Sarközy... popette !

Ça y est, il a parlé, et on découvre avec une certaine perplexité le fameux plan « B » de celui qui n’est pas encore candidat, mais qui à moins de 3 mois de la fin de son mandat, tente en dernier recours, la stratégie du choc, décryptée par Naomi Klein.
Est-ce le nouveau coup de bluff d’un président/candidat ? Mais celui qui a pris la parole dans bien à l’abri dans les salons dorés de l’Elysée, devant un journaliste play boy, et une journaliste bcbg, était parfait dans le rôle de « nico l’embrouille ».
Etait-ce le besoin de remobiliser ses troupes en débandade, déjà prêtes à se trouver un nouveau poulain, puisque des mauvaises langues évoquaient sa possible défection ?
En effet, selon un sondage BVA, 48% des sympathisants de droite et du centre souhaiteraient que Juppé se présente à la place de Sarközy. lien
Sauf qu’il n’est pas sur qu’un homme ayant été condamné par la justice puisse occuper un jour la plus haute place de l’Etat. lien
Quant à Jean François Copé, il préfère se réserver pour 2017, car pour 2012, il n’a toujours pas le vent en poupe, puisque seulement 0,68% de sondés seraient prêts à le choisir. lien
Il reste bien sur le « souriant » premier ministre François Fillon, mais au vu des sondages, il ne semble pas porter beaucoup d’espoir. lien
Mais revenons au discours du Président, et éventuel candidat de l’UMP.
Avant toute chose, il n’était pas inutile d’étudier attentivement la posture de l’interviewé : mains jointes, doigts écartés deux à deux, sont le signe, d’après Joseph Messinger, expert en gestuelle, d’un tempérament plus intégriste que tolérant, difficile à vivre, toujours persuadé que vous avez tort, avant même de savoir de quoi il retourne. (Dixit « ces gestes qui vous trahissent »/first éditions). lien
Paupières tombantes, tel un petit « Stallone de banlieue », sortant d’un ring improbable, ayant pris quelques coups douloureux, narines frémissantes, et effets de manche calculés, devant quelques journalistes triés sur le volet pour servir une éventuelle soupe, le numéro de claquettes verbales manquait d’une évidente sincérité, mais l’autocrate président a « sorti le lapin du chapeau ».
Oublions le lapsus peut-être révélateur, lorsque l’élu de 2007, a proposé, au détour d’une phrase « déposer sans compter », au lieu de « dépenser sans compter », et oublions un français parfois approximatif, (qu’est-ce qu’il s’agit là-dedans) il a voulu se donner l’image d’un président « jusqu’au bout », conscient de son impopularité, mais décidé à prendre de nouvelles décisions, quelles que soient les réactions suscitées.
Ces nouvelles décisions, proposées dans l’urgence, justifiées pour tenter d’empêcher le naufrage d’un candidat qui s’enfonce dans les sondages, aux dépens peut-être du naufrage du pays, seront-elles du gout de tout le monde ?
A la lumière d’une étude récente, pour 29% des français, c’est François Hollande qui propose les solutions les plus efficaces pour lutter contre le chômage, contre seulement 15% pour Sarközy. lien
En annonçant de nouvelles mesures volontairement antisociales, et impopulaires, que cherche au fond le presque candidat à la présidence 2012 ?
Pour le découvrir, faisons le tour rapide des propositions de ce dimanche 29 janvier 2012.
D’abord que celui qui se refusait à augmenter impôts et taxes a fait, des le début de son mandat, exactement le contraire, et comme si cela n’était pas suffisant, il veut mettre en place la TVA sociale : 1,6%, qui rajouté aux augmentations récentes vont la porter à 21%.
Plus grave, il semble avoir la mémoire défaillante, puisqu’il s’est insurgé lorsqu’un journaliste lui a affirmé qu’il avait déjà parlé de TVA sociale en 2007 : « si la TVA sociale contribue à freiner les délocalisations, si elle est bonne pour l’emploi, si elle est bonne pour la croissance, si elle ne pénalise pas le pouvoir d’achat, alors nous ferons la TVA sociale ». C’était dans le discours de Nicolas Sarközi du 20 juin 2007. lien
Voila qui va vider un peu plus les porte monnaies des Français déjà fragilisés, et ce sont surtout les plus pauvres qui vont la « sentir passer ».
Quant à ceux qui peuvent rester consommateurs, ils vont à l’évidence consommer moins, ou se débrouiller pour dépenser autrement, radicalisant la perte du pouvoir d’achat.
Ne parlons pas de la mesure qui concerne la possible extension d’une habitation, dans la mesure de 30%, ce qui est déjà la situation actuelle, étant à disposition de chaque commune. lien
La suppression éventuelle de la 5ème semaine de congés payés, héritage mitterrandien, est un clin d’œil supplémentaire aux partisans présidentiels, qui ont besoin de se remobiliser, même cette mesure va fatalement aggraver le chômage en affaiblissant la possibilité de travail intérimaire.
Puis en supprimant définitivement les 35 heures et donc les RTT qui vont avec, en négociant directement avec les entreprises, écartant du débat les syndicats, transigeant ainsi avec la règle républicaine, veut-il renforcer la colère du peuple, espérant peut-être une multiplication de manifs, et autres grèves, pouvant dégénérer en éventuelles émeutes, donnant l’occasion rêvée aux brigades d’intervention spécialisées dans la guerre en banlieue, d’intervenir enfin ?
La suite est facile à deviner.
Etat d’urgence possible, couvre feu, et une fois les émeutes matées dans le sang et les larmes, l’autocrate président, retrouve son joli fauteuil.
Mais les français seront-ils dupes, au point de tomber dans le piège tendu ?
En attendant le bilan est là, dur et incontournable : 1 salarié sur 2 gagne moins de 1500 € par mois, l’écart entre le salaire des femmes et des hommes est encore de 25%, plus de 8 millions de français vivent sous le seuil de pauvreté, en 2011 les salaires ont eu la plus faible progression durant ces 10 dernières années, et pour la première fois depuis 1945, la masse des salaires versés en 2009 dans le privé a été inférieure à celle de 2008, alors que la rémunération des dirigeants du CAC 40 a augmenté de 34% depuis l’élection de l’autocrate présidentiel. lien
Pour terminer sur le mode de l’humour, il faut prendre quelques minutes pour découvrir le travail amusant, teinté d’une ironie mordante, réalisé par « Libération », mettant en parallèle le discours du postulant de l’UMP en 2007, et celui fait le 22 janvier dernier, par François Hollande. lien
Les mesures prises à 80 jours de l’échéance électorale, feront-elles effacer 5 ans d’échec, et les français supporteront-ils sans réagir, ces nouvelles restrictions ?
Comme dit mon vieil ami africain : « quand la pilule est difficile à avaler, il faut choisir le suppositoire ».
L’image illustrant l’article provient de « hachiko-sos.skyrock.com »,
Merci à Corinne Py et à Lisa pour leur précieuse collaboration
Olivier Cabanel
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