEF faire lui-même la police...
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