Sarkozy - Le Pen : “Ensemble tout devient possible”
Les signes se multiplient tous les jours.
• Le coup de pouce pour les parrainages qui manquaient à Le Pen. • La reprise de l’idée frontiste d’un “ministère de l’immigration et de l’identité nationale”, • La ballon d’essai de Brice Hortefeux sur la proportionnelle pour répondre aux voeux du Front national. « C’est un ballon d’essai (...) J’avance, je vois si on me tombe dessus et après on ajuste », dans Le Monde, jeudi 12 avril, • L’abandon du projet de droit de vote aux immigrés dans les élections locales évoqué en 2004 par Sarkozy, • La reprise du discours lepeniste sur les apports indiscutables de la colonisation.
Après avoir perdu “son pire ennemi” en la personne d’un Chirac pourtant finissant et sans pouvoir, Le Pen multiplie les gages de bonne volonté, face au successeur montant.
Dans Le Monde du 5 avril : "Nous n’avons pas d’a priori, ni contre lui ni contre personne", avait expliqué Le Pen. Dans le Figaro de 12 avril : Le Pen poursuit : "Si Sarkozy dit qu’il est d’accord pour un rapprochement, pourquoi pas ? Cela dépendra de l’intérêt de notre pays et de l’intérêt de notre mouvement". Pour être plus explicite et annoncer “l’ère nouvelle” : "Je n’ai pas de contentieux personnel avec Sarkozy, comme j’en avais avec Chirac"
Sarkozy semble prêt à gagner à tout prix mais ne détaille pas son projet. Il sait que les Français n’en veulent pas. Avant tout rester à des idées générales sur la France. Un discours insistant dans ses clips comme si d’autres ne portaient pas aussi une adhésion à la France, à ses messages, comme si Hugo, Zola, Dreyfus, Jaurès, Blum, Mendes-France, Picasso, Aragon, Vilar n’étaient pas portés bien haut dans tant de villes de France autrement mieux qu’à Neuilly. Plutôt que d’affirmer ce que les Français pourraient vivre dans leur travail, leur logement, leur école, il préfère s’en prendre à ceux (quel candidat ?) pour qui l’histoire de France se résumerait en quelques pages honteuses ? Cette façon de ... botter en touche éloigne des enjeux, du programme et du concret et permet de mystifier les Français. Tout comme ses attaques contre Royal et Bayrou accusés de soutenir resquilleurs et émeutiers.
Sarkozy évacue le débat de fond vers des alternatives absurdes, tout comme le Front national. Il le fait d’une façon beaucoup plus réactive, en phase avec l’actualité. D’un côté les voyous, de l’autre côté le responsable de l’ordre public, choisissez votre camp. D’un côté ceux qui cassent, de l’autre ceux qui se lèvent tôt le matin pour travailler, choisissez votre camp. D’un côté ceux qui dénigrent la France, de l’autre côté ceux qui l’aiment comme lui, choisissez votre camp. Le moindre fait divers est instrumentalisé pour obliger chacun à se ranger au côté du shérif alors même que sa politique brutale aggrave les problèmes et les tensions sociales, antagonise les groupes sociaux et en particulier la jeunesse.
Sarkozy l’ami de l’environnement avec un grand E mais ne reprenant aucune des propositions du pacte écologique de Nicolas Hulot ? Sarkozy le maurassien qui aurait rencontré Jaurès et Blum trois fois par jour ces dernières semaines, silencieux sur le cumul des mandats, la concentration dans les médias et la démocratisation des institutions ?
Que dit-il sur le chômage ? Et pour ceux qui ne pourront gagner plus par des heures supplémentaires qu’ils ne décident pas ? Et pour ceux qui sont poussés hors de leur emploi ?
Et ce contrat unique annoncé pour “diminuer la précarité des plus précaires”, alors qu’il augmenterait en fait celle de tous les salariés.
Il nous dit un inquiétant “Ensemble tout devient possible” et que sa politique sera sans compromis.
Gagner par l’intimidation
La politique que veut le nouveau leader de cette équipe sortante de droite n’est pas présentée pour ce qu’elle est vraiment, elle refuse d’assumer le bilan des cinq années de ce gouvernement.
Il pourrait gagner par la peur, la mystification du discours, l’intimidation des citoyens (“des veaux ?”), des journalistes et des opposants. Il s’inspire en fait des méthodes des néoconservateurs états-uniens, de George Bush et du populisme à la Berlusconi dont l’allié Gianfranco Fini, chef du deuxième parti de droite, Alleanza Nazionale (AN) ex MSI néofasciste préface avec enthousiasme les ouvrages traduits en italien de Nicolas Sarkozy.
Autre point symbole de cette façon de faire de la politique est la façon dont celui-ci a suspendu les poursuites contre l’église de scientologie et mis à l’écart des policiers compétents.
Scénario fiction : La convergence UMP-FN en moins de cinq ans
Pour ceux qui en doutent, voici la suite logique d’une éventuelle élection de Sarkozy facilitée par une alliance non avouée avec le Front national. Ce marchandage a un prix qui sera dévoilé progressivement.
Législatives en juin : Le FN retire ses candidats au 2d tour face à l’UMP qui augmente son score de 2002 et contrôle sans partage toutes les assemblées, conseils d’Etat, Conseil constitutionnel, CSA, médias ...
Ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale attribué à Patrick Devedjan (fondateur d’Occident en 1972).
Octobre 2007 : Le Front national change de nom, il devient le Parti républicain national. Le Pen président et Marine Le Pen secrétaire générale.
Après la création d’un nouveau CPE, la réforme du contrat unique, la mise en place de la franchise médicale, le gouvernement Sarkozy-Fillon bat tous les records d’impopularité 2009.
Elections régionales et départementales : Accords tactiques avec le FN PRN.
Nouveau gouvernement : Premier ministre Brice Hortefeux
Secrétaire d’état à l’ordre public : Marine Le Pen
Alain Juppé critique le gouvernement et menace de scissionner l’UMP.
L’Europe sanctionne la France pour son déficit public de 4,2% après les baisses d’impôts directs (comme quand Sarkozy éait à Bercy en 2004 mais moins qu’en 1994 et 1995 à 5,5% record historique quand il était secrétaire au budget).
Le chômage augmente et la majorité des emplois créés concernent comme depuis 2002 des emplois de moins de 30 heures par semaine. Ils sont loin les heures supplémentaires et les incitations à travailler plus et à s’enrichir.
La France que nous aimons mérite mieux que ces affrontements programmés par une droite radicalisée.
Et vous avez bien lu le scénario qui est en train de s’écrire : Marine Le Pen rejoint le gouvernement UMP-FN avant la fin d’un mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy.
Ce scénario est-il aussi le vôtre ?
Vers une société de mise en scène de la peur ?
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