Poursuivons l’examen des 15 engagements pris par Sarkozy lors de sa campagne de 2007. Engagements publiés dans un document devenu célèbre au fil des mois, car négatif tout au long de son exécution : "Mon projet, Ensemble tout devient possible !".
Quatre ans pile-poil aujourd'hui. Triste anniversaire pour la France et tous les concitoyens du chef d'équipe, Nicolas Sarkozy.
Promesses déjà examinées : N°1 : "Mettre fin à l’impuissance publique", note obtenue : 3,75 / 20 (
voir ici) ; N°2 : "Une démocratie irréprochable", note obtenue : 3,25 / 20 (
voir ici) ; N°3 : "Vaincre le chômage", note obtenue : 6 / 20 (
voir ici) ; N°4 : "Réhabiliter le travail", note obtenue : 0 / 20 (
voir ici) ; N°5 "Augmenter le pouvoir d'achat", note obtenue : 0 / 20 (
voir ici) ; N°6 "L’Europe doit protéger dans la mondialisation", note obtenue : 4,75 / 20 (
voir ici).
Moyenne des 6 promesses : 2,95 / 20
Aujourd'hui, la promesse N° 7 : "Répondre à l’urgence du développement durable" (p. 10 de son programme), in extenso :
"Le développement durable doit devenir une dimension essentielle de toute l’action publique. Ce n’est pas un choix, c’est une urgence, une nécessité. Mais ce que nous pouvons choisir, c’est d’en faire une chance pour la croissance et nos emplois.
Je créerai un grand ministère du Développement durable, pour que l’environnement ait les moyens de ses ambitions.
Notre politique énergétique conciliera l’indépendance et le développement durable.
Nous augmenterons la part des énergies renouvelables, isolerons les bâtiments anciens, mais nous renouvellerons aussi le parc nucléaire.
Grâce à la clairvoyance de nos prédécesseurs, nous avons la chance de maîtriser cette énergie déterminante pour le futur car elle ne perturbe pas le climat et garantit en partie notre autonomie énergétique. Ceux qui vous disent qu’ils vont renoncer au nucléaire vous font, au mieux, de fausses promesses, au pire mettent gravement en danger notre indépendance.
Je souhaite que la responsabilité de ceux qui polluent puisse être mise en cause de manière illimitée.
Je créerai une fiscalité écologique pour inciter les Français à adopter des comportements vertueux, notamment une TVA à taux réduit sur les produits propres. Nous investirons dans la recherche sur les technologies propres. Nous développerons les transports en commun et les transports alternatifs à la route, tout en aidant les transporteurs routiers à acquérir des véhicules propres.
Enfin, nous devons agir au niveau international pour que les grands pays s’engagent dans la réduction des gaz à effet de serre et la protection de la biodiversité.
Une organisation mondiale de l’environnement doit voir le jour et je proposerai que les produits venant de pays qui ne respectent aucun engagement en matière écologique soient pénalisés".
Notre jugement ?
1° L'inventaire des réalisations de Sarkozy à propos du Développement durable. Ci-dessous en gras, ses résultats, engagement par engagement.
Création d'un grand ministère ? OK ! Bravo !
Une chance pour la croissance et les emplois ? Une grande occasion manquée ! Le "grenelle déjà en action", publié par le ministère (
ici) vante la création du label BBC, du DPE, de l'affichage des consommations… liste toutes les mesurettes, mais rien sur sa participation à la croissance économique de ces 4 dernières années et rien non plus sur les emplois créés. Tout au plus a-t-on appris récemment que le développement durable en France créait des emplois dans les usines chinoises, en pointe sur le photovoltaïque. Idem pour les éoliennes dont les principaux producteurs sont : le Danemark, l'Allemagne, l'Amérique, l'Espagne et l'Inde. Autant d'emplois que nous créons chez eux chaque fois qu'on implante une éolienne.
Finalement, le développement durable serait donc une malchance pour notre pays ? Un comble !
La part des énergies renouvelables, isolation des bâtiments, renouvellement du nucléaire ? Rien ou presque ! Le ministère mentionne uniquement les chiffres avant 2005 (
ici). Pour ceux de 2008 à 2010, il a apparemment peur du ridicule.
Que la responsabilité de ceux qui polluent… puisse être mise en cause de manière illimitée ? Rien !
Fiscalité écologique et taxe carbone ? Rien ! Même abandonnée, sous prétexte que les autres pays ne la faisaient pas ou devaient la faire dès juillet 2010. Nous n'étions donc pas seuls au monde (
ici) !
Les investissements dans la recherche sur les technologies propres ? Quasiment rien ? Pourtant tout le monde sait que l'investissement d'aujourd'hui crée les emplois et la croissance de demain… Comment ne pas avoir su saisir un tel relais de croissance ? Tous les pays l'attendaient depuis au moins une décennie. Il se présente à nous, on ne le saisit pas et notre manager pleure en disant que c'est la faute de la crise si la croissance française est mauvaise. Un comble, un tel niveau d'incompétence. Pourquoi avoir sacrifié cela sur l'autel de la rigueur ? Pire, après on s'étonne de la montée des extrêmes dont celle de Marine Le Pen… qui promet de donner du travail aux ouvriers grâce aux investissements et aussi au renvoi des immigrés chez eux ?
Quant à la taxation des produits non écologiques ? Rien, bien sûr ! Quelle idiotie !
2° Le diagnostic ?
Bien triste inventaire ! Encore une fois presque 100 % des engagements non réalisés. Tout semble être résumé dans la phrase prononcée par Sarkozy lui-même : "
L'environnement ça commence à bien faire !" (
Ici)
Portant tout avait bien commencé. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il avait signé devant les caméras − sa marotte − le mémo de Nicolas Hulot. Alors, prisonnier de sa signature, il ne pouvait pas faire moins que de créer le ministère promis afin de ne pas passer pour un "moins que rien" dès les premiers jours de son mandat. Puis le naturel est revenu au galop comme souvent chez Nicolas Sarkozy. Il dit une chose un jour, généralement une nouvelle promesse, et la dément quelque jours après, sans sourciller.
Malgré nos critiques méritées, nous lui attribuerons la note de 6.5 / 20. Pourquoi une aussi bonne note ?
Parce que Sarkozy a tellement été ridicule sur ce sujet après avoir créé un grand et beau ministère, que la nouvelle présidence de 2012 ne pourra pas faire autrement que de construire dessus et de reprendre quasiment en totalité la 7ème promesse du manager déchu.
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Ainsi, au terme de cette brève revue… nous ne pouvons que confirmer le manque le charisme et l'absence de volonté à tenir un quelconque engagement de la part de Nicolas Sarkozy. Il ne mérite absolument pas la confiance que certains lui ont trop vite accordée le 6 mai 2007.
Pourtant, aujourd'hui encore, il parcourt le territoire de ville en ville en disant : "Je ne suis pas homme à ne pas tenir ce que je promets…".
A l'évidence il prend ses électeurs pour de bien tristes demeurés… Tout comme d'ailleurs sa grande rivale du FN qui promet la suppression du chômage, le retour au franc, la fermeture des frontières, etc., pour que la France redevienne la France. Une France nationaliste et ultralibérale bien sûr. Beaucoup de points communs entre les deux politiciens. Elle et Sarkozy. Beaucoup, dont celui d'avoir la même formation. Celle d'avocat ! Mais, sans la moindre once de connaissance économique et monétaire. Rappelons que Sarkozy lui aussi, en 2007, menaçait de quitter l'euro !
Méditons ! Méditons, ce que disait le célèbre sociologue allemand Max Weber (1864-1920), quand il parlait de l'avocat exerçant le métier de la politique : "l'avocat surpasse tout. Sans nul doute il peut faire triompher et donc 'gagner' techniquement une cause dont les arguments n'ont qu'une faible base logique et qui est, par conséquent, logiquement 'mauvaise'. [...] le démagogue a été le type de chef politique en Occident." (Le savant et le politique, p. 156 à 158, éd. 10/18).
Alors, suffira-t-il pour le second tour de 2012, d'éloigner toute personne ayant été avocate… pour avoir une chance que notre l'élu(e) tienne au moins 20 à 30 % de ses promesses ?
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Notre mission de juger les promesses faites par un politique est raisonnable et essentielle. C’est a priori comme cela qu’une démocratie moderne et participative doit fonctionner. Nous le ferons désormais pour chaque quinquennat.
Promesses de Sarkozy encore à vérifier :
8. Permettre à tous les Français d’être propriétaires de leur logement ;
9. Transmettre les repères de l’autorité, du respect et du mérite ;
10. Une école qui garantit la réussite de tous les élèves ;
11. Mettre l’enseignement supérieur et la recherche au niveau des meilleurs mondiaux ;
12. Sortir les quartiers difficiles de l’engrenage de la violence et de la relégation ;
13. Maîtriser l’immigration ;
14. De grandes politiques de solidarité, fraternelles et responsables ;
15. Fiers d’être français.
A suivre : examen de la promesse N°8, vers le 15 juin 2011. Si vous le voulez bien et…si on nous en laisse la liberté.