Sarkozy : l’hypothèse 2017
Le même jour - le hasard faisant bien les choses - Le Point titre en Une "Le Président Fillon", avec à l’appui un sondage désignant Fillon comme le meilleur candidat pour la droite, loin devant tous les autres, et n’étant devancé sur l’ensemble du paysage politique français que par Dominique Strauss-Kahn, dont le silence américain est décidément fertile.
Joignons notre cliquetis de clavier à ce joyeux brouhaha : et si finalement Nicolas Sarkozy décidait de faire l’impasse sur 2012... pour réussir 2017 ? Réfléchissons ensemble : la crise économique ne sera pas définitivement résorbée d’ici 2012 ; la menace Villepin n’est pas évitée, et risque fort de coûter au bas mot 8 à 12 % de voix au premier tour des élections présidentielles ; dans le même temps, Dominique Strauss-Kahn surfe tranquillement sur une vague de popularité dont le peuple français réserve la singularité à tous ceux qui s’éloignent de lui. Autant de signes avant-coureurs d’une réélection très difficile. A cela ajoutons que Sarkozy a toujours avoué garder d’autres projets pour son avenir, et que s’il est certain qu’il n’est jamais aussi bon que le dos au mur, il affectionne encore plus les situations qui prennent l’ensemble des observateurs politiques et médiatiques à contre-pied.
Parallèlement, nous avons un François Fillon dont le profil psychologique symétrique à celui du chef de l’Etat lui confère une crédibilité supplémentaire aux yeux de ceux qui abhorrent le locataire de l’Elysée. Fillon n’a de plus rien à perdre à se présenter à sa succession, lui qui ne pourrait jamais s’imposer contre Sarkozy. Une fois de plus, la symbiose politique entre les deux hommes pourrait donc s’avérer source de bénéfices réciproques : Sarkozy hypothèquerait son mandat contre un éventuel autre postérieur, qui adviendrait dans des circonstances plus favorables, et François Fillon accèderait (dans le meilleur des cas pour lui) à un poste qu’il n’aurait jamais osé briguer, et auquel il ne rechignerait pas à faire le "sale boulot" - résorber séguinistement le déficit.
Cette hypothèse, si elle se concrétisait, serait une catastrophe pour nombre de candidats habitués à se positionner sur le terrain exclusif (ou presque) de l’anti-sarkozysme. Parmi ceux-là, et avant tous les autres, François Bayrou et Dominique de Villepin. Ce dernier parachève sa stratégie présidentielle en se chiraquisant au Salon de l’Agriculture, où il a su faire bonne impression auprès d’agriculteurs conquis. Or certes, il est plus que nécessaire pour Villepin de descendre de la tour d’ivoire politico-littéraire que lui ont sculptée les médias au cours des deux dernières décennies ; mais il serait malaisé pour lui d’oublier que si Jacques Chirac est si populaire en ce moment auprès des français, c’est aussi parce qu’ils lui reconnaissent d’exceller dans son activité actuelle : ne rien faire.
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